"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma  Ed Universlam


CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

vendredi, décembre 02, 2005

Le Vatican vient de réunir Juifs et Catholiques pour célébrer les 40 ans de la déclaration de Vatican II, initiée, après de longues négociations en coulisses entre personnalités des deux bords, par le Pape Jean XXIII. Elle mettait fin à près de 2 000 ans d'hostilité envers les Juifs. La notion de juif, "peuple déicide" devait disparaître du langage de l'Eglise. NOSTRA AETATE faisait rentrer les relations entre les frères ennemis d'hier dans l'ère du dialogue et de la compréhension mutuelle.
Jean-Paul II dans le prolongement de son illustre prédécesseur, a donné encore davantage d'implusions à ce dialogue, en constante évolution. De ce dialogue entre Juifs et Chrétiens, il en a fait l'un des principaux objectifs de sa mission pontificale. La visite à la Synagogue de Cologne, en Allemagne, par le Pape Benoit XVI, lors des journées mondiales de la Jeunesse, cet été, montre la volonté de l'Eglise Catholique de poursuivre le chemin tracé par le document historique publié à l'issue du Concile de Vatican II .
Cette commémoration qui confirme la bonne santé des relations entre Juifs et Chrétions ouvrent selon certains hauts responsables de l'Eglise de nouvelles perspectives, de nouveaux champs d'actions et de réflexions comme le rappelle le Cardinal Lustiger, ancien Archevèque de Paris, dans un article d'une grande clareté, porté par l'espérance, paru dans le numéro du quotidien LE MONDE daté du 28 octobre 2005, intitulé : "L'OEUVRE ASSIGNEE AUX JUIFS ET AUX CHRETIENS". Nous y reviendrons.


Bernard Koch







CHRONIC
de Maurice-Ruben Hayoun*


NOSTRA ÆTATE… quarante ans après.








Quarante ans ! La Déclaration Nostra Ætate, publiée le 28 octobre 1965, ne peut passer inaperçue dans tous les milieux concernés par le dialogue interreligieux. Après de très modestes débuts, cette Déclaration a radicalement changé les mentalités. Comment est-elle née ?Le 5 juin 1960, le pape Jean XXIII crée un secrétariat pour promouvoir l'unité des églises chrétiennes et nomme le cardinal Augustin Béa à sa tête. Quelques mois après l'installation de cette commission, le pape en élargit la saisine et lui demande de se pencher sur les relations de l'Eglise avec les autres religions. Le dialogue interrreligieux recevait enfin ses lettres de créances. Lorsqu'on considère le texte même de la Déclaration, on se rend compte que sur les quarante et une phrases, réparties en cinq paragraphes, le judaïsme en revendique dix-sept, près de la moitié ! Comment en sommes nous arrivés là ? A la mi juin 1960, le pape Jean XXIII accorde une audience au vieil érudit judéo-français Jules Isaac, alors âgé de 81 ans. Celui-ci attire l'attention de son illustre interlocuteur sur la présentation caricaturale des juifs dans l'Eglise et dans ce qui est censé être un «Evangile d'amour». Isaac remet au pape un long mémorandum que ce dernier confie, pour étude, au cardinal Béa en le priant de rencontrer le célèbre promoteur des amitiés judéo-chrétiennes. C'est au terme de cinq années d'un sérieux travail que la commission soumet sa Déclaration au pape Paul VI qui l'adopte.Que de chemin parcouru en quarante ans ! Thomas Stransky, l'un membres fondateurs de la commission, dira plus tard que «ce grain de moutarde a donné naissance à la forêt du dialogue interreligieux.» On ne compte plus les encycliques et autres bulles publiées par un Saint Siège qui tourne définitivement le dos à ce que certains appelaient jadis, un peu sévèrement, «l'autisme de l'Eglise». En effet, que ce soit au Vatican, à Paris, à Munich ou ailleurs, l'Eglise publie des documents importants, comparables à la Déclaration de repentance de l'Episcopat français. Il convient donc de se pencher sur le contenu de cette Déclaration Nostra Ætate, d'en mesurer l'impact et d'en évaluer l'actualité aujourd'hui.Par cette Déclaration l'Eglise entendait redéfinir ses relations avec le reste du monde, c'est-à-dire les autres confessions chrétiennes mais aussi les deux autres grandes religions monothéistes, le judaïsme et l'islam. Pour motiver ce recentrage, la Déclaration souligne la multiplication des relations pacifiques entre les hommes, sorte de mondialisation avant la lettre, qui nécessite un «examen plus attentif des relations de l'Eglise avec les autres religions.» On assiste donc à un rejet implicite de cet apocryphe qui a la vie dure, extra ecclesiam… hors de l'Eglise point de salut. L'Eglise aura donc désormais pour mission de «promouvoir l'unité et la charité entre les hommes.» Au fondement même de l'humanité croyante et pensante gisent des principes tels l'unité primordiale de la famille humaine : selon le livre de la Genèse, Dieu n'a créé qu'un seul homme, Adam, d'où nous dérivons tous. De son côté, l'humanité croyante aspire, elle aussi, à un même idéal, répondre aux interrogations de l'énigme humaine : qu'est-ce que l'homme ? Quel sens donner à sa vie? Qu'est-ce que le bien ? Pourquoi tant de souffrances sur terre ? Qu'y a-t-il après la mort ? Et enfin, se demande la Déclaration, «qu'est-ce que le mystère dernier et ineffable qui entoure notre existence ?»Après ce riche préambule, la Déclaration définit la relation de l'Eglise catholique aux religions non chrétiennes, notamment aux religions extrême-orientales, l'hindouisme et le bouddhisme ; le premier recourt aux mythes pour exprimer le mystère de la divinité et du cosmos, et prône à la fois une philosophie ascétique et une méditation profonde, tandis que le second nous aide, compte tenu de la contingence de notre vie, à parvenir à une libération ou à une illumination par une ascèse appropriée. Revenant sur son attitude passée, l'Eglise catholique déclare «ne rien rejeter de ce qui est vrai et saint dans ces religions.» La différence n'est plus assimilable à une divergence puisque ces doctrines apportent elles aussi, «un rayon de Vérité.» Mais cette acceptation n'est pas exclusive de la vocation de l'Eglise qui a pour mission de prêcher (Jean 14 ;6) «que le Christ est la voie, la vérité et la vie.» Suit alors un appel qui change entièrement la nature des relations avec les autres confessions, adressé aux catholiques qui, tout en restant fidèles à leur foi, «doivent reconnaître, préserver et faire progresser ces valeurs spirituelles, morales et socio-culturelles.»Que dire de la religion musulmane ? Il faut rappeler, d'emblée, l'intervention du célèbre orientaliste Louis Massignon qui s'était en faveur d'un dialogue plus resserré avec les musulmans. Le ton, conciliant et amical, opte pour la sobriété: l'islam est un monothéisme au même titre que les autres religions. L'Eglise regarde avec estime l'islam qui enseigne à ses adeptes l'existence d'un Dieu vivant, miséricordieux, créateur des cieux et de la terre. Les musulmans se signalent par leur soumission aux décrets divins même s'ils sont mystérieux, suivant en cela l'exemple du patriarche Abraham auquel le Coran se réfère très souvent. Pour élever ses adeptes, l'islam leur recommande de prier, de jeûner et de distribuer l'aumône. Son livre sacré honore Jésus comme un prophète et respecte sa mère Marie. Mais la Déclaration n'a garde d'oublier les «nombreuses dissensions et inimitiés» entre les chrétiens et les musulmans» et propose de les «oublier». Il faut donc prôner non plus un simple dialogue judéo-chrétien traditionnel puisque l'Eglise est consubstantielle à la synagogue, mais plutôt un authentique «trialogue» regroupant les fils d'Abraham, c'est-à-dire le judaïsme, le christianisme et l'islam. C'est le judaïsme, religion mère du christianisme, qui se taille ici la part du lion. Au terme de près de deux millénaires de graves dissensions et de sanglantes persécutions, l'Eglise catholique se devait de procéder officiellement à cette mise au point, en reconnaissant, notamment, le lien qui la rattache à «la lignée d'Abraham, de Moïse et des prophètes.» Fidèle à sa nature profonde, le Vatican utilise la présente formule ; «scrutant le mystère de l'Eglise». Même si, au milieu du XIXe siècle, un esprit aussi critique qu'Ernest Renan s'était permis d'écrire une phrase du genre « la sève abandonna le tronc judaïque pour affluer dans les rameaux de l'Eglise», la religion juive n'en demeure pas moins le fondement et les racines du christianisme. Mais la Déclaration ne va pas encore jusqu'à tourner le dos à la théologie de la substitution selon laquelle le christianisme serait la vérité du judaïsme, elle prône des relations apaisées mais ne souffle mot de son exégèse allégorique et typologique de la Bible qu'elle réinvestit d'un symbolisme intégralement chrétien : Noé serait la préfiguration de Jésus, initiateur d'une humanité nouvelle, son arche qui sauve les séquelles d'une humanité maudite par Dieu serait une allégorie du bois de la croix, l'exode d'Egypte lui-même serait une préfiguration des prémices du salut, et l'impureté de la femme dont parle le Lévitique ne renverrait qu'à l'état du monde avant l'institution de l'Eglise… L'Eglise reconnaît, malgré cela, l'impossibilité de se couper de ses racines juives, ce qu'elle appelle «l'alliance antique» La totalité des Apôtres, «fondement et colonnes de l'Eglise étaient juifs.» La Déclaration recommande de ne pas l'oublier. Et cette phrase qui mit du baume sur le cœur des intéressés : «malgré leur refus de l'Evangile, les juifs sont restés très chers à Dieu.» Allant encore plus loin en raison du grand patrimoine spirituel commun aux juifs et aux chrétiens, l'Eglise «encourage la connaissance, l'estime mutuelle, les études bibliques et théologiques, le dialogue fraternel…» Les chrétiens sont priés de ne plus tenir les juifs pour des «réprouvés ou des maudits par Dieu» La Déclaration met en garde contre toute catéchèse qui irait à l'encontre de ces recommandations et condamne sans appel tout antisémitisme.Prenant des accents messianiques, la Déclaration cite un verset du prophète Sophonie (3 ;9) :«C'est alors que je changerai la lèvre des peuples en une lèvre purifiée pour que tous invoquent le nom de Dieu d'un même effort.»Même quarante ans plus tard, ce texte conserve son caractère pionnier et novateur ; certes, dans le long passage concernant le judaïsme, on aurait pu parler de la Shoah et de l'antisémitisme européen qui coûta tant de vies. Cependant, si certaines autres Déclarations de différents épiscopats sont allées plus loin, elles n'ont pu le faire qu'en se fondant sur Nostra Ætate.


*Maurice-Ruben HAYOUN
philosophe, écrivain
Dernier ouvrage paru :
"ECOUTE ISRAEL, ECOUTE FRANCE"
Editions Armand Colin

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