INFOCOM
DIMANCHE 27 NOVEMBRE 2005
ELECTIONS
AU CONSISTOIRE ISRAELITE DE PARIS
INTERVIEW
DE JOEL MERGUI
TETE DE LA LISTE AJC
Rappelons que Joël Mergui est dermatologue, Vice-président du Consistoire Central, Président de la communauté de Montrouge, Président des CCJ des Hauts-de-Seine, Fondateur du Forum Franco-Israélien des villes jumelées.
Votre parcours de militant dans la communauté est assez éloquent. Vous avez par conséquent une riche expérience de la vie communautaire. Si votre liste est élue dimanche prochain qu’apporterez-vous de cette expérience dans vos nouvelles responsabilités ? Qu’est-ce qui est transposable et que vous conserverez. Le Consistoire israélite de Paris gère la vie religieuse de plus de trois cent mille personnes.
J’apporterais mon expérience de terrain et de proximité acquise durant vingt ans de militantisme, de responsabilités communautaires et en tant que président de communauté, mais aussi l’expérience acquise dans la réalisation de nombreux projets touchant différents domaines du judaïsme : mémoire des déportés, éducation, rabbinat, cacherout, construction d’école et de centre communautaire, relations avec Israël et Jérusalem…
J’ai prouvé, à travers ces nombreuses réalisations, que je ne faisais pas que proposer. J’ai tenu mes engagements et agi avec réussite ; ceci avec 2 remarques :
- J’ai toujours agi avec et pour le Consistoire, sans jamais créer de structure concurrente au consistoire ;
- j’ai toujours travaillé en équipe, et ces personnes avec lesquelles j’ai réalisé effectivement ces projets concrets constituent la liste AJC ; Cette équipe a déjà obtenu des sièges lors de la précédente élection il y a quatre ans et peut désormais prétendre à une majorité solide et soudée lors du scrutin du 27 novembre. Seule une telle majorité, basée sur une complicité et une solidarité sans faille, pourra demain s’attaquer avec efficacité et rapidité aux chantiers majeurs qui sont devant nous.
Ce que nous avons réussi à l’échelon local, départemental et national, nous l’appliquerons demain avec fierté et détermination à l’ACIP.
Le Consistoire doit revenir au cœur de notre communauté, il en est le maillon central. Notre projet est destiné à changer en profondeur le fonctionnement, le rôle et l’image du Consistoire de Paris : lui rendre sa force et son dynamisme, lui redonner son aura, lui permettre de regagner la confiance de la communauté juive. Le Consistoire doit faire de la proximité avec les communautés et de l’écoute des fidèles son credo permanent.
Notre priorité avant le bicentenaire du Consistoire est de rassembler l’ensemble des communautés — 70% ne sont pas consistoriales — autour d’un projet fort et ambitieux et des grands axes définis par le Consistoire. Les communautés ne pourront pas vivre sans le consistoire, tout comme le consistoire ne pourra pas exister sans les communautés.
Aujourd’hui, la communauté juive de France est, de fait, liée au Consistoire par le biais du Beth-Din de Paris, du Talmud-Thora, du service des mariages, des divorces, des enterrements, et de la cacherout délivrée à un réseau de restaurants et de boucheries le plus important au monde. De même, le Rabbinat est au service de tous les juifs, quelles que soient leurs options religieuses ou leur synagogue. Il faut tout mettre en œuvre pour rapprocher cette base élargie par l’adhésion de plusieurs dizaines de centres communautaires, synagogues et oratoires. Tous les courants religieux reconnaissant l’autorité du Beth-Din de Paris et du Grand Rabbin de Paris doivent pouvoir se retrouver dans la grande famille consistoriale.
Le meilleur moyen pour y parvenir est de décentraliser et de donner plus d’autonomie aux communautés, en impliquant et en faisant participer, par l’intermédiaire de leurs dirigeants, toutes les communautés à la vie, aux directives et à la politique générale de la maison mère, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Le Consistoire Israélite de Paris semble souffrir, comme vous le savez, d’un déficit d’image auprès de la communauté, et ailleurs. Comment allez-vous combler ce déficit ?
La crise de confiance dont souffre le Consistoire de Paris et l’image négative qu’il offre ainsi aux communautés a plusieurs origines, essentiellement internes, qui affectent profondément sa représentativité et sa crédibilité. Pour rétablir la confiance, il faut une équipe à la hauteur des enjeux et des défis qui doivent être relevés immédiatement. Une équipe aux talents et aux compétences complémentaires, composée de Présidents de communautés, d’experts financiers, d’avocats, d’architectes et de chefs d’entreprises.
Avant tout, le Consistoire doit s’engager à cesser immédiatement les divisions internes et les querelles avec les autres institutions, et notamment avec le Consistoire central et le Grand Rabbin de France qui sont des partenaires naturels et complémentaires. Il faut également mener une politique globale visant à améliorer l’accueil et la communication du Consistoire. C’est par la compétence, le projet, l’ouverture et le chalom que la confiance sera de retour.
Il convient également que le Consistoire développe les relations avec les pouvoirs publics, élus régionaux ainsi qu’avec les préfets, dans les domaines de la sécurité ou des travaux. Les Conseils de Communautés Juive de chaque département d’Ile-de-France ont commencé à tisser de tels liens. Ils doivent être renforcés, et ces antennes départementales devront être encouragées à aller dans ce sens à la fois pour représenter le consistoire ou lui apporter l’aide nécessaire en terme d’information et d’organisation. Nous avons édité un résumé en 36 pages de propositions concrètes qui sera notre base de travail commun avec les élus en place pour l’avenir du Consistoire
Dans le texte que vous avez publié sur diasporablogj, la semaine dernière, vous disiez vouloir retrouver le « chalom » entre les Juifs dès votre prise de fonction. Cela signifie-t-il, d’une part, que la communauté vous paraît diviser aujourd’hui ? Sur quels points ? Quels sont les remèdes — vous êtes médecin, rappelons-le — que vous souhaitez lui administrer ? En d’autres termes, comment allez-vous recontruire ce « chalom » auquel vous tenez tant ?
Les querelles et les désaccords permanents portés sur la place publique ou vécus en interne contribuent fortement à la crise de confiance et à l’affaiblissement qui affectent l’ACIP depuis quelques années. Nos fidèles, nos adhérents, la communauté juive attend de nous une attitude responsable et plus harmonieuse, un message positif de concorde. Il nous faut reconstruire l’unité, notamment avec le Consistoire Central et avec les CCJ.
Le conflit qui oppose le Consistoire de Paris et le Consistoire Central depuis bien trop longtemps n’a aucune raison d’être et demeure incompris du plus grand nombre. Il faut recréer les conditions du respect mutuel, du dialogue ouvert et de la coopération la plus étendue.
Parallèlement, les relations entre l’ACIP et les CCJ de chaque département de la région sont loin d’être optimales, altérant l’efficacité de chacun et mettant à mal nombre de projets. L’unité, le dialogue et le rapprochement entre ces trois niveaux de responsabilité et d’action doivent être retrouvés au plus vite pour le bon fonctionnement et l’avenir de l’ensemble de la communauté. Unis, ces trois acteurs représentent une force irremplaçable au service de la communauté et des fidèles. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Notre équipe AJC 2005, à travers ses 13 candidats, s’engage à travailler prioritairement et de toutes ses forces au service du Consistoire.
Lorsque vous serez élu, quelles sont les trois mesures urgentes que vous comptez prendre et pourquoi ?
1 - Finir les constructions en cours qui ont assez traîné. Une communauté vivante a besoin de s’étendre, de grandir, de disposer d’espaces nouveaux répondant à des besoins nouveaux.
2 - Décentraliser pour rapprocher et impliquer toutes les communautés. Le Consistoire doit savoir se détacher de sa base pour mieux l’élargir, la renforcer et la rapprocher.
3 - Rétablir l’éducation juive et développer la cacherout du Beth Din de Paris.Une éducation juive de qualité, dispensée par les structures consistoriales, est à nos yeux une éducation à la fois fidèle à ses racines, tournée vers l’avenir et ouverte au monde, mais également performante et exigeante dans l’enseignement global prodigué.
Le Beth-Din de Paris est responsable de l’un des plus grands et plus beaux réseaux de cacherout au monde. Outre l’impact positif recherché pour le consommateur, le renforcement et la pérennité du Beth-Din de Paris véhiculent des enjeux financiers considérables pour l’existence même de l’ensemble de la communauté. Tous les moyens pour parvenir à solidifier le Beth-Din de Paris seront utiles. A cette égard, une coopération efficace et intelligente avec tous ceux souhaitant défendre le Beth-Din de Paris sera recherchée, que ce soit avec le Consistoire Central ou avec le Grand rabbinat de France et plus généralement avec tous les courants religieux.
On sait les relations conflictuelles qui ont eu lieu dans le passé, entre le Consistoire, celui de Paris compris, et le CRIF ? Si vous êtes dans le fauteuil de Président du Consistoire israélite de Paris, dimanche, quelles relations souhaitez-vous avoir avec cette autre institution de la communauté juive ?
Je souhaite que le Consistoire retrouve la place centrale et la représentation qui lui reviennent au sein du Crif. Nous devrons trouver d’urgence les solutions qui permettront d’y parvenir.
Il faudra également faire preuve de plus d’unité avec le CRIF dans toutes nos actions face aux pouvoirs publics.
Propos recueillis
par Bernard Koch
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