"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

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de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

dimanche, mars 11, 2012

LESEXCES
DELEXTRÊMISME
RELIGIEUX

Source : cclj.be en ligne le 06 mars 2012



Isabelle Neulinger,
pour le meilleur de Noam


Il y a un peu plus d’un an, l’histoire avait défrayé la chronique. La Cour européenne des droits de l’homme donnait finalement raison à Isabelle Neulinger dans son combat pour rester avec son fils en Suisse. Au nom de l’intérêt suprême de l’enfant. Celle qui, en 2005, quittait Israël avec son enfant pour fuir un époux ultra-orthodoxe revient sur les conséquences de ce jugement inédit.

A l’heure où les ségrégations entre hommes et femmes refont la Une de l’actualité israélienne, où la pression croissante des ultra-orthodoxes n’a jamais été aussi forte, l’histoire d’Isabelle Neulinger prend tout son sens. Isabelle Neulinger, c’est cette femme qui, mariée à un Israélien laïque devenu fervent Loubavitch, a rapidement vu son quotidien réduit à peau de chagrin. La tradition religieuse prenant le pas sur sa vie et celle de son fils, Noam, la jeune femme n’a eu d’autre solution que de fuir le pays avec lui, courant le risque d’être accusée d’enlèvement, avec une peine de quinze ans d’emprisonnement.

La métamorphose

Issue d’une famille juive peu pratiquante, Isabelle Neulinger est née à Bruxelles, où elle a grandi et fréquenté longtemps le CCLJ. En 1999, elle choisit de faire son alya, séduite par Tel-Aviv et très vite par un dénommé Shai, professeur de sport, mannequin et amateur de rollers, à l’esprit libéral. Le couple se marie pour le meilleur en 2001. Mais les événements vont s’enchainer. En apprenant que son mari n’a jamais fait sa bar-mitzva, Isabelle Neulinger l’encourage à visiter une synagogue. Ce sera pour lui le déclic, et pour elle le début du cauchemar. Les sorties de Shai laissent place aux prières et aux exigences religieuses toujours plus strictes. Enceinte et jugée impure, Isabelle accouchera seule de leur petit garçon. Le coup de massue tombe le jour où Noam, à la santé fragile, doit être hospitalisé d’urgence; Shai refuse de le conduire à l’hôpital pour cause de Shabbat. Isabelle Neulinger apprendra plus tard qu’il n’a pas hésité, en revanche, à emmener le bébé pour aller distribuer ses flyers en rollers !

Insultée et menacée de mort, Isabelle Neulinger est résolue à demander le get (divorce)* à son mari. Mais craignant que Shai ne parte avec Noam pour New York, où se situe le siège du mouvement Loubavitch dont il fait désormais partie, elle fait prononcer une interdiction pour empêcher son fils de quitter le territoire jusqu’à sa majorité. Mesure qui se retournera malheureusement contre elle…

De façon inattendue, Shai accorde le get à sa femme. Dans le plus grand secret, Isabelle Neulinger fuit de nuit, Noam couché sur le siège arrière de la voiture. Elle passe la frontière israélo-égyptienne via Taba, et prend l’avion pour Genève à Sharm-el-Sheikh, violant la loi israélienne et la Convention de La Hayequi condamne l’enlèvement international d’enfants. Elle se croit sauvée.

Un jugement historique

Après un an de vie « clandestine » à peu près paisible à Lausanne,une procédure classique de renouvellement de passeport en 2006 va relancer l’affaire. La Suisse saisit Interpol qui prévient Israël de l’endroit où se trouve l’enfant. A sa mère de maintenant prouver que leur vie était en danger et qu’elle n’a eu d’autre choix que de l’enlever. Trois instances judiciaires vont se prononcer, exigeant le retour immédiat de l’enfant, avec sa maman. Mais Isabelle Neulinger connait la peine qui l’attend et saisit le degré d’appel de la Cour européenne des droits de l’homme, la Grande Chambre, qui ne traite que les cas graves. En juillet 2010, de façon tout à fait exceptionnelle, celle-ci va donner raison à la jeune femme en faisant prévaloir l’intérêt suprême de l’enfant sur les conventions internationales et la raison d’Etat.

« C’est la première fois qu’un cas comme ça est traité par la Grande Chambre et qu’un tribunal de cette importance donne raison à un parent “kidnappeur” », explique-t-elle.« La Convention de La Haye est un traité très puissant, mais aussi très confortable pour tout le monde, car en décidant de renvoyer l’enfant dans son pays, personne ne se soucie de ce qu’il y deviendra. Ce jugement est donc une énorme victoire, et l’arrêt de Strasbourg en faisant jurisprudence a déjà permis à plusieurs enfants de ne pas être renvoyés dans leur pays d’origine. La Cour européenne a considéré un enfant et pas un numéro. Elle a ouvert la voie à une nouvelle interprétation et application du droit. C’est pour la Suisse une belle leçon d’humanité ».

En évoquant cette histoire, on repense inévitablement à celle de Betty Mahmoudi. Isabelle Neulinger précise : « A part que personne n’aurait pensé à la renvoyer dans le pays qu’elle fuyait, et qu’une fois à la frontière, elle était sauvée. Arrivée en Suisse, mon combat n’a fait que commencer… ». Celle qui confie se sentir « libre et forte » aujourd’hui rêve que Noam, 8 ans, puisse bientôt se rendre en Israël où elle a gardé de la famille. « J’envisage d’écrire au président Shimon Peres pour qu’il nous accorde une grâce ou abandonne les charges qui pèsent contre nous. Je pourrais alors rentrer dans le pays librement et permettre à mon fils de connaitre ses origines, peut-être même de renouer avec son père ». En quittant le pays, elle s’était promis de transmettre à son fils ses racines. Noam est inscrit depuis quatre ans dans une école juive et apprend l’hébreu. Ce livre Jamais vous n’aurez mon fils !, dont les droits viennent d’être achetés par un éditeur allemand, Isabelle Neulinger l’a écrit pour qu’il connaisse son histoire.



Isabelle Neulinger
"Jamais vous n’aurez mon fils !"
Editions La Boîte à Pandore



* Le mariage comme le divorce relèvent en Israël du tribunal rabbinique. Seul le mari est habilité à pouvoir accorder le get, sans lequel la femme se trouve dans l’impossibilité de refaire sa vie.


Géradine Kamps

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