ETSILESELECTIONS
FRANCAISES
SEPASSAIENT
SANSLEFRONTNATIONAL
Source :lenouvelobs.com en ligne
le 1er février 2012



Présidentielle :
pourquoi Marine Le Pen
doit pouvoir réunir 500 signatures



LE PLUS.


70% des Français estiment que Marine Le Pen doit être candidate à l'élection présidentielle. Si elle soutient qu'elle a des difficultés à réunir les 500 parrainages nécessaires, selon Jean-Yves Camus, politologue spécialiste du FN, son absence ne ferait que renforcer la persécution dont le FN se fait le symbole dans la classe politique.


Par
Jean-Yves Camus
Politologue


Les 70% des Français qui estiment que Marine Le Pen doit se présenter à l'élection présidentielle ne sont pas forcément d’accord avec les propositions de la président du FN. Ils estiment cependant qu’un parti politique qui existe depuis longtemps, et qui réunit entre 10 et 15% des suffrages des Français, doit avoir un ou une représentante lors de l’élection présidentielle.



Pour ma part, je suis évidemment opposé aux solutions politiques que propose le Front National, mais je trouverais extrêmement curieux que Marine Le Pen ne puisse pas être candidate à la présidence de la République. Si elle ne pouvait pas l’être, non seulement cela ne résoudrait aucun problème, mais surtout cela renforcerait encore ce sentiment de persécution que le FN manie très bien.


Historiquement, le Front National a toujours mis en avant le fait qu’ils avaient des difficultés à réunir les 500 parrainages nécessaires au candidat de leur parti. Cela ne veut pas dire pour autant que la collecte des parrainages soit aussi facile pour eux que pour que les autres formations politiques. Il faut 500 parrainages d’élus, or toutes les grandes formations politiques ont, au minimum 500 élus locaux qui peuvent très facilement donner leur parrainage, ils n’ont donc pas besoin d’aller ratisser en dehors de leur pré-carré.

Le Front National n’a pas d’élus locaux, il est donc obligé de trouver l’appui de maires, élus indépendants, non affiliés à un parti, qui ne sont pas membres du FN. Et c’est un exercice tout à fait différent.



Nicolas Sarkozy ne séduit plus les électeurs frontistes



Les choses ont bougé après 2007, car Nicolas Sarkozy avait réussi à capter une bonne partie de l’électorat qui s’était porté sur Jean-Marie Le Pen en 2002. Une fois qu’il a été élu, la politique qu’il a menée n’a pas répondu aux attentes d’une partie des anciens électeurs frontistes qui s’étaient reportés sur lui.



Aujourd’hui, il a reperdu cette frange de l’électorat FN qu’il avait réussi à fixer sur son nom en 2007. Incontestablement, sur la question de l’immigration, les électeurs frontistes trouvent que Claude Guéant n’en a pas encore pas fait assez, que sur la question de l’identité nationale, nous n’avons eu que des discours et un débat, sur la question de la sécurité, le bilan gouvernemental est trop mince.



Sur cette question de l’insécurité, ce sont les seuls de tout le spectre politique qui sont majoritairement au retour de la peine de mort, que, bien évidemment, le président n’a pas proposé. Sur la question de l’immigration, quelles que soient les critiques l’on peut faire à la politique de Claude Guéant, on n’est pas dans une optique d’inversion des flux migratoires. Or, lorsque Marine Le Pen en parle ouvertement, cela ne signifie pas seulement que une diminution drastique le nombre de personnes étrangères admises en France chaque année, ce que fait - à tort à mon avis - Claude Guéant, cela veut aussi dire que l’on renvoie des gens qui vivent en France depuis des décennies. Et c’est précisément cela que veulent les électeurs du Front National. Ils veulent que l’on passe de 200.000 entrants chaque année à zéro et que, parallèlement, on renvoie des gens, peu importe le temps et les investissements qu’ils ont fait sur le territoire.



Marine Le Pen n'est pas Jean-Marie Le Pen

Lorsque l’on entend Jean-Marie Le Pen faire une saillie sur le bal de Vienne auquel a assisté sa fille ce week-end, avec une connotation assez habituelle chez lui, on se dit que, finalement, c’est à la fois un embarras pour Marine Le Pen parce qu’elle doit s’éloigner de tout ça, et en même temps, cela lui permet de passer pour beaucoup plus modérée et acceptable.

Le programme du Front National n’a pas véritablement bougé, la seule chose qui a changé, c’est la question de la place de l’Etat. Jean-Marie Le Pen est un ultra-libéral qui s’assume comme tel, Marine Le Pen a élaboré un programme qui met l’Etat au centre. Mais sur les questions d’identité et d’immigration, le programme est rigoureusement le même.

Pour l’instant, les sondages donnent encore une configuration classique droite-gauche, et où Marine Le Pen fait mieux que son père en 2002, sans pour atteindre le second tour. Elle recueillerait selon les sondages, 18 à 20% des voix pour l’instant, mais il reste encore plus de deux mois.



Propos recueillis
par
Mélissa Bounoua