LANTISEMITISME
DERRIERE
LESBARREAUX
Source : midilibre.fr en ligne
le 19 novembre 2011
Béziers
Condamnés pour avoir tabassé
un détenu juif
ANNICK KOSCIELNIAK
Le tribunal correctionnel de Béziers a écarté le caractère antisémite de la violence.
Ils étaient devenus copains malgré leur différence de confession, jusqu’à partager une cellule au centre pénitentiaire de Béziers. Pourtant, le 29 septembre 2011, l’amitié entre Samuel (*), 47 ans, et Kaddour, 39 ans, déjà en déliquescence, vole en éclat. Ce jour-là, Samuel téléphone à sa femme depuis la cour de promenade. Il vit ses dernières heures de détention. L’épouse perçoit en bruit de fond des insultes à caractère antisémite. Elles tombent des fenêtres des cellules.
"J’y étais habitué mais quand ils ont menacé ma famille, je leur ai dit d’aller se faire foutre, j’ai raccroché et me suis dirigé vers Kaddour", explique la victime, devant le tribunal correctionnel de Béziers. Il reproche au musulman, qui se dit "non pratiquant, élevé dans la laïcité et pas raciste le moins du monde", d’avoir monté toute la prison contre lui.
Fractures au bras, entorse
Selon la victime, Kaddour n’aurait pas supporté qu’on lui fournisse des repas casher. "Un régime de faveur injuste à son sens ; il savait pourtant que depuis mon incarcération le 21 juillet, je ne mangeais presque rien faute de mets casher", précise Samuel. Un attroupement se forme. Les coups pleuvent. On extrait le détenu agressé de ce passage à tabac.
Bilan, des fractures au bras et une entorse à la cheville. Kaddour et un autre détenu âgé de 19 ans sont poursuivis pour violence en réunion et en raison de la religion, une circonstance aggravante. "On s’était disputé pour un jeu de cartes, dément Kaddour, les autres s’en sont mêlés ; il s’en est pris à moi et en riposte, je lui ai tiré un marron." Il nie toute injure antisémite. Quant au second prévenu, il affirme avoir juste tenté de séparer les belligérants.
La Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) se constitue partie civile. "Le climat d’antisémitisme existait bien ; d’ailleurs le directeur de la prison faisait escorter mon client lors de ses déplacements", explique Me Benayoun pour la victime.
"Isolement cruel de la victime"
Le parquet requiert trois mois de prison pour le jeune prévenu et un an pour Kaddour, avec maintiens en détention. "Ce qui est avéré, c’est l’isolement cruel de la victime ; faute de se noyer dans une communauté, elle n’a pu s’assurer une détention paisible ; c’est malheureusement la loi du régime carcéral ; elle a reçu des insultes, mais en aucune manière émanant de mon client", plaide Me Corbier pour Kaddour.
Le tribunal a rejeté la circonstance aggravante. Il a condamné les prévenus pour violence en réunion et suivi les réquisitions.
(*) Prénom d'emprunt.
Revue de presse, panorama du monde, blog de lutte contre l'antisémitisme et le racisme, ouvert au dialogue, l'autre image d'Israël, la culture juive à la rencontre de toutes les cultures, le monde juif tel qu'il est.
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