LADENONCIATRICE
DETSAHAL
INCARCEREE
Source : rue89.com via le site Global Voice
en ligne le 11 novembre 2011
Israël :
Prison pour Anat Kamm,
dénonciatrice de l'armée
Gilad Lotan
Traduit par Suzanne Lehn
Anat Kamm est cette journaliste et ancienne soldate israélienne qui avait remis des milliers de documents militaires confidentiels au journaliste du quotidien israélien Haaretz, Uri Blau, acte pour lequel elle vient d'écoper de quatre ans et demi de prison.
Il ressort de ces documents que les Forces de Défense Israéliennes (IDF) avaient enfreint une décision de justice interdisant l'assassinat de militants palestiniens recherchés de Cisjordanie alors qu'ils auraient pu être arrêtés sans violence.
Le 4 décembre 2008, Uri Blau publia un article fondé sur ces documents, qui affirmait que l'état-major des IDF planifiait et mettait à exécution des assassinats ciblés en violation d'un arrêt de 2006 de la Cour Suprême israélienne restreignant les circonstances où cette tactique pouvait être utilisée.
L'auteur de ce billet n'a pu trouver de lien qui fonctionne vers l'article original d'Uri Blau, « Permis de tuer », mais en voici un vers un billet de blog qui reproduisait le texte d'origine.
Anat Kamm aurait déclaré lors de son interrogatoire :
« Il y avait des aspects des procédures d'opérations des IDF en Cisjordanie qui à mon sens devaient être portées à la connaissance du public… Quand je gravais les CDs je ne cessais de me dire que l'histoire tend à pardonner à ceux qui révèlent les crimes de guerre. »
La police israélienne a fait appliquer un ordre de censure interdisant aux médias du pays de parler de l'arrestation d'Anat Kamm. Le 6 février 2010, Anat était mise en examen pour espionnage et transmission d » informations confidentielles sans autorisation, et assignée à résidence. Après quasi deux années sous ce régime, elle a été condamnée le 30 octobre 2011 à quatre ans et demi d'emprisonnement.
Si l'affaire n'est pas neuve, le verdict du tribunal a suscité un large éventail de réactions chez les internautes israéliens. Noam Lester reprend les réflexions qu'il avait publiées lors des premiers articles de 2010, et il s'élève contre le silence des médias sur le crime supposé des IDF révélé par cette fuite :
« Nous observons à nouveau le rituel de dissimulation, censure, publication à l'étranger, fuites vers les blogs et pour finir une lassante journée de bavardage médiatique non-stop.
Une fois de plus, nous sacrifions une victime pour nous apprendre à tous de ne pas nous mêler des forces de sécurité, et surtout de ne pas les embarrasser ni montrer leur côté minable (et leurs crimes).
Chacun se fixe sur le messagère (Anat) au lieu de l'information qu'elle a fait émerger : les IDF ont commis des crimes en violation directe d'un arrêt de la Cour Suprême israélienne.
Pour ceux-là personne ne sera jugé et encore moins envoyé croupir en prison. Mais celle qui a exposé l'atrocité, peut, elle, être envoyée en prison à perpétuité. »
Anat Balint écrit sur le mode sarcastique :
« Le lourd verdict de quatre ans et demi de prison, infligé par le tribunal de district de Tel-Aviv à Anat Kamm est un coup sévère à la dénonciatrice de 24 ans, et une dose de tranquilisant pour beaucoup de ceux qui ont suivi le déroulement de cette histoire depuis avril 2010. Le processus de transformation de Kamm en sorcière moderne menaçant l'ordre social existant a parfaitement réussi.
Elle a été attrapée, éloignée de nous, Dieu merci, et maintenant tous peuvent être sûrs que nous sommes revenus à la foi dans les valeurs sacrées : rien n'est plus important que la sécurité de notre pays et sa protection contre ses ennemis, il n'y a pas d'entité plus sainte que l'armée, et rien n'est plus grave que d'attenter à l'une ou à l'autre. »
Elle poursuit :
« Quiconque participe à la relation complexe entre les instances gouvernementales, les forces de sécurité et la presse en Israël saisit la pure ironie qui enveloppe l'affaire Kamm. Les fuites du même genre sont le pain quotidien de ces relations, journellement.
Les messages qui n'empruntent pas les canaux formalisés, ou une interview autorisée, sont dans la pratique une sorte de “fuite”, soit, selon la loi, un crime.
Ces fuites comportent maintes fois des documents confidentiels ou top secrets qui se fraient d'une manière ou d'une autre un chemin jusqu'aux journalistes et servent de base à leurs articles. »
A l'autre bout du spectre, il s'en trouve beaucoup pour estimer que la peine d'Anet Kamm devrait être plus sévère. Moshe Goldbladt écrit :
« J'espère que le Procureur Général n'acceptera pas ce châtiment absurde donné à Anat Kamm. En opposition au juge qui a prononcé le verdict, la peine exprime un manque de respect pour la sécurité d'état.
Anat Kamm a reçu le soutien de la gauche pour avoir révélé “des crimes de guerre” - l'affirmation est pur bavardage - et l'a glorifiée pour sa motivation et son idéologie. Quand les avocats de Kamm ont constaté que cela revigore la gauche sans aider leur cliente, elle s'est mise à se présenter comme une fille jeune et un peu perdue qui ne comprend pas vraiment les juges.
Il est temps maintenant de cesser la partie de cache-cache avec Uri Blau et Haaretz. Le journaliste, le rédacteur en chef et tous ceux impliqués dans la réception de ce matériel secret-défense des mains d'Anat Kamm doivent passer en justice et payer leurs actes au prix fort.
Cette affaire doit aussi nous faire envisager une énergique peine de prison de nombreuses années. Leur prétention d'avoir régulièrement accès au matériel classé secret-défense (comme le laisse entendre Raviv Druker, témoin au procès de Kamm) est précisément ce pourquoi il faut leur apprendre les conséquences qu'il y a à enfreindre dans ce pays les lois de la sécurité militaire opérationnelle. »
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