LEXTRÊME-DROITE
EUROPEENNE
PASSEALOFFENSIVE
Source : le site de la Tribune de Genève
en ligne le 24 juillet 2011 à 8h 13
sur Diasporablog à 10h 18
Le terrorisme d’extrême-droite,
nouvelle menace pour l’Europe?
Norvège
Pour l’heure, les polices du monde entier se sont surtout concentrées sur les réseaux terroristes islamistes. Mais les réseaux d'extrême droite alimentés par un mélange toxique d’islamophobie, de racisme anti-immigrés et de difficultés sociales, inquiètent.
Les liens avec l’extrême-droite de l’auteur présumé de la double attaque en Norvège pourraient poser un nouveau défi sécuritaire à l’Europe, dix ans après les premiers attentats d’Al Qaïda. Pour l’heure, les polices se sont surtout concentrées sur les réseaux terroristes islamistes.
L’homme arrêté après la fusillade sur l’île d’Utoya est présenté par les autorités comme un ancien membre d’un parti populiste, un franc-maçon et l’auteur de blogs critiquant le multiculturalisme et l’Islam. Il se présente lui-même sur sa page Facebook comme un «fondamentaliste chrétien».
Les polices européennes s’inquiètent depuis un moment de la montée des idées d’extrême-droite, alimentées par un mélange toxique d’islamophobie, de racisme anti-immigrés et de difficultés sociales. Jusqu’à présent, toutefois, la violence avait rarement dépassé le stade de passages à tabac ou d’attaques à l’arme blanche.
Gouvernement visé
La double attaque norvégienne, la plus meurtrière sur le continent depuis les attentats attribués à Al Qaïda qui avaient fait 52 morts à Londres en 2005, est d’une tout autre logique. Selon un analyste, elle peut être qualifiée «d’Oklahoma City» européenne.
En 1995, un militant américain d’extrême-droite avait tué 168 personnes en faisant exploser un véhicule piégé devant un bâtiment fédéral d’Oklahoma City, aux Etats-Unis. Ce drame avait mis en évidence le danger représenté par des groupuscules jusqu’alors peu contrôlés.
«Ce serait l’équivalent européen d’Oklahoma City, une attaque commise par un individu avec des idées anti-gouvernementales extrémistes qui s’en prend au gouvernement en ciblant ses bâtiments ou ses institutions», souligne Hagai Segal, spécialiste des questions de sécurité de l’Université de New York, à Londres.
«La question la plus importante est maintenant de savoir s’il a agi seul ou s’il fait partie d’un groupe.» Professionnels
En 2010, Interpol a estimé dans un rapport sur la sécurité qu’il n’y avait pas à cette époque de mouvement terroriste d’extrême- droite sur le continent.
Le document relève toutefois la professionnalisation croissante de l’extrême-droite, notamment dans la production de propagande antisémite et xénophobe, ainsi que sa présence accrue sur les réseaux sociaux.
La menace représentée par l’activisme d’extrême-droite apparaît sur le déclin et le nombre d’actes criminels qui lui sont imputés est faible, constate Interpol. Mais la professionnalisation de la propagande et de l’organisation des groupes extrémistes dénote leur volonté de diffuser leur idéologie et constitue toujours une menace pour les Etats membres de l’Union européenne, souligne le rapport.
Si les événements dans le monde arabe, et en particulier en Afrique du Nord, entraînent une forte augmentation de l’immigration, «l’activisme d’extrême-droite et le terrorisme pourraient se nourrir d’une peur accrue de l’opinion», met en garde Interpol.
Groupe pas nécessaire
La principale inquiétude des polices européennes était jusqu’à présent les affrontements entre militants d’extrême-droite et d’extrême-gauche en marge de rassemblements publics de groupuscules extrémistes.
Mais dans un discours prononcé en septembre 2010, le directeur- général du contre-espionnage britannique a rappelé qu’un «individu déterminé peut causer des dégâts importants». Jonathan Evans a cité l’exemple du néo-nazi David Copeland, dont les bombes artisanales visant les communautés ethniques et gay de Londres ont fait trois morts en 1999.
Contacts internationaux
La police norvégienne s’est elle-même inquiétée de «l’incertitude croissante» provoquée par les activités des mouvements d’extrême- droite dans un rapport en février 2011. «Les extrémistes norvégiens ont des contacts avec les extrémistes suédois et avec d’autres groupes en Europe. Ils ont même des contacts avec l’extrême-droite russe».
Le Premier ministre norvégien Jens Stoltenberg a annoncé samedi que les enquêteurs coopéraient avec des services étrangers pour tenter d’élucider la double attaque. L’enquête devra «bien sûr vérifier s’il peut y avoir des connections internationales.»
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