"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

jeudi, mars 24, 2011

LIBYE
LAMBIGUITE
DESPAYSARABES
Source : marianne2.fr en ligne le 23 mars




Libye:
Le double jeu de la Ligue arabe


Régis Soubrouillard




Indispensable à la légitimation d'une intervention militaire en Libye, la Ligue Arabe -tout comme l'Union Africaine- joue un double jeu qui s'explique notamment par la situation explosive qui règne dans la région, les ambitions politiques de son président et le flou des résolutions de l'ONU. Un jeu qui en dit long sur l'état des divisions au sein de l'organisation qui pourrait éclater en cas d'enlisement des opérations en Libye.


« Les régimes arabes tremblent tous ». C’est l’hypothèse formulée par l’islamologue Mathieu Guidère pour expliquer la discrétion des états arabes dans l’intervention en Libye « on a ouvert la possibilité d’appuis de l’occident par des interventions aux insurrections locales. Dans tous les pays arabes, les dirigeants sont installés depuis au moins 10 ans et en général pas élus. Il y a un risque de contagion et personne ne veut voir les occidentaux appuyer une quelconque demande démocratique ».

S’il est un peut tôt pour parler de fissure dans la coalition, il y a clairement de la friture sur la ligne. Contrairement aux premières discussions qui laissaient entrevoir une implication des états arabes, il n’est question que d’une intervention occidentale. Les Emirats arabes unis ont déjà annoncé qu'ils ne déploieraient finalement aucun avion de combat, tandis que les participations saoudiennes, jordaniennes, marocaines, tunisiennes ou koweïtiennes semblent exclues à ce stade.Quant à l’Egypte, elle est aux abonnés absents, même si selon le Wall Strett Journal, elle fournirait des armes aux insurgés. Cette participation est pourtant déterminante pour convaincre les opinions publiques que l'intervention est une opération de police internationale.

Lundi, Londres faisait encore miroiter l’engagement d’un ou deux états arabes. Rien n'est moins sûr.

Pour l’instant, seul le Qatar est embarqué dans la coalition avec quatre malheureux avions. Difficile pour l’émirat de faire autrement : les Français disposent d’une base à Abu Dhabi et le pays abrite le commandement américain Centcom qui a joué un rôle essentiel dans les guerres d'Irak et d'Afghanistan.


Le double jeu de l'Union Africaine
et de la Ligue arabe

Ce n’est pourtant pas faute d’avoir tenté d’ « arabiser » ou « africaniser » cette coalition. C’était oublier que depuis des décennies Kadhafi, distribuait autour de lui l’argent du pétrole « bouclant les fins de mois des pays du Sahel tandis que la Compagnie libyenne d’investissements (Laico) investissait 480 millions de dollars dans une douzaine de pays. En outre, si la Libye a longuement soutenu des groupes rebelles, entre autre parmi les Touaregs du Sahel, elle a aussi accueilli des centaines de milliers de travailleurs africains, véritables soutiers de son économie » fait remarquer sur son blog la journaliste Colette Braeckman. « Cette omniprésence à la fois brouillonne, généreuse et cynique de Kadhafi sur la scène africaine explique en partie les réticences et les contradictions de l’Union africaine, une instance régionale chroniquement désargentée, créée en 1999 à Syrte et qui doit beaucoup à la générosité du Guide ».

Au micro de RFI, Cheikh Tidiane Gadio, le Ministre des affaires étrangères du Sénégal a d’ailleurs dénoncé l’attitude de l’institution : « L’Union africaine a montré ses limites historiques. Cette organisation n’est pas capable de protéger les populations africaines. la responsabilité de protéger n’est pas l’apanage des pays occidentaux ».

Encore plus que les tergiversations de l’Union Africaine, le double jeu de la Ligue arabe dit tout le malaise des états arabes. Amr Moussa, son président, qui avait soutenu l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne, a estimé que les bombardements s'écartaient de leur but, avant de changer de ton hier et d'affirmer que ses propos de la veille avaient été mal interprétés. Une rhétorique réfléchie quoi qu’on en pense.

Rédacteur en chef adjoint de la revue Maghreb-Machrek et chercheur à l'IRD (Institut pour la Recherche et le Développement), Jean-Yves Moisseron, explique ainsi que si « globalement, il y a un soutien de la Ligue arabe, il y a une ambiguïté qui existe depuis le début du fait que la Ligue arabe est constitué de plusieurs groupes de pays. Un premier groupe d’Etats comme la Tunisie, l’Egypte sont rentrés dans un processus démocratique et un autre groupe est resté assez répressif. L’autre point c’est que le président de la Ligue Arabe Amr Moussa est engagé dans une élection présidentielle en Egypte. Il est obligé de peser pour soutenir le mouvement démocratique mais il doit aussi prendre ses marques vis à vis de l’occident sinon il risquerait de perdre toutes ses chances d’élection à la présidence en Egypte ».


En Libye, Kadhafi continue à faire le zouave. Soutenir la coalition d’un côté, critiquer les modalités de son intervention de l’autre, pour mieux ménager une opinion publique à fleur de peau. Si le sauvetage des insurgés libyens est soutenu en Egypte, quelques bavures occidentales et un enlisement des opérations suffiraient, en effet, à retourner l’opinion. D’où le sentiment que Amr Moussa s’exprime moins en président de la Ligue arabe qu’en candidat à la présidentielle égyptienne.

« Enfin, ajoute Jean-Yves Moisseronil y a des divergences d’interprétations sur la résolution 1973 parce qu’elle ne mentionne pas directement les frappes aériennes même si elles sont « légales » du point de vue du droit international si elles ont pour but de protéger des populations civiles. Or, il y a un certain nombre de frappes qui visent à détruire les infrastructures aéronautiques libyennes alors que la Libye respecte, pour l’instant, la zone d’exclusion
aérienne ».

Tiraillée entre des Etats comme le Yémen, ou la Syrie, qui repoussent la notion de droit d’ingérence, d’autres qui redoutent les bombardements de civils et des dirigeants arabes confrontés à réprimer des révoltes ou occuper à faire sortir de terre des bourgeons de démocratie, sans compter le tout récent recours à l'OTAN critiqué par la Ligue arabe qui redoute l'affrontement de bloc à bloc. Bref, cette institution historiquement mal à l’aise avec l’idée qu’un pays arabe puisse en attaquer un autre est aujourd’hui le symbole des divisions du monde arabe.

Et son positionnement en est d’autant plus fragile selon Jean-Yves Moisseron : « cela peut éclater si on en s’enlise en Libye, ce qui risque fort d’être le cas parce qu’on ne chasse pas des troupes au sol réfugiés dans une ville, dissimulés parmi des civils avec des missiles et des drones. Il faut que les insurgés conquièrent leur légitimité politique à gouverner demain à partir de leur capacité aujourd’hui à prendre le pouvoir. Cela va être très difficile parce que l’on confond les guerres de mouvement rapides dans le désert et la guerre de retranchements ou les guérillas urbaines qui posent de redoutables problèmes. Et ni les uns ni les autres ne sont armés pour la mener. Aujourd’hui, l’essentiel de ce que pouvait faire la coalition est fait mais tout reste à faire ».


Un rôle plus symbolique que politique

Fondée le 22 mars 1945 dans le but de renforcer les relations entre ses 22 Etats membres, la Ligue arabe a toujours promu l’indépendance et la souveraineté des états arabes. Si La Ligue arabe a montré une certaine efficacité sur dans le domaine culturel, son efficacité politique a souvent été entravée par les divisions entre ses états membres. Au cours de ses 66 années d'existence, la Ligue arabe s'est forgée une réputation d'entité incapable de parler d'une seule voix.
Pendant la guerre froide, certains états soutenaient les soviétiques quand d’autres s’alignaient sur l’occident. Il y eut également des hostilités entre les monarchies traditionnelles (Arabie Saoudite, Maroc) et les républiques révolutionnaires (l’Egypte de Nasser, la Libye de Kadhadi). Certains des pays de la Ligue ont offert leurs installations lors de la guerre américaine en Irak quand d’autres s’opposaient aux opérations.

« La Ligue arabe a un poids politique très faible » confirme Jean-Yves Moisseron « les décisions qu’elle va prendre ont moins de portée que celles du conseil de sécurité de l’ONU par exemple, mais elle a un rôle symbolique très important pour légitimer l’action de la France, des Etats-unis et de l’Angleterre, pour que l’intervention n’apparaisse pas comme une opération exclusivement occidentale. Le soutien de la Ligue arabe était nécessaire pour obtenir l’absence de veto de la Chine et de la Russie ».

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