REVELATIONS
AL-JAZIRA
ISRAELABELETBIEN
UNINTERLOCUTEUR
VIABLE
Source : nouvelobs.com en ligne
le 3 février



Le "scoop" d'Al-Jazeera


Eclipsées par le tumulte de la révolte égyptienne, les révélations d’Al-Jazira sur les négociations israélo-palestiniennes publiées la semaine dernière contenaient-elles des informations réellement inédites ? Non. En dehors de quelques échanges, badins ou âpres, qui donnent une idée assez fidèle, selon les intéressés, du climat des pourparlers, elles livrent peu d’éléments neufs. Contrairement à ce qu’ont avancé trop rapidement les responsables de l’Autorité palestinienne, les papiers publiés sont authentiques, mais ils sont partiels, voire partiaux. Il s’agit en fait de résumés ou d’extraits soigneusement sélectionnés des verbatim et non de transcriptions intégrales. Quant à leur contenu – évoquant d’importantes concessions territoriales et politiques proposées par les négociateurs palestiniens – il n’a rien de surprenant, pour ceux qui ont en mémoire les « Paramètres Clinton » de décembre 2000 ou les termes de « L’initiative de Genève » de décembre 2003.

Ces deux documents, comme les extraits des mémoires d’Ehoud Olmert et les notes de travail des négociations de 2010, révélés également la semaine dernière par d’autres médias, montrent que les deux parties ont sérieusement progressé vers un accord sans l’atteindre. « Rien n’est conclu, précise l’un des documents, tant que tout n’est pas conclu ». Pourquoi la direction d’Al-Jezira a-t-elle décidé de publier en ce moment des documents gênants pour l’Autorité palestinienne ? Al-Jezira est contrôlée par l’émir du Qatar, qui est aussi le principal financier du Hamas, observe l’entourage de Mahmoud Abbas qui déplore ce rideau de fumée médiatique alors que s’allonge la liste des pays prêts à reconnaître l’indépendance de l’Etat de Palestine.

Paradoxalement, ces révélations, qui a priori profitent surtout aux islamistes et aux adversaires de la paix, peuvent aussi servir l’Autorité palestinienne. Elles montrent que, contrairement à ce que répète Benyamin Netanyahou, Israël a bien un partenaire pour la paix.