"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma  Ed Universlam


CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

jeudi, décembre 02, 2010

DEBATAUTOUR
DELENSEIGNEMENT
DELASHOAH
Source : lemonde.fr en ligne

le 2 décembre




Le Mémorial,
l'enseignement de la Shoah
et Israël


La Revue d'histoire de la Shoah vient de publier un numéro spécial consacré à l'enseignement de la Shoah. Comme le souligne Thomas Wieder dans Le Monde du 28 novembre, "compte tenu de son actualité, cette question nécessitait une mise au point approfondie". Par contre, je suis moins certain que lui que le sujet soit abordé par la Revue du Mémorial de la Shoah à Paris avec une grande variété d'angles, ou du moins il me semble qu'un profond trou noir se cache au milieu de tant de brillantes étoiles. D'après le contenu livré par Le Monde, il semble qu'un des lieux géographiques où la créativité et la réflexion sur l'enseignement de la Shoah sont les plus dynamiques et intéressants, soit totalement absent de la revue dirigée par Georges Bensoussan. Pas un mot, semble-t-il, sur ce qui se passe en Israël, où l'on peut comprendre que le sujet a une importance particulière.

Je ne prendrai ici que l'exemple de Yad Vashem, le mémorial de Jérusalem, lieu principal de ce dynamisme pédagogique, mais non pas unique, loin de là. Depuis le début des années 1980 existait à Yad Vashem un département de l'éducation qui est devenu à la fin des années 1990 une véritable école pédagogique internationale (The International School for Holocaust Studies) où plus d'une centaine de pédagogues et d'historiens travaillent ensemble pour former des enseignants et développer programmes et réflexions. Rien qu'avec l'Europe, dans le cadre du programme ICHEIC, l'Ecole internationale pour l'enseignement de la Shoah (ISHS) organise à Yad Vashem une cinquantaine de séminaires annuels destinés à des enseignants de plus de vingt pays européens. De plus, des séminaires locaux sont organisés avec les différents partenaires dans la quasi-totalité de ces pays. Des programmes et du matériel pédagogique ont été développés en collaboration avec ces partenaires, et des congrès et réunions d'échanges européens et internationaux ont régulièrement lieu.

La France n'est pas absente de ce dynamisme et plusieurs partenaires se sont associés à Yad Vashem ces dernières années, notamment l'Institut national de recherche pédagogique (INRP) et le Mémorial de Rivesaltes. La Belgique est également présente, avec la fondation Merci et le Musée-Mémorial de Malines. Cette collaboration a permis d'organiser entre 2005 et 2009 une vingtaine de séminaires francophones auxquels ont participé près de 400 enseignants, éducateurs et transmetteurs, sans compter des pré et post-séminaires en France et en Belgique. Des échanges fructueux s'en sont suivis, dans le respect des approches et des particularités de chacun.

A ces échanges européens et internationaux, à cette constitution d'un véritable réseau de réflexion et d'échanges pédagogique, auquel participent des institutions aussi importantes que le Musée d'Auschwitz ou celui de Terezin près de Prague, le Mémorial de la Shoah en est étrangement absent. Ce n'est pas faute d'avoir essayé. Puisque nous écrivons au moment des révélations de Wikileaks, nous pouvons signaler que dès le lancement du programme européen ICHEIC, j'avais personnellement contacté la direction du Mémorial de Paris, qui me paraissait, pour la France et le monde francophone en général, le partenaire naturel de tout développement dans ce domaine. La réponse avait été un refus total, essentiellement au nom de la "spécificité française". Rappelons ici ce que rapportait dans son blog en 2007 Pierre Assouline des propos d'un historien connu sur cette question : "Henry Rousso est convaincu que, pour peu que l'on ait l'esprit porté au comparatisme, ce que l'on croit spécifiquement français est le plus souvent européen. Comme si, au fond, l'exception française tenait surtout à 'une perception imaginaire' que les Français ont d'eux-mêmes et de l'image de leur pays dans le monde".


HÉGÉMONIE

A ce refus se mêlaient également, à mon avis, deux questions supplémentaires : d'une part la tendance hégémonique du Mémorial qui, fort du soutien sans faille (puisque c'est dans sa mission) de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, rêve de dominer de manière exclusive le domaine de l'histoire et de la mémoire de la Shoah en France (en sont témoins nombre de plaintes que j'ai entendues lors de fructueux échanges en France avec différents lieux de mémoire). D'autre part, le fait qu'Israël ne soit pas en odeur de sainteté auprès d'un certains nombre de milieux enseignants de gauche, milieux qui sont, par ailleurs, souvent très actifs dans le domaine de la mémoire de la Shoah.

Toujours est-il que, sauf à l'époque où Joël Koteck était responsable du département formation du Mémorial, il a été impossible de travailler en coopération sur le plan éducatif. Après avoir annoncé avec fracas chaque été, à la fin du séminaire de juillet au Mémorial, pendant quatre ans, la tenue d'un séminaire troisième degré en Israël, séminaire qui était ensuite régulièrement renvoyé aux calendes grecques, le Mémorial a fini par faire venir un groupe d'enseignants en décembre 2009, mais en imposant un programme concocté uniquement, ou presque, par lui-même et reflétant essentiellement ces approches et préoccupations franco-parisiennes. On peut se demander si les billets d'avions ont été vraiment rentables.

Cette situation est dommageable, car ces deux instituts que sont Yad Vashem et le Mémorial de la Shoah à Paris ont tout intérêt à travailler ensemble et à unir leurs efforts. Mais le contenu du dernier numéro de la Revue d'Histoire de la Shoah semble montrer que les temps ne sont pas encore mûrs.




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Alain Michel a créé les séminaires en français de Yad Vashem en 1987 et a dirigé le bureau francophone de l'Ecole internationale de Yad Vashem de 2005 à 2009.

Alain Michel, historien, ancien directeur des séminaires de Yad Vashem

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