UNEJOURNEE
ENSOUVENIR
DELATTENTAT
CONTRELASYNAGOGUE
DELARUECOPERNIC
Source : la newsletter du CRIF
diffusée le 4 octobre
Discours de Richard Prasquier,
Président du CRIF
à la cérémonie de commémoration
de l’attentat de Copernic,
dimanche 3 octobre 2010
"Il y a eu un avant
et un après Copernic"
« A l’endroit où nous sommes, il y a exactement trente ans, c’était un spectacle d’enfer. Des voitures renversées et calcinées, le feu jusqu’aux étages, une colonne de fumée montant au ciel et des éclats de verre provenant des fenêtres brisées de la rue tout entière. Quatre corps sans vie, le concierge de l’hôtel en face, un chauffeur en attente, un motocycliste qui passait dans la rue et une femme achetant des fruits dans le magasin. Cette dernière était israélienne et militante pacifiste très active.
C’est à leur mémoire qu’est destinée avant tout cette cérémonie commémorative. Ils n’étaient pas les cibles de l’attentat, dont on sait aujourd’hui en certitude qu’il a été commis par des militants du Commandement Spécial du FPLP, un groupuscule terroriste palestinien. Ceux que les criminels voulaient assassiner étaient dans la synagogue. C’étaient des Juifs.
Vous me permettrez de citer un homme politique, cinq jours après l’attentat:« Le terrorisme est un crime sans visage qui, par sa nature même, ne frappe que des innocents. L’horreur qui s’y attache est encore aggravée par le fait que l’attentat visait ceux d’entre nous qui, il y a quarante ans à peine, ont connu des épreuves indicibles. Qui, depuis l’attentat, n’a cessé d’évoquer le long cortège de ces hommes, de ces femmes, et de ces enfants qui, par millions, ont disparu dans la nuit et le brouillard ? ».
Ces paroles magnifiques furent prononcées par M. Raymond Barre, Premier Ministre, dans son discours devant l’Assemblée Nationale le 8 octobre 1980.
Le même homme avait dit auparavant une phrase qui nous avait choqués et qui est restée gravée dans nos mémoires. Je pense que notre devoir aujourd’hui est de distinguer la maladresse de la malveillance.
Les Juifs, bouleversés s’était demandés, c’est vrai, si cette phrase valait exclusion de la communauté nationale quarante ans, jour pour jour, après la promulgation de l’infâme statut des Juifs.
La réponse de la République à cette époque, ce fut la superbe réaction du peuple français, par des manifestations massives contre l’antisémitisme dans les jours qui suivirent l’attentat de la rue Copernic. Je salue ici, en m’excusant pour mes oublis, ceux qui étaient ici il y a trente ans et qui le sont encore aujourd’hui, tels Madame Simone Veil, M. Robert Badinter, M. Bernard Henri Lévy, Messieurs les Grands Rabbins Sirat et Goldman
La réponse de la République aujourd’hui, Monsieur le Premier Ministre, c’est votre présence, celle du représentant du Président de la République, des différents corps de l’Etat, de la ville et de la Région et des représentants des cultes à cette cérémonie commémorative.
La question de l’intégration des Juifs en France ne se pose heureusement pas de nos jours. Mais la question de leur sécurité se pose malheureusement encore avec acuité. Les pouvoirs publics sont d’une vigilance extrême à laquelle il convient de rendre hommage.
Oui, il y a eu un avant et un après Copernic. Ici, on avait voulu tuer des Juifs, le maximum de Juifs possible à la sortie de leur synagogue. Des Juifs qui étaient venus pour prier, un double jour de fête. On avait voulu les tuer parce que, comme Juifs, ils étaient considérés comme les alliés d’Israël, qu’Israël était considéré comme le fer de lance de l’impérialisme et que la haine contre Israël était devenue un brevet commode d’entrée dans un mouvement révolutionnaire mondial marxiste dévoyé et sanglant.
Aujourd’hui, trente ans plus tard, tout a changé et rien n’a changé. On tue au nom d’une lecture dévoyée et criminelle de l’Islam, prétendant aussi apporter la révolution mondiale et gardant parmi ses cibles une prédilection particulière contre les Juifs, substituts d’un Israël présenté à l’opinion comme l’incarnation du mal.
Et c’est pourquoi, Monsieur le Premier Ministre, le jour espéré n’est pas encore venu, où les Juifs pourront vous dire que la protection policière ne leur est plus nécessaire.
C’est contre le risque effroyable de ces idéologies totalitaires, qui considèrent l’autre comme un ennemi ne méritant pas de vivre, que tous ensemble, quelles que soient nos opinions politiques, quelles que soient nos religions, nos situations économiques et les langues dans lesquelles nous nous exprimons, nous devons faire face en commun.
Trente ans après, le travail patient qui a abouti à la mise en cause d’un ressortissant canadien doit aller à son terme. Ce n’est pas, évidemment, le temps de la vengeance, mais ce ne doit pas être le temps de l’oubli. C’est le temps de la justice.
Je voudrais remercier tous ceux qui ont travaillé pour cette cérémonie, M. Claude Bloch et l’ensemble de l’ULIF ; M. Richard Odier et le Centre Simon Wiesenthal, Maitre Cahen et notre équipe du CRIF ainsi que les responsables de l’organisation matérielle et de la sécurité. Je remercie pour leur présence le Grand Rabbin de France et le Président des Consistoires, ainsi que tous les représentants religieux. Je remercie les représentants politiques et institutionnels. Je remercie les orateurs venus de loin, comme M. Irwin Cotler du Canada, et M. Guillermo Borger d’Argentine, ainsi que tous les participants au colloque. Je remercie les auteurs de l’enquête et du film sur l’affaire Copernic, et tous ceux qui, magistrats, policiers, journalistes, ont gardé la mémoire de cet attentat. Je remercie plus que tout les familles de victimes qui ont eu le courage de témoigner. »
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