"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma  Ed Universlam


CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

mercredi, octobre 27, 2010

PREMIEREJOURNEE
DAUDIENCE
DUPROCESENAPPEL
DUGANGDESBARBARES
Source : elsa.vigoureux.blogs.nouvelobs.com
en ligne le 26 octobre



Premier jour de ce procès en appel
du "gang des barbares"



Ambiance calme, mais grave. Les camions de CRS dorment sur le parking du tribunal de grande instance de Créteil. Les hommes sont nombreux dans la salle des pas perdus, où des rambardes empêchent tout accès à la Cour d'Assises. Il y a du monde. Des journalistes. La secrétaire général du parquet de Créteil, Brigitte Franceschini, qui accueille, renseigne, coordonne. Un groupe de jeunes militants avec des autocollants jaunes sur le torse, marqués "Ligue de défense juive". Une douzaine d'ados avec leurs casques de scooter aux bras, jeans, bombers, et kippas sur la tête. Ils ne parlent pas, ils brandissent de petites affichettes bleues qui jurent "Israël vivra, Israël vaincra". C'est un des "cadres" de l'organisation qui prend la parole pour eux. Avichaï a 40 ans, il avertit : "Nous sommes présents pour défendre les intérêts de notre communauté, les jeunes sont formés, on n'agresse pas, mais on peut se défendre". Et il précise que leur petit nombre ici présent n'est que "la partie émergée de l'iceberg". D'autres apparaîtraient s'il y avait un problème.

Les avocats débarquent de Paris, de la banlieue, de la province, déjà fatigués, déjà débordés, par ce que ce procès va leur coûter en énergie, en temps. En émotion aussi. L'affaire est lourde, comme ces valises à roulettes qu'ils traînent remplies des 8.000 pièces de procédure. Dans la salle d'audience, un box à droite, le plus sécurisé, un autre à gauche. Des écrans plats de part et d'autre de la cour. Un système de visioconférence a été installé pour l'occasion. Au cas où Youssouf Fofana, qui ne comparait pas cette fois, refuse de se déplacer à la barre, la cour pourra l'interroger à distance. Un dispositif qui a coûté de l'argent au tribunal, sans compter les 300.000 euros de travaux entrepris pour adapter les lieux à ce procès qui durera jusqu'au 17 décembre.

A 10 heures, l'huissier était content de lui. En ce premier jour d'audience, tout était en ordre. Les témoins avaient trouvé leur place, les jurés convoqués aussi. Manquaient seulement les accusés. Dix-sept personnes: trois filles, quatorze garçons. Dont quatre qui comparaissent libres. Ils sont entrés dans la salle avec une heure de retard, parce que l'un d'entre eux refusait de monter, après une fouille mouvementée. Nabil M., l'un des geôliers d'Ilan Halimi, a donc pénétré le box menotté. Tous ont décliné leur identité devant la cour, composée de son président, Olivier Leurent, de ses deux assesseurs juges des enfants à Créteil, Emmanuelle Robinson, et Guillaume Wickam. Samir, que les parties civiles désignent comme le numéro deux de Youssouf Fofana, a rasé ses cheveux depuis 2009. C'est à lui que le meurtrier d'Ilan Halimi a demandé en janvier 2006 de trouver un appartement pour y séquestrer sa victime. Gilles S., le gardien d'immeuble de la rue Prokofiev à Bagneux, sous camisole chimique depuis quatre ans et demi, tient à peine sur ses jambes, parle bas et articule mal. Il a fourni les clefs de l'appartement, puis celle de la cave où Ilan Halimi a été retenu pendant 24 jours. Les geôliers, Cédric, J-C, Yahia, Nabil, Fabrice, Jérôme, sont devenus des hommes, baraqués, le visage marqué par la détention. L'un des ravisseurs, Jean-Christophe S., est installé près d'eux. Il a enlevé Ilan Halimi, avec d'autres, deux personnes dont il n'a jamais donné les noms. L'appât est en face, les mêmes cheveux noirs longs, à l'extrême droite du box, assise à côté de sa copine Tifenn, celle qui lui a présenté Youssouf Fofana. Et la mère d'Ilan Halimi, accompagnée de ses filles, fait face. Même dignité qu'en première instance, avec sa peine à vie pour elle.

Après l'installation des douze jurés, six hommes, six femmes, et de leurs cinq remplaçants, le président de la cour a demandé au public de quitter la salle. Pour débattre de la question de la publicité des audiences. L'avocat de la principale partie civile, Me Francis Szpiner, arguant d'une jurisprudence européenne, a réclamé la levée du huis-clos, pour ne pas verser dans "une justice à caractère clandestin". Les avocats de deux accusés, mineurs à l'époque des faits qui leur sont reprochés, se sont accrochés aux droits de leurs clients. Gilles Antonowicz, qui représente avec Me Dominique Attias, les intérêts de Nour (1), a rappelé le contexte particulier de ce procès en appel : "On est là sur ordre du gouvernement, ce qui est déjà une atteinte grave à l'indépendance de la justice". Il estime par ailleurs que ce n'est pas à Nour de porter la responsabilité de ce choix d'une audience publique : "Si les débats avaient absolument dû être publics, les magistrats qui ont renvoyé ces accusés devant la cour, avaient les moyens de le permettre. Rien ne les empêchait de disjoindre le cas de ma cliente". Pour l'avocate Françoise Cotta, le véritable enjeu de ce procès est celui de la Justice : "Le président de la cour est renvoyé à tout moment de cette audience à son devoir d'indépendance, parce que personne n'oublie qu'il est là sur ordre". Vers 16 heures, il prenait la parole pour prononcer la publicité restreinte des débats de ce procès en appel. Et les portes se refermaient pour huit semaines d'audience.



(1) Le prénom a été changé en raison de la minorité de la jeune femme à l'époque des faits.

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