ISRAËL
LAFRACTURE
Source : ouest-france en ligne le 18 juin



Israël :
100 000 religieux contre l'état




Les juifs ultra-orthodoxes ont manifesté en nombre, hier, à Jérusalem, après une décision de la Cour suprême.


Jérusalem.
De notre correspondant



Un véritable bras de fer est engagé, en Israël, entre l'État et la communauté ultraorthodoxe ashkénaze (originaire d'Europe centrale). Celle-ci s'est livrée à une démonstration de force, hier, à Jérusalem et dans la ville religieuse de Bneï Brak, près de Tel Aviv. Combien étaient-ils ? « Probablement 100 000 concédait », Mickey Rosenfeld, le chef de la police, qui avait mobilisé 10 000 hommes en prévision d'accrochages.

La cause ? D'abord, un fait divers à caractère ethnocentrique. Dans la colonie d'Emmanuel (Cisjordanie), des familles ashkénazes refusent que les écoles de leurs filles doivent accueilir, aussi, des fillettes séfarades (d'origine nord-africaine et orientale). La Cour suprême d'Israël y voit de la ségrégation et elle a ordonné aux parents de mélanger les progénitures, sous peine de deux semaines de prison. « Plutôt la prison que de se soumettre aux lois de l'État », ont répondu les ultraorthodoxes.

Quatre-vingt-six parents ashkénazes devaient se présenter, hier, au commissariat central de Jérusalem, en vue de leur incarcération. Les dizaines de milliers de manifestants les « escortaient ». Ils reprochent à la Cour suprême non seulement sa décision, mais le fait qu'elle se mêle d'affaires qu'ils tiennent pour strictement religieuses.

Cet affrontement révèle la fracture grandissante entre la communauté ultraorthodoxe ashkénaze et les institutions laïques de l'État d'Israël. Les hommes en chapeaux et redingotes noires, très religieux et peu sionistes, sont de plus en plus visibles, du fait de leur démographie galopante. Ils tranchent avec l'opinion majoritaire en Israël, plutôt laïque et très nationaliste, qui pense qu'il vaut mieux défendre l'État juif par les armes que par la récitation de la Thora.