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DESASSASSINS
DILANHALIMI
Source : lefigaro.fr en ligne le 10 juillet à 20h 49
sur Diasporablog à 21h 24
«Gang des barbares» :
verdict dans un climat tendu
Cécilia Gabizon
La cour d'assises des mineurs de Paris devrait se prononcer dans la soirée sur le sort de Youssouf Fofana, jugé pour l'assassinat d'Ilan Halimi, et sur celui de 26 autres accusés.
Pour la famille Halimi, ce n'est pas Youssouf Fofana qui a tué Ilan, mais 27 personnes, chacune d'un geste, d'un coup, d'un silence lâche. Vingt-sept accusés qui ont contribué au dénouement tragique, le 13 février 2006, après trois semaines de séquestration. L'appât qui lui a tendu le piège, aussi cupide qu'indifférente. Le gardien d'immeuble qui pour quelques sous a prêté l'appartement où la victime a été retenue durant trois semaines. Les geôliers qui l'ont torturé. Tous méritent, selon les proches du jeune homme, une peine exemplaire. Or ce meurtre que la famille et une partie de la communauté juive jugent «collectif» redevient une somme d'actes individuels, de responsabilités fragmentées devant le tribunal. D'où l'amertume qui va peut-être accueillir le verdict attendu vendredi.
La sévérité de l'avocat général, Philippe Bilger, à l'égard de Youssouf Fofana, cerveau du «gang des barbares» contre lequel il a demandé la réclusion à perpétuité, était attendue. En revanche, le sort des petits soldats du crime s'est vite révélé l'enjeu de ce procès. Leurs avocats ont plaidé l'emprise, la peur du chef du gang. «Mais Fofana ne peut être l'excuse de tout le monde», avait souligné Me Francis Szpiner, le conseil de Ruth Halimi, la mère de la victime, qui insiste : «Rien n'est arrivé lorsque Jérôme a tout arrêté ou encore quand Nabil a refusé de couper le doigt de sa victime. Chacun avait donc sa liberté.»
Si ces seconds rôles ont tous demandé pardon, leurs silences persistants sur les noms des gros bras qui ont assommé Ilan lors de l'enlèvement montrent les limites de leur mea culpa. « En raison d'une amnésie collective, on ne sait pas non plus qui tenait l'arme et le rideau lors des séances photos, qui a pris le cliché et qui l'a envoyé à sa famille pour réclamer une rançon », avait relevé Me Filet, avocat des parties civiles. «À de nombreuses questions, les réponses sont restées courtes, soulignait encore un avocat. On a parfois menti, on a aménagé la vérité pour mieux se présenter.»
Sanctions jugées trop légères
Le réquisitoire a, lui, été taillé pour la justice ordinaire afin de déterminer des peines individualisées. À l'encontre des deux principaux lieutenants, Samir et Jean-Christophe, l'avocat général Philippe Bilger a réclamé 20 ans de réclusion criminelle. Des peines allant de 12 à 15 ans ont été requises contre les six «geôliers» d'Ilan Halimi. Une peine de 10 à 12 ans a été demandée contre la jeune femme ayant servi d'appât, âgée de 17 ans à l'époque. Philippe Bilger a souhaité que l'excuse de minorité, qui permet de diviser les peines par deux, ne profite ni à elle ni à l'autre accusé mineur, un des geôliers d'Ilan contre lequel 15 ans ont été requis.
Ces sanctions ont été jugées trop légères par une partie de la communauté juive qui voit dans le meurtre d'Ilan « la cristallisation de l'antisémitisme qui s'est développé dans certains quartiers de France ». Un encart anonyme dans l'hebdomadaire Actu J appelle à manifester lundi devant le ministère de la Justice. Vendredi, ils étaient quelques dizaines, massés en fin d'après-midi devant le Palais de justice. Certains pestaient contre un verdict rendu «tard dans la soirée, juste au moment de shabbat, alors que la famille Halimi est religieuse» ou encore soupçonnaient les autorités «d'avoir voulu éviter les débordements en délivrant le verdict après les journaux de 20 heures». D'importants renforts de gendarmerie étaient d'ailleurs placés devant le palais pour éviter des incidents.
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