LACRISE
ENIRAN
Source : lemonde.fr en ligne le 27 juin
De nombreux jeunes Iraniens sont tentés
par l'exil
Pour beaucoup de jeunes Iraniens, la présidentielle du 12 juin était celle de la dernière chance. Mir Hossein Moussavi élu, ils se seraient senti écoutés et se seraient impliqués dans la marche du pays. Mais quatre ans de plus sous Ahmadinejad, cela leur paraît insupportable. Ils semblent être nombreux à vouloir s'exiler, comme c'est déjà le cas pour près de 100 000 Iraniens chaque année, la plupart hautement qualifiés.
"Ils (les dirigeants) n'ont vraiment peur de rien, s'insurge Haleh, 24 ans, diplômée de langues étrangères. D'abord, ils annoncent des résultats invraisemblables, puis ils répriment dans le sang nos protestations. Quelle honte ! Je ne regrette pas d'être iranienne, mais de vivre en Iran, alors ça oui ! Depuis quelques jours, j'ai pris ma décision. Je veux quitter l'Iran le plus vite possible." Son cousin Amin vend des DVD dans une boutique. Lui aussi songe à l'exil : "Avant les élections, j'ai participé aux manifestations pour Moussavi. Et je me disais que j'étais bien ici, que les Iraniens étaient capables de se mobiliser pour une juste cause. Maintenant, plus rien ne me retient."
Fermées durant les événements, la plupart des ambassades occidentales ont rouvert et découvert à leur porte de longues files de jeunes diplômés en quête d'un visa. "Il y avait plus de 200 personnes mercredi devant le consulat du Canada", raconte Marjane, 26 ans, qui y a récupéré son visa pour faire un doctorat de biotechnologie à Toronto. "J'ai eu le visa avant les élections et j'avais décidé de ne pas y aller, parce que je viens de me marier, dit-elle. Mais on a parlé avec mon mari. Je pars cet été et il essaiera de me rejoindre le plus vite possible." Sur les 20 étudiants qui ont obtenu leur master en même temps que Marjane, 19 seraient déterminés à partir.
La désaffection tente jusqu'aux proches de Moussavi. Fatemeh, journaliste, a reçu ces dernières années des invitations à des conférences en Allemagne, aux Pays-Bas... Elle a toujours refusé, par peur de représailles au retour : "Je pensais que c'était en Iran que je pouvais être utile, et je voulais préserver ma marge de manoeuvre sans afficher mes liens avec l'étranger." Depuis quelques jours, elle envoie une série de courriels pour solliciter les institutions qu'elle avait tenues à distance. "Leurs invitations, à l'époque, étaient pour une ou deux semaines. Maintenant, je leur demande s'ils n'auraient pas quelque chose pour deux ou trois ans. J'espère qu'ils comprendront !"
Serge Michel
Revue de presse, panorama du monde, blog de lutte contre l'antisémitisme et le racisme, ouvert au dialogue, l'autre image d'Israël, la culture juive à la rencontre de toutes les cultures, le monde juif tel qu'il est.
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