"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

mercredi, mars 25, 2009

REMISENQUESTION
DELARMEE

ISRAELIENNE
Source : courrierinternational.com via Yediot Aharonot



Où est passé le "code moral" de l'armée ?



Durant la dernière opération de l'armée israélienne à Gaza, la hiérarchie militaire n'a pas appelé les soldats à faire preuve de retenue devant les civils palestiniens.


Les troupes israéliennes ont-elles vraiment violé le "code moral" de Tsahal ? Les militants de l'organisation Shovrim Shtika [Briser le silence, une organisation de soldats ayant servi dans les Territoires occupés] sont en train de recueillir un nombre impressionnant de témoignages auprès des soldats et des officiers qui ont participé à l'opération Plomb durci [attaque israélienne contre Gaza en décembre 2008 et janvier 2009]. Ce qui commence à ressortir des récits de combattants d'unités très diverses, c'est que ce "code moral" n'a pas été violé, mais que son énoncé a tout simplement été révisé par les officiers supérieurs israéliens qui ont planifié et déclenché l'attaque sur Gaza.

Il y a quelques mois, invité à la Mekhina [école d'instruction préparatoire au service militaire] d'Oranim [un village de Galilée], par d'anciennes recrues, j'avais projeté un film amateur réalisé par un soldat et où l'on voyait d'autres soldats battre des Palestiniens à un barrage. "Voilà ce que la force fait de vous", leur avais-je expliqué. "Et n'attendez surtout pas de votre hiérarchie militaire qu'elle veille au respect des valeurs humaines." Face à des jeunes recrues fraîchement sorties du lycée et qui suivent une instruction sur des collines idylliques, il est difficile de rendre l'atmosphère qui règne aux barrages. Je leur ai donc expliqué qu'on pourrait leur donner l'ordre d'abattre tout individu marchant dans les rues de Naplouse durant les opérations nocturnes de l'armée israélienne. J'ai également tenté de rendre palpable l'atmosphère qui régnait dans mon unité en octobre 2000, au barrage de Kissoufim, dans la bande de Gaza : tout le monde voulait tuer, et beaucoup. Quant aux instructions qui nous étaient transmises oralement, elles n'étaient pas faites pour nous retenir. C'était même tout le contraire. Les soldats qui sont récemment revenus du champ de bataille et ont osé dire la vérité démontrent que les ordres restent inchangés et que tout désir de retenue reste exceptionnel et voué à l'échec. La suite du scénario est rodée depuis des années.

Pressée par les médias et l'opinion, la justice militaire va promettre d'enquêter, mais l'instruction sera menée à charge contre de simples conscrits que l'on fera taire. Les conclusions de ces enquêtes sont connues d'avance et n'attendent plus qu'à être publiées : les forces armées israéliennes ont veillé en permanence au respect des valeurs supérieures de la morale et les cas incriminés n'ont été que des exceptions. Ensuite, les porte-parole de l'armée monteront en épingle le cas de ces rares soldats qui ont décidé de ne pas abattre de civils palestiniens et n'ont pas hésité à mettre leurs vies en danger. Peut-être même nous édifiera-t-on sur le cas de cet ambulancier israélien qui a administré les premiers soins à un Palestinien de Gaza. Au final, l'enquête sera clôturée et les soldats qui ont osé témoigner se verront reprocher d'avoir pris le risque de salir leur unité en se focalisant sur un incident isolé.

Il n'empêche. Le portrait d'ensemble qui commence à ressortir des témoignages que nous sommes en train de recueillir auprès des combattants de Gaza est extrêmement grave. Il apparaît en effet que c'est uniquement parmi les soldats de terrain qu'il s'est trouvé des éléments modérateurs pour atténuer la portée des ordres venus d'en haut et qui poussaient les engagés à tuer pour tuer et à détruire pour détruire. Je suggère à Tsahal et à ses porte-parole de plancher sur un scénario novateur pour les mois à venir.

Il serait ainsi bon que l'armée, tout comme l'échelon politique et l'opinion israélienne, se penche franchement sur les valeurs de notre état-major et sur la moralité des ordres reçus par nos soldats, plutôt que de s'acharner à jeter l'opprobre sur quelques "individus isolés". Il serait également bon que, nous tous, nous commencions à nous interroger sur l'objectif réel de l'opération Plomb durci et sur l'état d'esprit que les responsables de l'armée ont entretenu parmi nos soldats. Quels étaient les ordres ? Et comment était désignée la population palestinienne ? Dans quelques mois, lorsque le recueil complet des témoignages sera publié, il ne sera plus possible d'incriminer uniquement les simples soldats.

Certes, certains d'entre eux ont manifestement éprouvé du plaisir à assassiner de simples civils. "C'est ça qui est chouette à Gaza, tu vois quelqu'un sur un chemin et il ne faut même pas qu'il ait une arme pour que tu puisses tout simplement lui tirer dessus", raconte d'ailleurs un soldat. D'autres ont joué à qui détruirait le plus de maisons. Mais tous ont obéi aux ordres et ont agi en fonction d'un état d'esprit entretenu par Tsahal. Les véritables exceptions dans cette histoire, ce sont ces rares soldats qui s'abstiennent de tuer des civils, de détruire des maisons et de piller des biens. Et ceux qui, plus rares encore, sont prêts à dire la vérité à l'opinion israélienne. * Officier israélien, membre de Shovrim Shtika.



Noam Hayot*
Yediot Aharonot

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