LESANTILLES
ENEBULITION
Source : lefigaro.fr en ligne le 16 février
«Plus de 8 000 emplois seront détruits
en Guadeloupe»
Propos recueills
par Cyrille Louis
INTERVIEW - Le président du Mouvement des entrepreneurs de Guadeloupe (MEG) livre sa première estimation du coût économique que risque d'entraîner le mouvement de grève initié fin janvier.
Le FIGARO.
Voici bientôt quatre semaines que la Guadeloupe est paralysée par le mouvement de grève du collectif LKP. Le patronat est-il en mesure d'évaluer les conséquences économiques de cette situation ?
Willie Angèle.
Samedi, j'ai réuni les responsables du MEG afin que nous puissions procéder à une première estimation, qui paraît particulièrement alarmante. Selon ce calcul, entre 800 et 1400 entreprises devraient déposer le bilan d'ici à la fin 2009. Par ailleurs, entre 8 000 et 12 000 emplois vont être détruits cette année, sur les 79 000 emplois que compte actuellement le secteur privé guadeloupéen. Au total, le mouvement devrait coûter l'équivalent de 10% du produit intérieur brut de l'île, soit 775 millions d'euros. Or, ce sont vraisemblablement les petites entreprises qui seront le plus durement touchées et non celles qui détiennent de soit disant rentes de situations, comme l'affirme le collectif LKP.
Pour sortir de la crise, les patrons ne devraient-ils pas consentir l'effort financier exigé par les grévistes?
De toute évidence, il n'est pas possible que les entreprises guadeloupéennes financent l'octroi d'une prime de 200 euros bruts aux 40 000 salariés qui touchent moins de 1,6 smic. En effet, la plupart des bas salaires sont employés par des entreprises qui comptent moins de dix salariés et se trouvent, pour 60% d'entre elles, confrontées à des dettes sociales et fiscales. Elles n'ont donc plus de trésorerie !
Dans ce contexte, que peut le MEG ?
Depuis près d'un mois, nous répétons que nous sommes confrontés à une crise de société à laquelle il est nécessaire de répondre par une méthode de long terme et un projet de territoire. Aujourd'hui, nous sommes prêts à tout mettre à plat, y compris les fameuses rentes de situation. Nous n'avons plus le droit d'éluder le problème mais il faut l'aborder calmement, sans faire de telle ou telle catégorie de la population guadeloupéenne un bouc émissaire. Dans une société métissée, qui a un passé extrêmement traumatique marqué par le racisme et le colonialisme, un tel discours risquerait d'être extrêmement dangereux.
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