SUR
LANTISEMITISME
Source : mediapart.fr en ligne le 28 janvier
L'antisémitisme. Essayer de l'analyser pour mieux le combattre
28 jan 2009
Par M Philips
Je ne suis pas juif. L’antisémitisme m’est toujours apparu comme l’expression des plus bas instincts humains. J’appartiens à une génération qui est apparue alors que 6 millions de juifs étaient en train d’être massacrés. En ces temps là, on ne parlait pas, ou peu, de ces choses là.
Aujourd’hui, 60 ans plus tard, je voudrais faire part de mes réflexions.
L’antisémitisme est une forme de racisme. Le racisme, une tendance avec laquelle tous les humains doivent compter. Il ne s’agit en aucun cas de le justifier. Seulement d’essayer d’en analyser les mécanismes d’existence pour pouvoir mieux le dépasser et s’y opposer.
Mon hypothèse est que tous les humains ont en eux quelque chose d’irrationnel, de viscéral, de primitif, d’animal qui est une composante de ce qui deviendra ensuite ce que l’on appelle xénophobie, racisme et antisémitisme.
S’y ajoute, selon moi, deux autres facteurs, qui, eux, n’ont rien d’animal et qui sont totalement humains. Je veux parler en premier d’un mécanisme psychologique assez primaire et général, présent notamment chez tous les enfants et qu’on pourrait traduire par « Ce n’est pas moi, c’est l’autre ». Un refus simpliste des responsabilités, un mécanisme primaire pour se "protéger".
L’autre mécanisme est tout aussi universel et présent chez tous les humains, dès lors qu’ils se refusent à réfléchir un peu. Il consiste à toujours vouloir trouver une explication à tout. C’est le résultat de caractéristiques humaines, la curiosité et la peur. Face à leurs angoisses, de tous temps, les hommes ont cherché à trouver des réponses, des explications. « Le tonnerre est provoqué par la colère d’un dieu, le sens de notre vie est dans une religion, si le destin nous apporte un malheur, c’est que nous avons fauté, etc, etc. ». Il ne s’agit évidemment pas de critiquer la curiosité humaine, formidable moteur à l’origine d’innombrables découvertes. Et de même pour l’angoisse, à l’origine d’œuvres artistiques merveilleuses. Je fais simplement un constat !
Ce mécanisme, quand il est tourné contre certains humains ou groupes d’humains, porte un nom. C’est le BOUC EMISSAIRE. Il consiste à faire porter le chapeau de certaines de nos difficultés par certains. Exemple typique de la doctrine nazie : « Si le chômage s’aggrave, c’est la faute du lobby financier juif. » C’est simple, c’est facile, ça rassure…et ça ouvre une porte sur une solution.
« Vous vivez dans l’insécurité ? On va vous débarrasser de cette racaille ! Passer le quartier au Karcher !» Simple, facile, efficace.
Pour combattre cette absurdité que constitue l’antisémitisme, il nous faut donc nous tourner vers le plus profond de nous-même, reconnaître les fonctionnements primitifs et animaliers qui sont toujours à l’œuvre dans notre cerveau d’humain. Qu’en connaissant mieux les autres, il est possible de moins les craindre et de dépasser ainsi la xénophobie.
Il nous faut aussi dépasser nos réflexes enfantins et accepter de porter le poids de nos responsabilités à chacun. Etre des adultes et reconnaître que nous avons souvent une part de responsabilité dans ce qui nous arrive.
Essayer enfin d’accepter cette idée qu’il n’y a pas toujours de réponses à nos questions. Qu’il nous faut vivre avec ces incertitudes, ces questionnements. Qu’il est ridicule de vouloir à tout prix trouver un coupable, ridicule, parfois intolérable, de toujours vouloir faire porter le chapeau par d’autres.
En définitive, pour moi, les meilleurs moyens de lutter contre l’antisémitisme trouveront donc leur origine dans des appels, non pas « aux bons sentiments » ou « au bon sens », mais dans des appels tournés vers notre cortex cérébral, vers notre raison, vers notre capacité d’analyse et de réflexion. Ce n’est qu’en réfléchissant ensemble pour ce qui concerne notre fonctionnement humain et en dépassant les côtés les plus primitifs, les plus infantiles, les plus primaires de notre être que nous pouvons arriver à ce stade adulte qui nous fera dépasser la xénophobie, dépasser le racisme, refuser le bouc émissaire et ne jamais être antisémite. Tout le contraire de la démagogie ! Un vrai travail. Tout le contraire d'une démarche aisée.
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