LELEADERDULIKOUD
ENVISITEAPARIS
Source : lefigaro.fr en ligne le 18 décembre
Nétanyahou :
«Il faut d'abord créer
les conditions économiques de la paix»
Propos recueillis
par Adrien Jaulmes et Pierre Rousselin
Favori pour succéder au premier ministre israélien Ehoud Olmert après les élections du 10 février, le chef du Likoud a été reçu jeudi par le président Nicolas Sarkozy.
LE FIGARO. - Vous avez pris vos distances par rapport au processus de négociation avec les Palestiniens établi à la Conférence d'Annapolis, il y a un an. Pourquoi ?
Benyamin NÉTANYAHOU. - Ce n'est pas le processus qui est en cause mais la substance. Nous allons continuer à négocier avec l'Autorité palestinienne en y ajoutant un volet : celui de la paix économique. Un développement rapide de la Cisjordanie est possible si nous coopérons et levons les obstacles à la croissance. La paix économique n'est pas un substitut à une paix politique mais c'est un préalable parce que l'Autorité palestinienne doit être renforcée par rapport au Hamas. C'est une voie réaliste vers la paix que j'entends promouvoir.
Êtes-vous favorable à un État palestinien ?
Je ne veux pas qu'Israël gouverne les Palestiniens. Ils doivent se gouverner eux-mêmes et disposer de tous les pouvoirs pour cela, à l'exception de ceux qui menacent la sécurité d'Israël. Cela concerne le pouvoir d'avoir une armée, de contrôler l'espace aérien ou l'espace électromagnétique. L'étendue des pouvoirs qu'ils auront sera l'objet des négociations pour un règlement final. La grande majorité des Israéliens est d'accord avec moi pour dire que les Palestiniens ne doivent pas disposer de pouvoirs qui menacent Israël.
Le gouvernement actuel envisagerait un retrait de 93 % de la Cisjordanie. Qu'en pensez-vous ?
Nous ignorons ce qui a été offert. Ce qui est clair, c'est que le gouvernement n'a pas un mandat pour négocier. Nous, nous négocierons sur la base d'un large consensus. Israël cherchera à conserver des frontières qui peuvent être défendues mais ne veut pas contrôler la population palestinienne. Une grande partie de la Cisjordanie, dans la vallée du Jourdain ou le désert de Judée, n'est pas peuplée. Il faudra négocier.
Mais laissez-moi remettre les choses dans leur contexte. Depuis Oslo, le processus de paix va à l'échec et n'a fait qu'engendrer plus de violence. La méthode qui consiste à se retirer de territoires sans concessions n'a abouti qu'à les livrer à des mouvements islamistes alliés à l'Iran, le Hezbollah au Liban et le Hamas à Gaza. Nous ne pouvons accepter que la Cisjordanie devienne une troisième base de fondamentalistes islamistes pour attaquer Israël.
Quelles sont nos options ?
Il y en a trois. La première : répéter les mêmes erreurs, c'est-à-dire nous retirer de Cisjordanie comme le souhaite Kadima. La seconde : ne rien faire, mais ce n'est pas une solution. Nous en proposons une troisième : favoriser l'émergence d'un partenaire crédible et renforcer les modérés parmi les Palestiniens. Pour cela, il faut créer les conditions d'un développement économique rapide. Mon plan se base sur l'idée selon laquelle la prospérité économique permet de préparer un règlement politique et non l'inverse. Je me fonde sur les exemples de l'Irlande du Nord ou de Chypre. Il est absurde de continuer à vouloir construire la pyramide de la paix de haut en bas en commençant par les questions les plus difficiles : les réfugiés palestiniens et Jérusalem. Il faut, au contraire, bâtir d'abord les fondations. Il n'y a là aucun stratagème visant à arrêter les négociations de paix.
Que pensez-vous de la proposition française d'une police internationale pour garantir l'accès aux Lieux saints de Jérusalem?
Jérusalem doit rester la capitale indivisible d'Israël sous contrôle israélien, les Lieux saints disposant d'un statut spécial garantissant l'accès de toutes les religions.
Si vous êtes élu, quelle coalition de gouvernement envisagez-vous de former ?
J'ai fait une erreur en 1996 en refusant de faire entrer Shimon Pérès dans mon gouvernement. Cette fois, nous avons besoin d'un gouvernement d'union nationale pour faire face à trois énormes défis : le tsunami économique, l'Iran et ses alliés qui constituent une menace considérable pour Israël, pour la région et pour la paix, et enfin obtenir une paix satisfaisante avec les Palestiniens.
George W. Bush est considéré comme le président américain le plus proche d'Israël. Avec l'arrivée à la Maison-Blanche de Barack Obama, redoutez-vous de subir des pressions de la part des États-Unis ?
Je ne crois pas beaucoup aux pressions. Barack Obama est un esprit ouvert. Il a une très bonne compréhension des dangers communs qui nous menacent. La dernière fois que je l'ai rencontré, il y a deux mois à Jérusalem, je lui ai parlé de mon idée de promouvoir une paix économique tout en continuant les négociations politiques. Il s'est montré intéressé. Il n'est pas nécessairement lié par les politiques traditionnelles de ses prédécesseurs et reste ouvert à des nouvelles approches pour parvenir à la paix. Il aura très vite à affronter la question de l'Iran.
Obama est prêt à parler aux ennemis des États-Unis. Êtes-vous d'accord avec lui ?
Ce qui compte n'est pas la méthode, ce sont les résultats. Vis-à-vis de l'Iran, les sanctions ont un effet. Deux événements majeurs créent une nouvelle situation. D'abord, les graves problèmes économiques que connaît le régime iranien avec la chute des cours du pétrole et, ensuite, l'énorme prestige politique dont dispose le président élu Obama. Il faut absolument arrêter le programme nucléaire iranien car un Iran nucléaire est une menace pour l'État juif mais encouragerait aussi tous les mouvements terroristes islamistes. Personne ne peut rester les bras croisés devant la perspective de voir des organisations radicales avoir accès à un régime qui peut leur fournir des armes de destruction massive. Le président Sarkozy comprend cette menace et en a parlé avec détermination. Le changement d'attitude de la France est un événement important. Cela ne remet pas en cause les relations de la France avec la grande majorité des pays arabes parce qu'ils sont, eux aussi, menacés.
Que pensez-vous du dialogue avec la Syrie ?
Je suis sceptique. Le président Assad ne donne pas l'impression de vouloir se séparer de l'Iran comme le président Sadate avait rompu avec l'URSS avant de faire la paix avec Israël. La Syrie joue un double jeu. Tout en parlant aux Occidentaux et à Israël, elle continue de livrer des armes au Hezbollah, d'accueillir la direction du Hamas et de coopérer avec le terrorisme international en Irak. Je ne pense pas qu'une décision claire ait été prise à Damas.
Quelles sont vos relations avec le président Sarkozy ?
Nous nous connaissons depuis 2002. Il est un ami personnel et un grand ami d'Israël. Il a compris qu'il pouvait avoir de bonnes relations avec Israël sans compromettre les intérêts de la France dans le monde arabe. C'est quelque chose d'évident mais ça ne l'était pas en France avant lui. Nous pouvons avoir nos désaccords mais dans un climat d'amitié. C'est très encourageant. Aujourd'hui, l'image de la France en Israël est bien meilleure qu'elle ne l'était.
ENVISITEAPARIS
Source : lefigaro.fr en ligne le 18 décembre
Nétanyahou :
«Il faut d'abord créer
les conditions économiques de la paix»
Propos recueillis
par Adrien Jaulmes et Pierre Rousselin
Favori pour succéder au premier ministre israélien Ehoud Olmert après les élections du 10 février, le chef du Likoud a été reçu jeudi par le président Nicolas Sarkozy.
LE FIGARO. - Vous avez pris vos distances par rapport au processus de négociation avec les Palestiniens établi à la Conférence d'Annapolis, il y a un an. Pourquoi ?
Benyamin NÉTANYAHOU. - Ce n'est pas le processus qui est en cause mais la substance. Nous allons continuer à négocier avec l'Autorité palestinienne en y ajoutant un volet : celui de la paix économique. Un développement rapide de la Cisjordanie est possible si nous coopérons et levons les obstacles à la croissance. La paix économique n'est pas un substitut à une paix politique mais c'est un préalable parce que l'Autorité palestinienne doit être renforcée par rapport au Hamas. C'est une voie réaliste vers la paix que j'entends promouvoir.
Êtes-vous favorable à un État palestinien ?
Je ne veux pas qu'Israël gouverne les Palestiniens. Ils doivent se gouverner eux-mêmes et disposer de tous les pouvoirs pour cela, à l'exception de ceux qui menacent la sécurité d'Israël. Cela concerne le pouvoir d'avoir une armée, de contrôler l'espace aérien ou l'espace électromagnétique. L'étendue des pouvoirs qu'ils auront sera l'objet des négociations pour un règlement final. La grande majorité des Israéliens est d'accord avec moi pour dire que les Palestiniens ne doivent pas disposer de pouvoirs qui menacent Israël.
Le gouvernement actuel envisagerait un retrait de 93 % de la Cisjordanie. Qu'en pensez-vous ?
Nous ignorons ce qui a été offert. Ce qui est clair, c'est que le gouvernement n'a pas un mandat pour négocier. Nous, nous négocierons sur la base d'un large consensus. Israël cherchera à conserver des frontières qui peuvent être défendues mais ne veut pas contrôler la population palestinienne. Une grande partie de la Cisjordanie, dans la vallée du Jourdain ou le désert de Judée, n'est pas peuplée. Il faudra négocier.
Mais laissez-moi remettre les choses dans leur contexte. Depuis Oslo, le processus de paix va à l'échec et n'a fait qu'engendrer plus de violence. La méthode qui consiste à se retirer de territoires sans concessions n'a abouti qu'à les livrer à des mouvements islamistes alliés à l'Iran, le Hezbollah au Liban et le Hamas à Gaza. Nous ne pouvons accepter que la Cisjordanie devienne une troisième base de fondamentalistes islamistes pour attaquer Israël.
Quelles sont nos options ?
Il y en a trois. La première : répéter les mêmes erreurs, c'est-à-dire nous retirer de Cisjordanie comme le souhaite Kadima. La seconde : ne rien faire, mais ce n'est pas une solution. Nous en proposons une troisième : favoriser l'émergence d'un partenaire crédible et renforcer les modérés parmi les Palestiniens. Pour cela, il faut créer les conditions d'un développement économique rapide. Mon plan se base sur l'idée selon laquelle la prospérité économique permet de préparer un règlement politique et non l'inverse. Je me fonde sur les exemples de l'Irlande du Nord ou de Chypre. Il est absurde de continuer à vouloir construire la pyramide de la paix de haut en bas en commençant par les questions les plus difficiles : les réfugiés palestiniens et Jérusalem. Il faut, au contraire, bâtir d'abord les fondations. Il n'y a là aucun stratagème visant à arrêter les négociations de paix.
Que pensez-vous de la proposition française d'une police internationale pour garantir l'accès aux Lieux saints de Jérusalem?
Jérusalem doit rester la capitale indivisible d'Israël sous contrôle israélien, les Lieux saints disposant d'un statut spécial garantissant l'accès de toutes les religions.
Si vous êtes élu, quelle coalition de gouvernement envisagez-vous de former ?
J'ai fait une erreur en 1996 en refusant de faire entrer Shimon Pérès dans mon gouvernement. Cette fois, nous avons besoin d'un gouvernement d'union nationale pour faire face à trois énormes défis : le tsunami économique, l'Iran et ses alliés qui constituent une menace considérable pour Israël, pour la région et pour la paix, et enfin obtenir une paix satisfaisante avec les Palestiniens.
George W. Bush est considéré comme le président américain le plus proche d'Israël. Avec l'arrivée à la Maison-Blanche de Barack Obama, redoutez-vous de subir des pressions de la part des États-Unis ?
Je ne crois pas beaucoup aux pressions. Barack Obama est un esprit ouvert. Il a une très bonne compréhension des dangers communs qui nous menacent. La dernière fois que je l'ai rencontré, il y a deux mois à Jérusalem, je lui ai parlé de mon idée de promouvoir une paix économique tout en continuant les négociations politiques. Il s'est montré intéressé. Il n'est pas nécessairement lié par les politiques traditionnelles de ses prédécesseurs et reste ouvert à des nouvelles approches pour parvenir à la paix. Il aura très vite à affronter la question de l'Iran.
Obama est prêt à parler aux ennemis des États-Unis. Êtes-vous d'accord avec lui ?
Ce qui compte n'est pas la méthode, ce sont les résultats. Vis-à-vis de l'Iran, les sanctions ont un effet. Deux événements majeurs créent une nouvelle situation. D'abord, les graves problèmes économiques que connaît le régime iranien avec la chute des cours du pétrole et, ensuite, l'énorme prestige politique dont dispose le président élu Obama. Il faut absolument arrêter le programme nucléaire iranien car un Iran nucléaire est une menace pour l'État juif mais encouragerait aussi tous les mouvements terroristes islamistes. Personne ne peut rester les bras croisés devant la perspective de voir des organisations radicales avoir accès à un régime qui peut leur fournir des armes de destruction massive. Le président Sarkozy comprend cette menace et en a parlé avec détermination. Le changement d'attitude de la France est un événement important. Cela ne remet pas en cause les relations de la France avec la grande majorité des pays arabes parce qu'ils sont, eux aussi, menacés.
Que pensez-vous du dialogue avec la Syrie ?
Je suis sceptique. Le président Assad ne donne pas l'impression de vouloir se séparer de l'Iran comme le président Sadate avait rompu avec l'URSS avant de faire la paix avec Israël. La Syrie joue un double jeu. Tout en parlant aux Occidentaux et à Israël, elle continue de livrer des armes au Hezbollah, d'accueillir la direction du Hamas et de coopérer avec le terrorisme international en Irak. Je ne pense pas qu'une décision claire ait été prise à Damas.
Quelles sont vos relations avec le président Sarkozy ?
Nous nous connaissons depuis 2002. Il est un ami personnel et un grand ami d'Israël. Il a compris qu'il pouvait avoir de bonnes relations avec Israël sans compromettre les intérêts de la France dans le monde arabe. C'est quelque chose d'évident mais ça ne l'était pas en France avant lui. Nous pouvons avoir nos désaccords mais dans un climat d'amitié. C'est très encourageant. Aujourd'hui, l'image de la France en Israël est bien meilleure qu'elle ne l'était.
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