LENOUVEAU
WOODYALLEN
ESTARRIVE...
ACANNES
Source : la newsletter du figaro.fr diffusée le 17 mai
Woody Allen au centre
du triangle amoureux
Propos recueillis
par Emmanuèle Frois et Jean-Luc Wachthausen
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Le cinéaste présente hors compétition son nouveau film, une histoire d'amour mouvementée.
La suite de l'Hôtel Martinez, vendredi après-midi. À peine débarqué de son avion, Woody Allen est déjà au travail, se pliant avec grâce à la promotion de son nouveau film, le quarantième de sa carrière et le dixième sélectionné hors compétition à Cannes. «Vicky Cristina Barcelona» : un titre en forme de rébus où, une fois encore, il se penche sur les mystères de l'amour. L'histoire ? Deux jeunes Américaines au caractère opposé (Rebecca Hall, alias la classique Vicky, et Scarlett Johansson, la délurée Cristina) se retrouvent en vacances à Barcelone où elles rencontrent Juan Antonio (Javier Bardem), un peintre au charme irrésistible auquel elles ne résisteront d'ailleurs pas… Tout se précipite jusqu'au jour où l'ex-femme d'Antonio Maria Helena (Penélope Cruz) réapparaît… Explications de l'auteur qui après la tragédie (Le Rêve de Cassandre) se tourne avec délectation vers la romance.
LE FIGARO.
Comment avez-vous imaginé l'intrigue de ce nouveau film ?
Woody ALLEN.
C'est une histoire romantique que j'avais à l'esprit depuis longtemps. Et j'ai pensé que cela ferait un bon sujet à condition que l'intrigue se déroule dans une ville spécifique. C'est pour cela que j'ai choisi Barcelone parce que tout comme Paris, Rome et Venise, ce sont des lieux que je trouve très exotiques. Il y a une atmosphère très particulière, presque magique. Je crois que je n'aurais pas pu tourner à Londres comme mes trois derniers films.
Une ville parfaite pour cette comédie sentimentale et érotique ?
Pour moi, Vicky Cristina Barcelona est plus une romance qu'une comédie romantique. C'est d'abord une histoire de passion, d'émotions et d'amour très violent.
Comme d'habitude, les femmes jouent un rôle essentiel…
Oui, mais Javier Bardem a aussi un rôle important. Je dirais que c'est une sorte d'étude de caractères sur des femmes opposées. Il y a la classique Vicky qui rêve d'une vie bourgeoise, rangée avec mari et enfants. Cristina est la plus imprévisible, qui rêve d'une vie excitante mais ne sait pas vraiment ce qu'elle désire à la différence de Vicky. Et, enfin, Maria Elena qui a un tempérament de feu et entretient avec son ex-mari des relations passionnelles.
Le personnage de Javier Bardem est-il l'archétype de l'amant latin ?
C'est plutôt une figure imaginaire, très virile, bigger than life, plus grande que la vie. Sa conception de l'existence est généreuse, ouverte, passionnée.
Un homme que vous auriez aimé être ?
Oui ! (rire) Bien sûr. Tout le monde aimerait voir les choses de la vie comme lui. Mais malheureusement la plupart de ces personnages n'existent que dans les films. Dans la vraie vie, ce sont des êtres difficiles à supporter et qui font des dégâts autour d'eux.
Où puisez-vous ce genre d'histoire, dans votre vie, dans la littérature ?
La littérature romantique et son équation entre la folie et la créativité m'ont beaucoup influencé, au même titre que la vie de tous les jours. Pourtant, si l'on observe un artiste comme Van Gogh, je crois que sa folie l'a blessé, l'a sans doute rendu moins productif et a écourté sa vie. En fait, la folie et la créativité ne sont pas toujours liées.
Quel genre d'artiste êtes-vous ?
Je suis un non artiste ! Vous savez, je ne suis qu'un être humain avec plein de problèmes.
Que trouvez-vous de particulier à Scarlett Johansson qui tourne pour la troisième fois sous votre direction ?
Elle a tout pour elle. Le talent, l'intelligence, la beauté. Elle est unique.
Et Penélope Cruz ?
Étonnante ! En fait, j'ai écrit ce film pour Javier Bardem et elle.
On dit qu'il y a beaucoup de scènes érotiques. Vrai ?
Non. Il y a certaines scènes d'amour qui sont réalistes, mais sans plus. Le sexe n'est pas le moteur principal de mon film. S'il y a un triangle amoureux, ce n'est pas au sens conventionnel du terme parce qu'il va renforcer un couple qui va se reconstruire.
Vicky Cristina Barcelona est-il dans la lignée de Manhattan ou Annie Hall ?
Je crois que celui-ci est plus sérieux, profond, différent parce que tourné dans une ville qui a sa propre identité, très méditerranéenne. L'histoire est plus inhabituelle que dans mes précédents films. Elle est complexe, mais pas sombre.
Diriez-vous que Vicky Cristina Barcelona est un film plus européen qu'américain ?
Oui parce que j'aimerais qu'il rappelle les films italiens de Vittorio De Sica, Pietro Germi, Fellini, et aussi les films de Truffaut, Godard, Resnais que j'ai vus dans les années 1960. À Hollywood, ce genre de romance serait plus commercial. Le fait d'avoir tourné à Barcelone m'a permis de me sentir plus libre.
Allez-vous enfin tourner un film à Paris ?
J'adorerais ça mais c'est beaucoup trop cher. Vous savez, je tourne des films à petit budget, à 15 millions de dollars comme Vicky Cristina Barcelona. Pourtant, Paris m'inspire parce qu'on peut tout y raconter : l'amour, le drame, la comédie, les crimes passionnels.
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