MESSAGE
DU PRESIDENT
DELACOMMUNAUTEJUIVE
DECRETEIL

Les responsables communautaires qui expriment leurs volontés de voir les instances de la communauté juive en France se reformer sont suffisamment rares pour que la parole et les voeux de Maître André Benayoun, Président de l'importante Communuaté juive de Créteil dans le Val-de-Marne, soient plus largement diffusés et servent à déclancher enfin un débat sur la modernisation des structures juives de ce pays.

Ce message que nous republions sur notre blog a été publié dans un numéro récent de l'hebdomadaire "ACTUALITES JUIVES".
Nous remercions Me Benayoun de nous avoir autorisé à le reproduire.
Nous espérons bien évidemment avoir vos réactions, vos suggestions sur les changements que vous souhaitez voir réalisés dans la communauté par ceux qui la gèrent et la dirigent.

DIASPORABLOG



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MESSAGE AUX CANDIDATS
AUX POSTES DE GRAND RABBIN DE France,
DE GRAND RABBIN DE PARIS
ET DE PRESIDENT DU CONSISTOIRE
DE FRANCE



La crise actuelle de notre Communauté est-elle la conséquence d’une situation temporaire ou bien l’expression d’une réalité bien plus profonde.
Il nous semble que la cause de cette érosion est que le judaïsme n’a pas été pris pour ce qu’il est par nos dirigeants (Rabbins et Responsables Communautaires) au point qu’il ne signifie presque plus rien pour la quasi-totalité des jeunes générations.

Dans quelques mois les futurs représentants des postes du Grand Rabbin de France, du Grand Rabbin de Paris et du Président du Consistoire de France devront pour relever le défi de la crise judéo-occidentale mettre en place une ou des commissions réunissant des hommes et des femmes compétents dans leur discipline pour faire une série de propositions avec les moyens d’action et d‘application.

Il était un temps où le judaïsme dans la société juive embrassait tous les domaines de la vie des juifs. Le judaïsme était intimement mêlé à la vie, à l’existence du tout venant. Il était naturellement bien plus large, plus souple, plus affluent. Aujourd’hui, le judaïsme est fragmenté. Mais rassurons-nous notre peuple a toujours connu, à travers son histoire, différents courants socio-culturels. Car malgré ses divergences, il y avait deux fondamentaux sur lesquels les tenants de ces courants étaient d’accord : la centralité de la THORA et son sens dans le présent de la vie des juifs et des nations et l’existence d’un peuple juif. Que constatons nous aujourd’hui : un déclin quantitatif important de notre communauté par l’assimilation et par les mariages exogames ; et aussi un déclin qualitatif, à cause de la grave crise identitaire et culturelle.

La Thora n’est pas un produit de « prêt à penser » et « ni de prêt à consommer ». Le judaïsme ne doit pas être figé dans une pensée unique et exclusive.
L’expérience nous montre aujourd’hui plus qu’hier qu’un judaïsme ritualiste - déconnecté de l’étude et de la réflexion finit par s’évanouir, puis par disparaître au bout de quelques générations. De même, à l’opposé un judaïsme intellectualiste qui ne serait pas vécu suivant la Tradition est tout aussi voué à l’échec.

La mission d’un Maître aujourd’hui consiste à formuler le message de la tradition en un langage moderne sans qu’il perde pour autant son authenticité. Le savoir ne doit pas être considéré comme un but en lui-même mais comme un moyen spécifique de donner sens à sa vie et répondre aux contradictions du monde. L’humanité et l’homme sont aujourd’hui, malgré les déclarations formelles des « Droits de l’Homme » en proie à une crise spirituelle et menacés par une barbarie qui ne cesse de s’étendre.

Certes, nous nous réjouissons du nombre de lieux d’études qui se sont implantés dans les différentes communautés juives. Mais, méfions nous d’un retour à l’étude, à la synagogue qui ne serait motivé que par la seule crainte des sanctions célestes ou par la frilosité, par la peur d’affronter les problèmes de société tels qu’ils se posent à nous. Il ne peut mener qu’au sectarisme et à l’étroitesse d’esprit.
Il est temps encore que nous revenions à nous-mêmes, que notre combat soit d’abord celui de la réappropriation de notre Être, de notre véritable identité et de notre patrimoine.

Alors, nous donnerions une autre vision du judaïsme - plus attrayante et surtout plus proche de la réalité de ceux et de celles qui sont tentés de le quitter par dépit.
C’est en offrant un judaïsme qui colle aux questions de notre temps : l’économie de marché, l’écologie, l’humanitaire, les biotechnologies, l’éducation, la famille et bien d’autres que peut être nous attirerions tous ceux qui n’attendent que ces signes pour revenir s’abreuver à une source qui leur semblait tarie. C’est par ce chemin que passe la coexistence entre nous, juifs, et c’est par là que nous pouvons faire passer notre message éthique à l’ensemble des nations.


André BENAYOUN
Président de la Communauté Juive de Créteil