DÎNER
DUCRIF2008
Source : lefigaro.fr en ligne le 14 février à 23h 11
publié sur diasporablog 00h 50
Sarkozy précise sa conception de la laïcité
Sophie de Ravinel et Judith Waintraub
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Le chef de l'Etat, qui se rendra en Israël au printemps, est revenu devant le Crif sur ses discours du Latran et de Ryad.
En décidant de se rendre en personne au dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), mercredi soir, Nicolas Sarkozy a dérogé à une tradition qu'avant lui, seul François Mitterrand avait rompue, en 1991, pour marquer de sa présence le bicentenaire de l'émancipation des juifs. En temps habituel, la place d'honneur est dévolue au premier ministre. Pas rancunier, François Fillon a tout de même fait le déplacement mercredi, avec la quasi-totalité du gouvernement et le gotha politique français hormis François Hollande, pourtant invité. Ségolène Royal, elle, a attendu le départ de Nicolas Sarkozy pour faire son entrée.
Président du Crif depuis mai dernier, Richard Prasquier s'est inscrit dans la tradition de son prédécesseur Roger Cukierman en interpellant son invité vedette sur des questions brûlantes. Il s'est livré à un vibrant plaidoyer en faveur de la loi de 1905, qui a permis «aux juifs la neutralité bienveillante qui a garanti l'égalité et inventé des solutions empiriques aux problèmes ponctuels». «Pour nous, a-t-il renchéri, cette loi fait partie du surmoi identitaire qui nous lie à la République. Je suis un partisan résolu de la laïcité, je ne suis pas un adepte de la religion laïque».
Une critique à peine voilée du concept de «laïcité positive» développé par Nicolas Sarkozy il y a deux mois au Latran puis le mois dernier à Ryad. Dans sa réponse, le président de la République a tenté d'éteindre la polémique suscitée par ses déclarations. «Je n'ai jamais dit que la morale laïque était inférieure à la morale religieuse. Je n'ai jamais dit que l'instituteur était inférieur au curé, au rabbin ou à l'imam pour transmettre des valeurs. Mais ce dont ils témoignent n'est tout simplement pas la même chose.»
Cette mise au point n'avait pas valeur de mea culpa. Au cas où un doute aurait plané, l'orateur a précisé : «Je persiste et j'ai le plaisir de signer.» Et de lancer à ses contradicteurs : «Quinze ans après que l'on a entendu François Mitterrand confesser croire aux forces de l'esprit, mesure-t-on la chape de plomb intellectuelle qui s'est abattue sur notre pays pour s'offusquer qu'un président en exercice puisse dire tout simplement que l'espérance religieuse reste une question importante pour l'humanité, et que croire dans quelque chose vaut parfois mieux que croire que tout se vaut.» Le président a par ailleurs demandé «qu'à partir de la rentrée 2008, tous les enfants de CM2 se voient confier la mémoire d'un des 11 000 enfants français victimes de la Shoah».
«Un grand discours» devant la Knesset en mai
Dans son intervention, Richard Prasquier avait également précisé la position du Crif sur l'un des projets phares du président de l'Union méditerranéenne. «Certains voudraient engager cette union sans inclure Israël, avait-t-il rappelé, en allusion aux pays arabes qui ont formulé cette exigence, au premier rang desquels la Libye. Nous savons que pour vous, c'est inacceptable. Mais nous avons vu avec la francophonie, où on espérait que l'admission d'Israël aurait lieu plus tard, que plus tard se prolonge sans fin, lorsque les blocages systématiques se déclenchent».
À propos de la Libye toujours, le président du Crif a exprimé ses doutes sur l'opportunité de la visite du colonel Kadhafi à Paris. «Quand le responsable de ce crime et d'autres, est venu pontifier en France pendant sa visite, j'ai été choqué.»
De cela et de l'ensemble de sa politique étrangère, Nicolas Sarkozy pourra s'expliquer à Jérusalem. Il a confirmé mercredi qu'il se rendrait au mois de mai en Israël et qu'il y prononcerait «un grand discours» devant la Knesset.
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