Source : lesoir.be via liberation.fr
en ligne le 6 décembre
LE VISITEUR DU SOIR
Patrick Bruel : « Il y a une identité belge »
Patrick Bruel était, jeudi, l'invité de notre rédaction. Plus à l'aise pour parler de Nicolas Sarkozy que de la crise belge, le chanteur-acteur a laissé parler son cœur.
Patrick Bruel ne pouvait pas rester longtemps à Bruxelles, jeudi matin. Un rendez-vous très important d'ordre privé l'attendait à Paris. Il a malgré tout pris le temps de répondre à nos questions sur l'actualité du jour. Le procès de l'assassin présumé de Joe Van Holsbeek, autant que la recrudescence de la délinquance juvénile de plus en plus violente, l'interpelle, au lendemain des émeutes de Villiers-le-Bel. « C'est partout comme ça. C'est propre au monde occidental, en raison des écarts, des différences. On tue pour un MP3 mais on tue aussi Lucky Dube, la star sud-africaine du reggae, pour lui piquer sa bagnole, devant ses enfants. Il est tué par des gens qui n'ont pas d'argent, ont faim, oui d'accord, mais qui a plus fait pour la cause de ces gens-là que Lucky Dube ? »
Nous lui faisons remarquer qu'en France, le président Sarkozy utilise des termes moins rassembleurs que ceux utilisés, par exemple, par les parents de victime d'une rare dignité : « On ne peut pas toujours tout excuser par le problème social, sinon tout est permis. La banlieue explose parce qu'il y a 40 ans, on n'a pas traité ce problème. On a parqué les gens dans un endroit, au lieu de les intégrer dans la société. On les a marginalisés et laissé se développer leurs angoisses, leurs problèmes, leurs peurs. Et la marmite a explosé en 2005 en France. Au milieu de toutes ces revendications, des gens avaient des choses à dire mais certains en ont profité pour tout casser. On est dans une démocratie, avec un système d'urnes, où on peut s'exprimer de manière légale. Je ne vois pas pourquoi un type doit aller brûler la voiture de quelqu'un qui a moins d'argent que lui, ou mettre le feu à une bibliothèque, des crèches ou un gymnase… Je n'ai aucune envie d'excuser ou de cautionner ça. »
Patrick n'est pas certain que la répression face à l'ultra-violence soit utile mais pas sûr du contraire non plus : « Je n'en sais rien mais il ne peut pas y avoir de laxisme par rapport à ça. Impossible. S'il y a quelque chose à excuser ou à justifier, c'est à la Justice de le faire. Devant les tribunaux, avec un avocat qui viendra avec des circonstances atténuantes. »
Le procès fait à Sarkozy est, selon lui, largement excessif : « Il sera jugé sur des résultats. Il a fait une campagne très convaincante. Il a un début de quinquennat très actif. Il va sur le terrain, il essaie des choses. On lui fait un mauvais procès quand on dit qu'il est partout. Il ne le ferait pas, on dirait qu'on est nulle part. On verra les résultats. On a tous intérêt à ce qu'il réussisse. »
Patrick Bruel a envie de faire confiance à son action même s'il n'a pas soutenu sa campagne électorale : « La France est aussi un pays en crise. Ce qu'on a tenté jusqu'ici n'a pas fonctionné. Ce pays a besoin de réformes mais les gens descendent dans la rue dès qu'on tente de réformer. J'ai été très choqué qu'un syndicaliste refuse de lui serrer la main. Sarkozy a été élu démocratiquement. Mais il ne faut pas non plus l'instrumentaliser. C'est un jeu complexe. »
Thierry Coljon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire