PASSERELLE
Source : lemonde.fr en ligne le 19 juillet
correspondance Jérusalem
Damas prêt à négocier avec Israël
si le Golan lui est restitué
A l'occasion de la prestation de serment pour son deuxième septennat, le président syrien, Bachar Al-Assad, a demandé, mardi 17 juillet, lors d'un discours devant le Parlement, "aux dirigeants israéliens de proclamer de manière officielle et claire leur désir de paix". "Nous ne pouvons engager des négociations sans savoir ce sur quoi nous négocions", a-t-il ajouté, réclamant "le retour total de notre terre".
Le président Assad veut la restitution du plateau du Golan, conquis par les Israéliens lors de la guerre des Six-Jours en 1967 et annexé en 1981. Et cela, "conformément à la ligne du 4 juin", a-t-il précisé, c'est-à-dire la ligne de frontière d'avant la guerre. Cette restitution ne doit pas faire l'objet de négociations.
En revanche, le chef de l'Etat syrien est prêt à "négocier sur d'autres questions, comme les arrangements sécuritaires". A ce propos, Bachar Al-Assad a évoqué les tractations effectuées par "un pays tiers", qui est sans doute la Turquie ou l'Allemagne, afin que se noue le fil du dialogue. Mais il a refusé les négociations secrètes.
UN PLATEAU STRATÉGIQUE
Ces déclarations font écho aux propos tenus par le premier ministre israélien Ehoud Olmert qui, le 9 juin, avait mis au défi le président syrien de venir négocier "partout où il le voudra". Le chef de l'exécutif israélien avait déclaré à la chaîne de télévision Al-Arabiya : "Vous avez déclaré que vous vouliez des négociations par le biais des Américains, mais comme ces derniers ne veulent pas vous parler, moi, je suis prêt à m'asseoir avec vous et à parler de paix, pas de guerre."
Pour le moment, M. Olmert n'a cependant jamais affirmé qu'il était prêt à rendre le plateau du Golan, où se sont installés 15 000 colons, et qui est considéré comme stratégique puisque ces hauteurs alimentent en partie en eau le lac de Tibériade qui fournit 40 % de l'eau potable d'Israël.
M. Olmert avait affirmé, le 26 septembre 2006 : "Tant que j'occuperai les fonctions de premier ministre, le plateau du Golan demeurera entre nos mains, car il est partie intégrante de l'Etat d'Israël." Il avait indiqué que Damas devait cesser de donner asile aux responsables politiques du Djihad islamique et du Mouvement de la résistance islamique (Hamas), et de soutenir le Hezbollah.
A plusieurs reprises, durant l'automne 2006, le président Assad avait manifesté son intention de négocier. En raison de la volonté américaine d'isoler le régime de Damas, aucun progrès n'a été effectué. Depuis, quelques mois, il semble que Washington ait davantage laissé les coudées franches à son allié israélien. La presse israélienne n'a cependant cessé d'évoquer une possible guerre avec Damas, évoquant les préparatifs de l'armée syrienne. Dernièrement, Tsahal a procédé à des exercices militaires de grande envergure sur le plateau du Golan pour respecter son grand principe : préparer la guerre pour faciliter la paix.
La rétrocession du Golan est considérée par Damas comme un préalable et une "question d'honneur et de dignité".
Au début de l'an 2000, les négociations avec le gouvernement d'Ehoud Barak étaient sur le point d'aboutir. Israël avait accepté de rendre le Golan en échange d'un traité de paix, mais l'Etat juif voulait conserver une bande d'environ 500 m de large sur la rive nord-est du lac de Tibériade, conformément à un tracé de frontière de 1923. Une rencontre avait eu lieu à Genève entre Bill Clinton et Hafez Al-Assad. Ce dernier avait refusé catégoriquement l'offre et exigé le retour aux frontières de 1967. Depuis, c'est le statu quo.
Michel Bôle-Richard
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