DUCOTE...
D'AILLEURS
Nous publions le premier texte Ibrahima Abou SALL en plusieurs chapitres :
Saddam HUSSEIN et la Mauritanie
Bien avant sa prise du pouvoir en Irak, en 1979, le Baasisme[1] avait déjà une influence idéologique incontestable sur des cadres politiques bîdhân de Mauritanie.
Rappelons que ceux-ci ont joué un rôle important dans les conflits raciaux de février 1966, à la suite de la promulgation des lois 65-025 et 65-026 du 30 janvier 1965 qu'ils avaient initiées eux-mêmes à Moktar Wul DADDAH, et qui rendaient l'arabe obligatoire dans les 1er et 2ème degré des lycées et collèges de Mauritanie. La plupart des idéologues racistes bîdhân qui ont participé à l'élaboration du Système Bîdhân avaient fait leurs études, principalement, en Syrie (où naquit L'Union nationale des étudiants de la République islamique de Mauritanie -U.N.E.R.I..M.), en Irak et en Egypte, pays qui sont les berceaux du nationalisme arabe contemporain.
Lorsque Saddam HUSSAYN prit le pouvoir, il s'est intéressé tout de suite à la Mauritanie considérée par le Baassisme de la tendance irakienne comme la 8ème région de la "Nation arabe", d'où les thèses de sa purification raciale et ethnique afin de la transformer en un pays habité exclusivement par des Bîdhân ("Blancs") et "Arabes".
En Mauritanie, du point de vue de la construction historico-idéologique du régime arabe, le pays fait, en effet, partie intégrante de «l’espace arabe» dont les territoires auraient été envahis par des populations africaines d’origine à la faveur de la colonisation européenne ; d’où la thèse de la «Terra Nullis» qui veut que les territoires qui forment aujourd'hui ce pays étaient vides de peuplements humains avant l’invasion des tribus pillardes arabes, les Beni Hassan, à la fin du XVIè siècle et au début du XVIIè. Dans son numéro 129 du mois d’avril 1969, le mensuel Watan al Arabi développait des théories sur la pureté raciale de l’«espace mauritanien» dans lequel ne doit y vivre que l’homo mauritanicus identifié à l’Arabe. Des photos de Bîdân[2] (hommes «blancs») et de Bîdâniya (femmes «blanches») sont reproduites dans ce numéro avec des légendes qui précisent que ces femmes et ces hommes «blancs» représentent l’«authentique» population de la Mauritanie à vocation «arabe» et « musulmane ». Toujours dans le même numéro, sont publiées aussi des photos de pirogues remplies d’Africains d’origine qui traversent le fleuve Sénégal. On lance alors un appel pour demander de l’aide au nationalisme arabe afin que la «pureté arabe» de ce morceau de la prétendue «patrie arabe» (Watan al Arabi), la Mauritanie, soit sauvegardée face à cette «al ihtilal al zounji» («invasion noire». La Mauritanie est assimilée aujourd’hui à la Palestine ; d’où son appellation de «Seconde Palestine». Les Arabes de ce pays, sont désignés par cette idéologie sous le vocable de «Palestiniens de Mauritanie». Les Noirs non arabes de Mauritanie, quant à eux, sont assimilés à des juifs dont il faudrait débarrasser le pays en les refoulant sur la rive gauche du fleuve Sénégal, comme il faudrait, clament-ils, se débarrasser des juifs vivant en Israël.
A partir de 1979-80, Saddam HUSSAYN mit à disposition du Système Bîdhân des moyens pour renforcer sa domination et avec une arabisation plus affichée :
* Moyens financiers à l'Etat et au parti Baas bîdân que son ambassade va aider à mieux se structurer (organisation, moyens financiers, infiltration au sein de l'armée mauritanienne après que leurs éléments eussent été formés en Mauritanie, mais surtout en Irak) ;
* Une télévision avec 90% des émissions en arabe ;
* projets économiques, avec notamment les campagnes contre l'Organisation pour la mise en valeur du Sénégal (O.M.V.S.) que la Mauritanie devait quitter ; d'où la campagne menée par les Baassistes durant le second semestre 1979 afin que le pays quitte cette organisation internationale africaine. En contrepartie, le gouvernement de Saddam HUSSAYN avait proposé de confisquer les terres du Delta du Sénégal (entre Rooso et NJaago) afin d'y aménager des terres agricoles au profit de familles bîdân. Echec de cette tendance face aux menaces du gouvernement de Léopold SENGHOR de remettre en cause les clauses de l'O.M.V.S. et du modus vivendi sur la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie. Il faut rappeler que jusqu'à aujourd'hui, le Sénégal n’a jamais reconnu du point de vue politique et du point de vue juridique, sa frontière avec la Mauritanie.
Cependant, depuis 1983, comme sur les terres du Kurdistan irakien sous le régime raciste arabe de Saddam, l’ordonnance n°83 127 du 5 juin 1983 portant réorganisation foncière et domaniale qui avait été promulguée par le gouvernement pro-bassiste et chauvin arabo-berbère du Colonel Mohamed Khouna Wul HAYDALLAH permet à des centaines familles bîdhân de s’installer dans la vallée du Sénégal pour confisquer impunément des terres des parentèles waalo-waalo, fuutaqnkoove et sooninko pour mener de l’agro business en y faisant travailler leurs Hrâtîn et leurs esclaves.
* formation de cadres exclusivement bîdhân en Irak. Entre 1980 et 1983, des avions charters irakiens sont venus prendre des Bîdhân pour les former en Irak. La plupart n’avaient jamais été scolarisés. On a vu des plantons de La Poste nationale, de simples agents de la Santé, de simples agents des Douanes revenir quelques années plus tard avec des diplômes de médecins, d’ingénieurs, d’inspecteurs des Postes, des sous-officiers de l’armée pour investir les administrations civiles et militaires du pays. Evidemment avec la bénédiction du Système Bîdhân. De ces formations, certains théoriciens de l’arabisation pensaient que c’était une phase indispensable. Selon eux, Il fallait passer par cette étape de formation populaire, de formation de base avant d’attendre celle dite de formation qualitative permettant la création en place d’élites techniques, administratives civiles et militaires pouvant gérer de manière plus efficace cette Mauritanie arabe et bîdhân.
[1] Le Baassime est né du parti Baas, un parti socialiste nationaliste arabe fondé en 1953 par le Chrétien syrien Michel Aflakh afin de regrouper en une seule nation tous les Etats dits arabes du Proche-Orient. Ce parti contrôle le pouvoir en Syrie depuis 1963. En 1970, Hâfiz, leader Baasssiste fait un coup d’Etat et prend le pouvoir qu’il contrôla jusqu’à sa mort en 2000. Son fils Bachar lui succède à la tête du parti Baas et de l’Etat.
En 1968, le parti Baas, dirigé par Ahmed Hassan al-Bakr prend le pouvoir Bakh et devient président de la République. Il est renversé en 1979 par Saddan Hussayn jusqu’à sa chute en avril 2003.
[2] De l’arabe l’bial qui signifie « blanc », par opposition à « aswâd » (Sudân) qui veut «Noir», «Nègre»
Ibrahima Abou SALL
Revue de presse, panorama du monde, blog de lutte contre l'antisémitisme et le racisme, ouvert au dialogue, l'autre image d'Israël, la culture juive à la rencontre de toutes les cultures, le monde juif tel qu'il est.
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