DIPLOMATIC


UN DEPUTE EUROPEEN
A LA PORTE!...
DE L'ALGERIE.


Il y a bien dans les relations qu'entretient l'Europe avec les pays musulmans des zones d'ambiguité et d'incohérence qui nuisent à son efficacité et à son rôle influent dans les régions du monde en conflit, en même temps qu' à l'égard des Etats qui ne présentent pas tous des garanties de stabilité ou qui menacent dangeureusement la paix entre les peuples.

D'un côté, on discute, décontracté, bras-dessus, bras-dessous, avec l'Iran d'Amadinhejad, comme si de rien n'était, comme si l'Iran n'avait jamais menacé le Proche-Orient de sa puissance atomique, comme si l'Iran n'avait jamais nié l'existence de la Shoah, ni menacé l'existence d'Israël. De l'autre, on se prépare à accueillir la Turquie à majorité musulmane dans ses rangs, sans contre-partie. Faute d'avoir le soutien sans condition des Etats-Unis, les pays musulmans ont trouvé en l'Europe leur plus sûr allié, leur plus solide avocat, même si leur régime est contestable, sinon indéfendable.

En revanche, si en Europe, plus particulièrement en France, on reçoit coeur ouvert et tapis rouge Tariq ou Hani Ramadan, les pays musulmans ne se privent pas, eux, de sélectionner, trier, mettre à l'écart, leurs visiteurs "indésirables". Et surtout, ô sacrilège, qu'ils ne viennent pas muni d'un passeport cacheté Israël! Même s'ils sont étiquetés députés du Parlement européen. Genre de situation qui ne semble pas, le moindre du monde, pour l'instant, empêcher de dormir les hauts fonctionnaires de cette haute et si respectable instituion du vieux continent.

C'est bien précisément la mésaventure qui vient d'arriver à l'un d'entre eux, Patrick Gaubert, ancien membre du cabinet de Charles Pasqua au Ministère de l'Intérieur, Président de la LICRA (Ligue Internationale contre le Racisme et l'Antisémitisme), Vice-Président de la commission Libertés Civile et Justice du parlement européen, membre de plusieurs autres commissions de ce parlement.

Patrick Gaubert devait se rendre en Algérie du 14 au 17 octobre au sein d'une délégation officielle du Parlement de Strasbourg. L'administration du Parlement lui a fait savoir que l'Algérie rejetait sa venue en raison d'un visa israélien sur son passeport. Le député européen a, tout naturellement, déposé une lettre de prostestation auprès du Président du Parlement Européen, ainsi qu' auprès du Président de la commission des Libertés Civiles et Justices, Jean-Marie Cavada.

La solidarité parlementaire n'a pas été, visiblement, de règle dans ce cas-là. Le respect du pays musulman oblige. Qu'en aurait-il été si l'un des confrères de Monsieur Gaubert avait été refusé par le gouvernement israélien dans des conditions identiques? On imagine mal les protestations immédiates qu'auraient provoquées cette attitude.

Cet incident diplomatique, à petite échelle, il est vrai, reflète bien la difficulté qu'a l'Europe à avoir une vision juste, équilibrée du conflit Israël - Pays arabes et d'entrer dans le jeu proche-oriental, permettant ainsi aux Etats-Unis d'être les seuls à occuper durablement le terrain.

Bernard Koch

____________________

Voici le communiqué de presse de Patrick Gaubert à la suite de cet incident :

"Strasbourg, le 27 septembre 2006


COMMUNIQUE DE PRESSE

Le député européen Patrick Gaubert proteste
contre les conditions d’entrée en Algérie

Le Député européen, Vice président de la Commission des Libertés civiles de la Justice et des Affaires intérieures, membre de la délégation parlementaire Afrique-Caraïbes-Pacifiques, membre de la délégation parlementaire Europe- Israël, Patrick Gaubert, qui devait se rendre en Algérie du 15 au 17 octobre au sein d’une délégation parlementaire officielle, a appris dans les documents officiels qui lui ont été remis au vue de l’entrée en Algérie, que le passeport du demandeur ne devait pas porter mention de visas israéliens.

Dans un courrier adressé aujourd’hui au Président du Parlement européen, M. Borell, et au Président de la Commission des Libertés civiles, M. Cavada, Patrick Gaubert s’est étonné de telles dispositions et a officiellement protesté et refusé de ce fait de se rendre dans ce pays. Il demande également que l’Union européenne et le Parlement européen se prononcent clairement contre de telles pratiques discriminatoires.


Patrick Gaubert
Député européen
Vice-Président de la commission des Libertés civiles, de la Justice et des Affaires intérieures
Membre de l'Assemblée Parlementaire Paritaire Afrique-Caraïbes-Pacifique / UE
Membre suppléant de la commission des Affaires étrangères et de la sous-commission des droits de l'Homme