PASSERELLE
Source : lefigaro.fr daté du 6 juin 2006
Le «rêve carcéral»
des jeunes Palestiniens
Charif, 19 ans, a longtemps rêvé de l'univers carcéral israélien. Etre enfermé dans cet espace sécurisé, à l'abri de l'étouffante réalité palestinienne, fut, durant de longs mois, son songe le plus doux. Comme lui, les jeunes Palestiniens sont de plus en plus nombreux à faire ce pari insensé : lancer une attaque contre un barrage militaire israélien, et risquer de se faire tuer, pour être incarcéré. Ils espèrent ainsi échapper quelque temps à la misère grandissante qui frappe les Territoires palestiniens, aux incursions de Tsahal dans leurs villes, aux pressions familiales. Comme d'autres lycéens, Charif a choisi de se faire jeter en prison pour avoir une chance de décrocher son certificat de fin d'études, l'équivalent palestinien du baccalauréat. Son père, ancien ouvrier dans le bâtiment en Israël, est sans emploi depuis le début de la seconde Intifada, en septembre 2000. «Il n'y a plus aucune source de revenus dans la famille, raconte Charif. Nous sommes entassés à douze dans un petit deux-pièces. Acheter des livres ou des cahiers pour l'école, payer les repas à la cantine, cela ne fait pas partie des priorités quand on cherche tout simplement à survivre ; je voulais aider ma famille.» Avec son meilleur ami, Charif décide de remplir un sac en plastique de cocktails Molotov et de lancer une fausse attaque sur le barrage militaire israélien de Hawara, qui contrôle l'entrée de Naplouse. «Fabriquer un cocktail Molotov, il n'y a rien de plus simple», confie Charif. Et la peur de mourir ? «A Balata, les gens meurent d'une balle dans la tête en regardant par la fenêtre, parce qu'une jeep israélienne s'est arrêtée au coin de la rue à ce moment-là et que ça commence à tirer dans tous les sens, déclare-t-il. On est paralysé par cette pression.» Les incursions militaires israéliennes sont quotidiennes dans le camp de réfugiés de Balata, un fief militant aux ruelles étroites d'un kilomètre carré, où s'entassent 23 000 réfugiés palestiniens.
Le jour de l'attaque, en mars 2005, Charif et son camarade prennent un air affolé lorsque le soldat israélien demande à vérifier le contenu de leur sac au point de passage. «On s'est rebellés pour être sûrs de rester en prison plus longtemps, explique Charif. Les soldats nous ont passés à tabac pendant des heures pour essayer de savoir quel groupe armé nous avait envoyés. Ils ne voulaient pas croire qu'on avaient pris la décision tout seuls.»
Patrick Saint-Paul
A suivre....
http://www.lefigaro.fr/reportage/20060606.FIG000000011_
le_reve_carceral_des_jeunes_palestiniens.html
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