CHRONIC
de Frédérique VIEY


RENDRE A CEZANNE
CE QUI APPARTIENT A CEZANNE


Il y a quelques années, un chanteur, sans doute d’origine juive, composait ‘’Cézanne peint’’. Il est incontestable du point de vue de l’œil que la peinture de Cézanne en Provence est magnifique. Est-ce l’homme qui fait l’artiste, ou l’artiste qui fait l’homme ? L’homme est-il assez humain pour comprendre l’essence de l’âme humaine, l’artiste a-t-il une sensibilité suffisante pour comprendre l’esprit divin ? Nous pourrions poser la question différemment ; le traducteur fait-il une traduction ou une œuvre créatrice et originale ?

On peut, aujourd’hui, donner à Cézanne tous les qualificatifs, pour moi il ne reste qu’une seul chose c’était un antisémite et il l’a prouvé durant l’affaire Dreyfus. Pas un antisémite de salon, que l’on pouvait trouver chez Juliette Lambert ou chez la Comtesse de Luynes, mais un pur et dur à la façon, Barrés ou Drumont. Un sectaire. Or, ici, faut-il juger l’homme ou l’artiste ? Mais alors nous pourrions poser la même question pour Céline, Drieux Larochelle, Brasillach, Degas, Julie Manet, Valéry, etc… Pourtant combien de mécènes juifs pour les supporter. En ce qui me concerne, il faut boycotter toutes formes d’antisémitisme reconnues ou non : Fabrice Lucchini lorsqu’il narre sur scène : ‘’Voyage au bout de la nuit’’, les élucubrations d’un Elie Semoun et Dieudonné, tous les auteurs, les peintres, les chanteurs et autres humoristes ayant pignon sur Canal + et autres qui par opportunisme attisent les haines entre les communautés. Notre société peut vivre largement sans ces ‘’arts’’ et ces ‘’artistes’’ pro-black-beurs.

A l’heure où l’on commémore le centième anniversaire de la réhabilitation d’Alfred Dreyfus, on constate qu’aucun des acteurs de cette tragique affaire n’a été réellement jugé : Esterhazy, Mercier, Paty de Clam, Drumont, Barrés, Déroulède, Rochefort, Bertillon,….. Seuls, dans le ‘’Happy End’’, les ‘’gentils’’ ont été condamnés ; Dreyfus et Zola. Combes avait tout intérêt à préserver la ‘’Paix Sociale’’ qui s’installait après sa victoire à la Pyrrhus : l’amnistie et la réhabilitation de Dreyfus. De Gaulle agira de la même façon au lendemain de la Libération au moment de l’épuration. A sa place, j’aurais dit ‘’tuez les tous, la justice reconnaîtra les siens’’. D’autant plus que si aux yeux de Maurice Barrès, les Juifs, au lendemain de 14-18, faisait partie de la grande famille de la France, pour Le Pen les chambres à gaz restent toujours pour lui un détail. Mais ne nous y trompons pas, c’est toujours une certaine gauche et une extrême gauche qui ont un discours le plus radicalement antisémite et antijuif pour ne pas dire anti-israélien. Aussi pour que Cézanne retourne au vert ; ‘’ Rendons à Cézanne ce qui appartient à Cézanne’’.

Frédéric VIEY