Les banlieues, les centres-villes, sont de vastes espaces où se côtoient toutes sortes de populations de quelque origine que ce soit. Des lieues de croisement de toutes les cultures. C'est la raison, parmi d'autres, pour laquelle diasporablogj, nouveau média à sensibilité juive, mais comme le veut la tradition juive, ouvert sur la cité, attentif aux faits de société, souhaitait à sa manière, avec ses moyens, participer à la compréhension et à l'explication sur ce phénomène de violence dans les banlieues qui embrase la France depuis bientôt deux semaines.
Nous avons demandé à un certain nombre d'observateurs, reconnus et appréciés pour la clairvoyance de leur approche, la pertinence de leur vision ou leur expérience de terrain, de nous faire part de leur réflexion, de leur analyse, ce qu'ils décèlent derrière cette persistance de l'affrontement entre les jeunes issus de l'immigration et la société française.
Premier de cette série de rencontres sur la banlieue française qui flambe, Ivan Levaï. L'avantage de ce journaliste, pas vraiment politiquement correct, pour employer un terme à la mode, un peu galvaudé d'ailleurs, c'est qu'il possède un triple regard : celui sur la société, celui sur le monde politique, celui sur ses propres confrères. Sans doute, le mieux placer pour commenter ce que les Français sont en train de vivre depuis le 27 octobre 2005 où deux jeunes de Clichy- sous-Bois ont trouvé la mort se réfugiant dans un transformateur d'EDF.
EXCLUSIF
Pour la première fois sur le média Internet, Ivan Levaï, Directeur de la Publication de TRIBUNE JUIVE, nous livre sa réflexion sur ces évènements.
IVAN LEVAI :
"Tous les jeunes des cités ne sont pas des canailles"
A propos de Nicolas Sarkozy :
"Même avec du muscle, un ministre de l'intérieur ne peut pas tout. Il gagnerait cependant à teinter son disocurs d'un peu d'humanité."
Propos recueillis par Bernard Koch
A propos de Nicolas Sarkozy :
"Même avec du muscle, un ministre de l'intérieur ne peut pas tout. Il gagnerait cependant à teinter son disocurs d'un peu d'humanité."
Propos recueillis par Bernard Koch
avec l'aimable participation de Marie MOKRAOUI
Cette interview a été réalisée une heure avant l'intervention sur TF1
de Monsieur Dominique de Villepin, Premier Ministre
« Guérilla urbaine, délinquant » certains de vos confrères se sont même risqués à qualifier, cette flambée de violences dans les banlieues et dans les centres-villes en France d’ « Intifada des banlieues »? Quelle analyse faites-vous de ces évènements qui semblent avoir surpris la classe politique et les médias ?
Ivan Levaï : Classe politique et médias partagent la même ignorance des banlieues. Ils ne découvrent les ghettos des cités que lors des crises, des violences, et lorsque des maires courageux font sauter les « barres » des années 60. Pour moi, ce n’est pas un problème sémantique. Mais il faut appeler un chat un chat, des sauvageons, des sauvageons, et quand de Gaulle disait « chienlit » il traduisait objectivement une situation. Mais c’était de Gaulle ! Sur l’analyse proprement dite, laissez-moi dire mon étonnement de voir un président de la République en échec après avoir été élu en 1995 sur la fracture sociale et en 2002 sur la sécurité. Où est la sécurité aujourd’hui ? Et que dire de la fracture béante dont nous sommes sans doute peu ou prou, avec lui, responsables.
Comment jugez-vous l’attitude du gouvernement français face à cette crise ? L’attitude, entre autres de Nicolas Sarkozy, Ministre de l’Intérieur et ses propos qui servent d’alibi à certains de ces jeunes ?
Ivan Levaï : Drôle de silences. Drôles de discours. Le gouvernement est dépassé et semble mieux à même de maintenir l’ordre en Côte d’Ivoire qu’à Paris. On a dû oublier Charles Péguy qui disait « sans ordre, pas de liberté. Le désordre conduit à la dictature. » Quant à Sarkozy, il fait ce qu’il peut. Même avec du muscle, un ministre de l’intérieur ne peut pas tout. Il gagnerait cependant à teinter son discours d’un peu d’humanité. Tous les jeunes des cités ne sont pas de la canaille.
L’opposition, prise de court, elle aussi, paraît être entre l’enclume et le marteau. Entre pousser Sarkozy à la sortie et ne pas trop jeter de l’huile sur le feu. Selon vous joue-t-elle son rôle dans cette affaire ?
Ivan Levaï : Pour ramener la paix dans nos villes, on a besoin de responsables politiques et pas de politiciens. Les maires des banlieues concernées, de gauche ou de droite, me semblent faire leur boulot. Ils ne peuvent pas tout eux non plus face à un Etat défaillant.
L’argument social pour expliquer cet embrasement d’une rare violence vous semble-t-il suffisant ?
Ivan Levaï : Hélas oui ! Chômage, échec scolaire, entassement de populations mal intégrées, racisme latent, tout cela constitue un cocktail explosif.
Vous êtes un observateur expérimenté et attentif des médias. On parle de l’impact des images et de tout ce qui se dit et s’écrit autour de ces évènements sur ces jeunes et de l’amplification qu’il en résulte sur le terrain. Qu’est-ce qu’il faut retenir, selon vous, du traitement de ces violences dans l’ensemble des médias ? L’information qui nous est servi est-elle équilibrée ? Question subsidiaire : que vous inspire la manière de traiter ces évènements par la presse étrangère ?
Ivan Levaï : Les médias ont depuis dix jours une attitude parfaitement responsable, parfaitement raisonnable. Ils se posent même la question « Faut-il dire, montrer ou faut-il faire le black-out sur certaines images ? » Mais évidemment, comme les politiques et comme nous tous, ils découvrent que la Terre tremble dans les banlieues oubliées. Peut-être sommes-nous restés avec nos ministres, nos chefs d’entreprises, nos hauts fonctionnaires, bref, la France qui va bien, dans ce que Louis Aragon appelait « les beaux quartiers ». Faut-il rappeler ici à cet égard, que l’habitat social à Neuilly n’est que de 2,5 % de l’ensemble.
Le Premier Ministre, Mr de Villepin va sans doute, répondre, ce soir en partie aux interrogations que soulève cette soudaine explosion. Quelle est selon vous, la première décision qu’il devra rapidement mettre en application ? Voyez-vous une sortie de crise ? Si oui, comment ?
Ivan Levaï : Son premier objectif doit être le rétablissement de l’ordre. Avant toute promesse de justice et d’amélioration des conditions de vie des plus démunis. Voilà vingt ans qu’on multiplie les plans pour la ville, pour l’éducation et contre le chômage. Je ne vois pas comment d’ici 2007, on peut guérir une maladie pire que la grippe aviaire et l’ancephallopathie spongiforme réunies. Pour en sortir, il nous faut un gouvernement de cohabitation rassemblant tous les républicains capables de s’accorder sur un projet civil de sécurité intérieure comme gauche et droite sont accordées sur l’idée de défense nationale. Faute de quoi, la crise continuera et la démagogie fleurira. En attendant, le monde nous regarde et ricane devant ce qui apparaît comme l’échec patent de notre fameux modèle social.
Ivan Levaï : Hélas oui ! Chômage, échec scolaire, entassement de populations mal intégrées, racisme latent, tout cela constitue un cocktail explosif.
Vous êtes un observateur expérimenté et attentif des médias. On parle de l’impact des images et de tout ce qui se dit et s’écrit autour de ces évènements sur ces jeunes et de l’amplification qu’il en résulte sur le terrain. Qu’est-ce qu’il faut retenir, selon vous, du traitement de ces violences dans l’ensemble des médias ? L’information qui nous est servi est-elle équilibrée ? Question subsidiaire : que vous inspire la manière de traiter ces évènements par la presse étrangère ?
Ivan Levaï : Les médias ont depuis dix jours une attitude parfaitement responsable, parfaitement raisonnable. Ils se posent même la question « Faut-il dire, montrer ou faut-il faire le black-out sur certaines images ? » Mais évidemment, comme les politiques et comme nous tous, ils découvrent que la Terre tremble dans les banlieues oubliées. Peut-être sommes-nous restés avec nos ministres, nos chefs d’entreprises, nos hauts fonctionnaires, bref, la France qui va bien, dans ce que Louis Aragon appelait « les beaux quartiers ». Faut-il rappeler ici à cet égard, que l’habitat social à Neuilly n’est que de 2,5 % de l’ensemble.
Le Premier Ministre, Mr de Villepin va sans doute, répondre, ce soir en partie aux interrogations que soulève cette soudaine explosion. Quelle est selon vous, la première décision qu’il devra rapidement mettre en application ? Voyez-vous une sortie de crise ? Si oui, comment ?
Ivan Levaï : Son premier objectif doit être le rétablissement de l’ordre. Avant toute promesse de justice et d’amélioration des conditions de vie des plus démunis. Voilà vingt ans qu’on multiplie les plans pour la ville, pour l’éducation et contre le chômage. Je ne vois pas comment d’ici 2007, on peut guérir une maladie pire que la grippe aviaire et l’ancephallopathie spongiforme réunies. Pour en sortir, il nous faut un gouvernement de cohabitation rassemblant tous les républicains capables de s’accorder sur un projet civil de sécurité intérieure comme gauche et droite sont accordées sur l’idée de défense nationale. Faute de quoi, la crise continuera et la démagogie fleurira. En attendant, le monde nous regarde et ricane devant ce qui apparaît comme l’échec patent de notre fameux modèle social.
Yvan Levaï
Photo Alain AZRIA
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