"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma  Ed Universlam


CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

vendredi, mars 08, 2013

COUPD'OEUIL
SURISRAËL
ENBD

Source : blogs.mediapart.fren ligne le vendredi 8 mars 2013



*Sarah GLIDDEN :
Comprendre Israël
en 60 jours (ou moins)


08 mars 2013 Par Dianne

Un format inattendu, la bande dessinée, pour ce sujet traité avec gravité et une totale franchise. Un succès mérité pour la totale sincérité de la démarche. C'est l'autobiographie d'une très jeune femme qui a décidé un jour d'aller vérifier sur place ce qu'il en était de ses préjugés au sujet d'Israël.

Autant le dire tout de suite, ils sont au départs nombreux et négatifs pour la plupart, ce que la mini-Sarah, logée symboliquement sur son épaule se charge de lui rappeler tout au long. Et si l'on voulait résumer, il faudrait commencer par la fin, par le retour.

Comme d'autres jeunes juifs américains, pas forcément pratiquants, elle a bénéficié d'un voyage de sensibilisation offert par l'un des organismes "habilités" et sponsorisés par le mécénat. "Découvrir une fois pour toute la vérité que cache ce sacré bazar" dit-elle à son compagnon inquiet de la voir subir un lessivage de cerveau.

Le "tour d'Israël", d'un lieu symbolique à l'autre, commence dès l'aéroport d'embarquement. Les procédures tâtillones et quasi-vexatoires de contrôle donnent le "la". Pas de pot pour sa copine qui ne connaît pas son prénom en hébreu : procédure approfondie... et méditation zen pour "ne pas transformer [mon] amour en haine".

Ayant laissé sur place sa documentation pléthorique, Sarah se laisse emporter par le flux en ne baissant jamais la garde. Tout est bon à questionnement, même et surtout si ça fâche. Ce à quoi ses interlocuteurs, qui en ont vu d'autres, répondent avec calme et patience, au risque de la faire parfois sortir de ses gonds.

Le problème des "ultras" est liquidé sommairement d'entrée : mauvais souvenirs à NY, mauvaise rencontre sur place. Premier item de la liste mentale de griefs validé !

La suite est moins linéaire. Et pour cause. Du Golan à Massada en passant par le site du premier kibboutz, la Mer Morte, Tel Aviv et Jérusalem, des lieux de vie aux lieux de mémoire, des rencontres fortuites aux expériences collectives, c'est à un vrai patchwork de situations qu'elle est confrontée. Et elle s'aperçoit bien vite qu'il n'existe aucune réponse toute faite.

Le référentiel familial (la maman fut kibboutznik) est inopérant. Rien ne colle avec les représentations anciennes, même si à Degania on maintient des lieux-témoins quasi en l'état.

Apprendre que la communauté est privatisée faute de possibilité de répartition claire des ressources procure un choc. On n'y casse plus des cailloux. Et l'individualisme se niche dans des détails saugrenus facteurs de ruptures définitives.

Elle découvre que la place de la jeunesse est centrale, contrairement aux sociétés épuisées pérennisant les rentes de situation d'aînés qui mériteraient de se reposer. Sans doute parce que tous les jeunes sont, à un moment ou à un autre, dépositaires de la sécurité collective par leur passage à l'armée. Les accompagnateurs ont presque tous une histoire personnelle douloureuse. L'un d'eux est armé. Il assure la protection du groupe, c'est obligatoire.

LE mur : premier sujet d'accrochage avec eux pour la très critique Sarah. Rien à faire, ça ne passe pas, même si les statistiques sont têtues : on est passé, après, de deux attentats par semaine à quatre par an. Cynique calcul mais calcul exact. Se lever le matin en tâtant à la radio le ton des musiques diffusées pour savoir si oui ou non, la nuit fut tragique...

La distribution des cartes, pour se repérer, n'arrange rien : les couleurs des zones signifient clairement qui commande et où. Pas moyen de se mettre la tête sous le bras : les Palestiniens sont assujettis. Le leader du groupe valide comme il peut. La mini-Sarah-perchée fait mentalement son procès pour racisme latent insidieux. La "partie adverse" admet qu'il accepte d'en parler librement et que ses scrupules l'honorent. Il est très critique : un bon point pour l'organisation car on aurait pu en choisir un autre... plus... souple.

Mais le lever de soleil sur le Lac de Tibériade, la "Mer de Galilée". Mais la méditation au bord du Jourdain (bien loin de l'image de fleuve ronflant, il faut guetter le filet d'eau quand on le franchit). Mais l'absurdité des terres (conjointement) minées du Golan, inutilisables par qui que ce soit, mais la valeur stratégique de la réserve d'eau...

On revoit le film des évènements de 1967, sans fioritures, et la responsabilité bi-latérale du conflit, mené sur trois fronts différents à la vitesse de l'éclair. Il faudrait sans doute que de temps en temps on admette que tous les salauds n'étaient pas du même côté. Mais c'est sans doute impossible en ce moment dans les sphères militantes. Les seules respectables en opposition aux sphères partisanes. L'histoire synchronique, on n'en a rien à battre. Seule compte la propagande. On ne retient que le résultat du tri idéologique, apte à servir LA cause telle qu'elle se présente quarante ans plus tard.

Il faudrait juste se souvenir que la Syrie était alors dirigée par les mêmes principes que ceux que l'on dénonce en 2013. Négocier avec ces gens ? On voit le résultat en interne.

Tout percute l'imaginaire de Sarah et les nuits d'insomnies se succèdent. Jusqu'au clash personnel. On parle rarement du sort des Bédouins. Elle pleure de voir leur subordination misérable quand le monde entier tient pour acquis leur dilution dans l'espace restreint qui leur est concédé. Pourquoi se soucierait-on d'eux ? Ils ne s'inclinent pas devant les divinités "légales" dans le secteur...

Comme prévu, la visite de Jérusalem est le point d'orgue, le plus chargé en émotion. On ne sort pas indemne de Yad-Vashem. Dans la Salle de l'Indépendance, petit rappel à la jeune critique, bardée de certitudes, qui "aurait choisi les USA face au nazisme, plutôt que venir exaspérer les Arabes"... : les Etats-Unis avaient établi des quotas. Il n'y en avait pas pour tout le monde. Et puis les retours obligés en Europe pour les clandestins, sommés par les Britanniques d'habiter aux mêmes lieux que leurs bourreaux... Et la carte de la première proposition de partition, semblable à celle qui est réclamée à cors et à cris aujourd'hui, refusée à l'époque par les Arabes palestiniens.

Prière laïque pour la paix, entre les pierres du mur... Que reste-t-il d'autre à faire quand on a vingt et quelques années et aucun moyen d'inverser le cours des douleurs, sauf celui de dire avec émotion ce que l'on a trouvé ou perdu en ces lieux écrasants et terribles ?

Le mot de la fin ? Aux compagnons de souffrance qui tentent de part et d'autre de créer des liens... Inlassables témoins qui partagent ce qui les a meurtris pour que d'autres soient épargnés. Courageusement. En toute... fraternité. Shalom, Salam : l'affichage public dans les deux langues est obligatoire, selon la Constitution. On rêve qu'il en soit de même partout.


Avertissement de l'auteur : "Le lecteur doit être conscient du caractère autobiographique de ce livre. Certaines conversations et certaines parties de la chronologie ont cependant été modifiées faute de souvenirs précis, ou encore pour les besoins du récit, mais toujours avec la ferme intention de décrire le plus honnêtement possible le vécu par l'auteur des évènements tels qu'ils ont eu lieu."






*Comment comprendre Israël en 60 jours (ou moins)

Sarah GLIDDEN (textes et dessins)
Traduit par Fanny Soubiran
Steinkis Editeur



www.steinkis.com


Aucun commentaire: