"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

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de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

jeudi, octobre 18, 2012

ANTISEMITISME
AGRANDEECHELLE
TWITTERSCANDALISE
Source : lemonde.fr en ligne le 17 octobre 2012



  "#Unbonjuif" :
Twitter vitrine ou poubelle ?




Par
Sophie Gourion*,


Twitter est un bel outil capable de changer des vies. Il représente une vitrine enthousiasmante sur le monde. Il incarne la solidarité née de la virtualité.

Pour autant, ces derniers jours, beaucoup ont dû poser sur lui un regard décillé en y découvrant des recoins peu ragoûtants. Au détour du hashtag #unbonjuif , mot-clé devenu le 3e sujet populaire sur Twitter , les internautes y ont entrevu une barbarie décomplexée, surfant sur des stéréotypes d'un temps révolu. Des tweets mêlant Shoah , sionisme, antisémitisme et concurrence mémorielle dans une espèce de gloubiboulga idéologique nauséabond. Et surtout des appels au meurtre scandés comme une funeste litanie : "Un bon juif est un juif mort", "Un bon juif est un tas de cendre".

Après l'émotion tweetée en 140 caractères, certains veulent relativiser : "Il faut faire le tri entre mauvaise blague et propos antisémites." En effet, "un bon juif sait comment avoir le numéro d'une juive, en lui remontant la manche" pourrait relever de l'humour noir. Mais l'humour est fonction d'un contexte qu'on ne peut occulter . Là, il intervient dans une période d'inquiétude pour la communauté juive : de l'affaire Merah à l'attentat de Sarcelles en passant par le film anti-islam attribué à tort à un Israélien, la tension communautaire est à son comble. Dans ce contexte, le tweet censé être drôle est, de fait, victime de la contagion des autres tweets antisémites postés avant et après lui. Sa lecture est orientée et différente, car imprégnée du climat délétère qui l'entoure. Pas anodine, la "bonne blague" devient porteuse d'un message fort.

Croire que l'excuse de l'humour suffit pour dire le pire est une contre-vérité. Quand on dit quelque chose "pour rire" on le dit quand même. Il ne s'agit alors que d'un procédé commode pour édulcorer un message qui serait trop violent sans ce filtre. L'humour implique une connivence : ici on ne rit pas avec les juifs, on rit des juifs.

Certains ont invoqué la liberté d'expression pour justifier l'injustifiable, ont fait des raccourcis en évoquant les caricatures de Charlie Hebdo. C'est oublier qu'un rabbin figurait aussi sur la couverture du journal, sans créer la moindre émotion. C'est surtout occulter le fait que l'antisémitisme est un délit alors que le blasphème ne l'est pas. Rire de six millions de morts, appeler au meurtre n'est pas à mettre sur le même plan qu'un dessin d'un journal satirique, même de mauvais goût.

"Liberté d'expression", tous ces jeunes à la logorrhée antisémite n'ont d'ailleurs que ce mot à la bouche sans en saisir le sens. Certes, Twitter n'a pas créé l'antisémitisme, mais il a été une caisse de résonance. Sous couvert d'anonymat, il a libéré la parole. Le format de l'outil favorise cela : l'effet de meute créé par le hashtag encourage l'acharnement, l'anonymat délie les langues. Surtout, le phénomène collectif désolidarise chacun de sa propre responsabilité.

Quelle est donc la solution ? La sanction individuelle est nécessaire, mais difficile à réaliser à cause de l'anonymat et de l'absence d'une entité Twitter en France. Se taire n'est pas une solution satisfaisante.

Certains ont affirmé que monter au créneau entretiendrait le mythe d'une "répression juive" : les antisémites ne nous ont pas attendus pour croire au complot juif. Nous ne devons pas agir en fonction de leurs croyances erronées. Cela ne supprimera pas l'antisémitisme mais empêchera l'effet de meute, la vulgarisation de clichés et la surenchère dans l'horreur. A force de voir apparaître de telles idées , on finit par les normaliser inconsciemment.

Ironie du sort, dimanche 14 octobre était diffusé le film La Rafle. Cette fois-ci les tweets étaient plus rassurants. Collégiens et lycéens semblant s'émouvoir et découvrir cette période tragique de l'histoire. "Un raciste c'est quelqu'un qui se trompe de colère." Un antisémite aussi. Gageons qu'éducation et sanction puissent responsabiliser cette foule sans visage. Pour que, cette fois-ci, l'histoire ne se répète pas.



*Sophie Gourion,
journaliste, auteur du blog Tout à l'ego

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