DESDIVISIONS
DANSLAREVOLTE
DESPEUPLESEGYPTIENS
Source : journalmetro.com
via l'Associated Press
en ligne le 12 septembre 2011
En Égypte, le spectre des divisions .
HAMZA HENDAOUI
LE CAIRE, Égypte
L'attaque contre l'ambassade d'Israël au Caire vendredi soir, au coeur d'une nuit d'émeutes, témoigne de l'approfondissement du fossé entre les militaires au pouvoir et le mouvement de contestation populaire qui les accuse ouvertement de s'accrocher à l'héritage du président déchu Hosni Moubarak plutôt que de vouloir le démanteler. Une épreuve de force, potentiellement déstabilisante pour le pays, semble désormais hautement probable.
Sans surprise, Israël a replacé cet épisode dans le contexte de son traité de paix avec l'Égypte, en vigueur depuis 1979. Mais les généraux à la tête du pays étaient encore plus que l'État hébreu la cible des manifestants déchaînés. Et le message était clair: vous, militaires, ne pouvez pas nous gouverner par l'intimidation comme le faisait Moubarak.
Les protestataires, et une part grandissante de l'opinion publique, critiquent de plus en plus cette armée jugée trop proche de l'ancien régime, accusée d'agir trop peu en faveur de la démocratie et de se rendre coupable à son tour d'abus.
«C'est un conflit entre une partie qui tente de reproduire l'ancien régime et une révolution qui continue de presser pour que ses revendications soient satisfaites», souligne Khaled Abdel-hamid, leader du mouvement de protestation.
La rage des auteurs de l'attaque contre l'ambassade d'Israël s'est, fait notable, concentrée sur un mur érigé en août par l'armée égyptienne devant la mission diplomatique, pour tenir à distance les protestataires après la mort de six policiers égyptiens tués — par erreur, selon Tsahal — par les forces israéliennes dans la péninsule du Sinaï.
Aux yeux des manifestants, ce mur signifie qu'à l'image de Moubarak, l'armée se montre plus empressée pour protéger les Israéliens — et la paix avec eux — que les Égyptiens.
Les militaires ont mis en garde contre le danger d'une déstabilisation du pays après l'attaque contre l'ambassade d'Israël. Dans un communiqué lu à la télévision publique, le Conseil suprême des forces armées et le gouvernement civil ont estimé que l'Égypte traversait une crise «qui menace l'État lui-même». Ils ont juré d'avoir recours aux lois d'exception de l'état d'urgence, incarnation honnie des 29 ans du régime Moubarak, sur lesquelles la junte a depuis maintes fois déjà promis de revenir.
«Nous nous trouvons désormais quelque part entre la révolution et le chaos, entre le renversement d'un régime et celui de l'État tout entier», a jugé dimanche le quotidien gouvernemental Al-Ahram, faisant écho à la position de la junte.
Le tout laissant présager une répression plus forte, selon certains des groupes à la tête du soulèvement, ces 18 jours de février qui ont entraîné la chute du raïs. Le Conseil suprême des forces armées, pensent-ils, fait preuve du même autoritarisme que Moubarak et entend maintenir en place les principaux éléments de l'ancien régime.
Les militaires, eux, affirment n'avoir aucune intention de s'accrocher au pouvoir mais le processus de transfert des commandes à un gouvernement élu a déjà pris un mois de retard. De même, ils n'ont pas fourni de dates précises pour des élections présidentielle et législatives, laissant craindre qu'ils ne soient en train d'essayer de gagner du temps afin de s'assurer un futur rôle politique.
«De toute façon, le transfert du pouvoir ne signifie pas que l'armée sera en dehors du jeu, avertit Michael Hanna, spécialiste égypto-américain de la Fondation Century de New York. Les généraux vont se garder un rôle important mais n'auront pas leur mot à dire sur tout».
Hausse de la criminalité, aggravation de la crise économique et agitation sociale sur des questions notamment salariales: dans les sept mois qui ont suivi le départ de Moubarak, l'Égypte a connu des problèmes croissants. Et depuis vendredi, les médecins et les bagagistes de l'aéroport du Caire sont en grève, les enseignants manifestent ainsi que les Nubiens du sud réclamant l'égalité des droits pour leur ethnie.
L'Égypte est «à un carrefour», observe Emad Gad du Centre Al-Ahram du Caire pour les études stratégiques. Soit le Conseil suprême a un «plan, une vision, imposer l'ordre et rétablir le prestige de l'État", soit il n'en a pas, et n'a en conséquence «aucun pouvoir de nous empêcher de plonger dans le chaos».
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