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Source : lemonde.fr en ligne le 6 mai
Bachar Al Assad courtise
un grand rabbin…
pour amadouer Israël
Dans son édition du 1er mai, le Jerusalem Post indiquait que, “dans un timing hautement improbable”, le président syrien Bachar Al-Assad a adressé au rabbin israélien Yeoshiau Pinto une invitation à se rendre en Syrie pour prier sur la tombe de ses parents. Un lointain ancêtre de cette importante personnalité religieuse avait été, dans la première moitié du 17e siècle, le responsable de la communauté juive de Damas.
Le chemin suivi par cette invitation, remise par Imad Moustapha, ambassadeur de Syrie aux Etats-Unis, à Jacques Avital, président de l’Alliance nationale sépharade basée à Brooklyn, retient moins l’attention que le moment où elle intervient. En dépit des bonnes relations que l’Etat syrien s’est efforcé d’entretenir avec les membres de la communauté juive syrienne, une fois ceux-ci autorisés à quitter la Syrie où ils avaient longtemps été retenus en otage pour prévenir toute agression israélienne, on peut douter du caractère opportun d’une telle invitation en ce moment. D’autant qu’il apparaît provocateur d’indiquer que les autorités syriennes ont d’ores et déjà pris les mesures nécessaires pour assurer à leur illustre visiteur la nourriture casher dont il aura besoin, au moment où ces mêmes autorités assiègent et privent d’eau, de nourriture et d’électricité, depuis une semaine, les 80 000 habitants de la ville de Daraa.
Le choix du moment est en réalité tout à fait judicieux. Du moins du point de vue des Syriens, puisque le rabbin Pinto a eu la sagesse de faire savoir à ses futurs hôtes qu’il répondra volontiers à leur invitation… quand le calme sera revenu chez eux. Pour le régime syrien, que son recours à une violence immodérée a placé dans une situation dont il perçoit qu’il aura de la peine à sortir, il est en effet urgent d’adresser un appel au secours à tous ceux qui pourraient encore lui venir en aide. Et paradoxalement Israël en fait partie.
Depuis des décennies, le jeu syrien a consisté, en tenant des discours hostiles à Israël mais sans bouger le moindre soldat sur le front du Golan, à satisfaire les gouvernements israéliens successifs par son inaction et à contenter la population syrienne et les masses arabes par ses diatribes. L’équilibre était difficile, mais, comme ils le montrent partout dans leur environnement, les Syriens sont des maîtres dans l’art de la provocation, de l’esquive et du double jeu.
Bien que formé à bonne école, dans l’ombre de son père durant six ans, Bachar Al Assad n’en a hérité ni l’intelligence politique, ni l’habileté manœuvrière. Tombé sous l’influence de l’Iran, avec qui Hafez Al Assad avait su garder ses distances, rester un partenaire et non un satellite, le jeune chef de l’Etat s’est livré à un jeu de plus en plus dangereux. Aussi immobile que son père sur le Golan, il s’est exposé en apportant au Hezbollah, en guerre contre Israël pour récupérer des territoires libanais ou prétendus tels – les Fermes de Chebaa –, une aide de plus en plus conséquente qui menaçait de remettre en cause le rapport des forces dans la région.
La passivité affichée sur son propre territoire, sur lequel les Israéliens ont effectué plusieurs incursions aériennes et réalisé plusieurs attentats au cours des années écoulées sans susciter d’autre réaction que la vague menace de “répliquer en temps opportun par les moyens les plus appropriés”, n’a plus suffi à rassurer l’Etat hébreu. Dans son style à l’emporte-pièce, le ministre des affaires étrangères israélien, Avigdor Lieberman, a fini par menacer Bachar Al Assad, en février 2010 : non seulement “il perdra toute nouvelle guerre, mais il perdra du même coup le pouvoir, lui et sa famille”.
Alors que certains pays, dont la France, ont commencé à élever la voix et à prévenir Bachar Al Assad que son comportement vis-à-vis de sa population était inacceptable, et qu’il ne trompait personne en affectant d’être étranger aux crimes commis par son frère et ses soldats, ses cousins et leurs moukhabarat, le chef de l’Etat syrien a plus que jamais besoin d’un avocat pour plaider auprès de la communauté internationale son maintien en place, au nom des services rendus et des services qu’il serait encore prêt à rendre.
Jusqu’ici, le stratagème a toujours fonctionné. Sortant de son chapeau en temps opportun un nouveau monsieur bons offices, ou accueillant à Damas à chaque période de tension une délégation d’une importante organisation juive, de préférence américaine, Bachar Al Assad est toujours parvenu à désamorcer les crises en donnant le change sur ses intentions. Mais la situation est aujourd’hui différente. Aussi peu pressés que lui de conclure un traité de paix, qui se traduira pour eux par un retrait du Golan et pour lui par la perte de la carte des négociations, les Israéliens ne lui en avaient jamais voulu jusqu’ici de préférer dans le processus de paix, comme son père avant lui, le processus à la paix.
Mais les temps ont changé et, constatant comme leur ministre de la défense, Ehud Barak, que “la brutalité de Bachar Al Assad fait de plus en plus de morts et l’accule dans une impasse”, certains d’entre eux en viennent à dire tout haut qu’Israël “n’a pas à s’effrayer du fait qu’Assad puisse être remplacé”.
Faute de pouvoir séduire la communauté internationale en adoptant la posture conciliante qui lui a plusieurs fois déjà servi à neutraliser les menaces pesant sur son régime, Bachar Al Assad pourrait bien recourir à d’autres moyens pour se maintenir en place. On peut redouter que, lorsqu’il se verra acculé, il change son fusil d’épaule, et qu’il cherche à montrer, au Liban de préférence, qu’il sait utiliser aussi bien que son père les cartes de la nuisance.
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