"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma  Ed Universlam


CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

mardi, février 08, 2011

UNHOMME
DEPAIXELU
MENSCHDELANNEE

PARLACOOMUNAUTE
JUIVEDEBELGIQUE
Source : le site de la revue Regards
en ligne le 1er Janvier



Elie Barnavi :
Un engagement pour Israël,
une passion pour l’Europe


Historien réputé et grand intellectuel israélien, Elie Barnavi est un homme de passions et de dialogue. Du combat pour la paix au Proche-Orient à la construction européenne, ce Juif laïque et humaniste s’est toujours posé en adversaire résolu des totalitarismes et des « religions meurtrières ».

Elie Barnavi naît à Bucarest le 2 août 1946. Sa maman descend d’une longue lignée de rabbins de Bessarabie. Mais, à 20 ans, son grand-père maternel a perdu la foi, il devient instituteur et milite au Parti communiste. Son père, dentiste, combat à Stalingrad. Sioniste depuis la fin de la guerre, il enseigne l’hébreu à Elie. Celui-ci fait sa bar-mitzva à la grande synagogue de Bucarest, devenue aujourd’hui le Musée d’histoire juive de Roumanie. En 1961, les Barnavi émigrent enfin en Israël. Après avoir passé une année au Kibboutz Gat, il rejoint l’Hashomer Hatzair, le mouvement de jeunesse de la gauche sioniste, et suit les cours de l’école francophone de Jaffa. Il fait son service militaire dans les paras lors de la guerre des Six Jours en 1967.

A l’université, Elie étudie l’histoire et les sciences politiques, à Jérusalem, puis à Tel-Aviv. Il se marie en 1968. Un fils, David (1969) et une fille, Yaël (1972), naissent de cette première union. Il poursuit ses études à la Sorbonne, faisant sa thèse de doctorat sur la Ligue catholique du duc de Guise, le « Parti de Dieu », grand protagoniste des guerres de religion en France au 16e siècle. Un sujet de recherche qui l’incite à « se mettre dans la peau de l’autre », comme il aime le rappeler, pour mieux comprendre l’articulation du politique et du religieux. La religion, phénomène collectif et donc politique, tient une place de choix dans les travaux d’Elie Barnavi. Après 2001, la montée du « fondamentalisme révolutionnaire » à l’échelle planétaire le conduit à publier une série d’ouvrages tirant des leçons des conflits du passé pour aider le public à comprendre le retour en force du religieux dans le champ politique : Tuez-les tous ! : La guerre de religion à travers l’histoire (Perrin), Israël-Palestine : une guerre de religion ? (Bayard) et Les religions meurtrières (Flammarion).


Historien du temps présent

En 1974, Elie Barnavi rentre en Israël et mène une brillante carrière académique à l’Université de Tel-Aviv où, devenu professeur d’histoire de l’Occident moderne, il dirigera le Centre d’études internationales et le département d’histoire. Il sera aussi directeur d’études à l’école d’Etat-major de Tsahal et à l’Institut de Défense nationale. Officier de réserve, il fait la guerre du Liban en 1982, ce « mini-Vietnam proche-oriental ». Depuis toujours à gauche, il participe au mouvement La Paix Maintenant et est membre du parti Meretz.
Mouli Melzer, éditeur israélien, connaît Elie depuis près de 25 ans : « Le Yediot Ahronot nous avait chargés, Dani Tracz et moi, de préparer la publication en hébreu d’un atlas d’histoire universelle dirigé par Pierre Vidal-Naquet et auquel participait Elie. Ce dernier est vite devenu un ami proche et nous avons continué à travailler ensemble. Elie a proposé à Hachette un atlas historique du peuple juif, un grand projet auquel ont collaboré des historiens de renom. Elie n’était pas un historien de la Diaspora et de l’histoire antique d’Israël. Pourtant, j’ai été stupéfié par la rapidité avec laquelle il absorbait ces nouvelles matières, montrant sa vision globale de l’histoire juive. Puis, nous avons réalisé une série de nouveaux manuels scolaires en hébreu et publiée sous sa direction. Tout en travaillant avec nous à ces projets éditoriaux, il était professeur à plein temps et les médias le sollicitaient souvent. Sa capacité de travail est incroyable ! C’est un historien du temps présent, qui perçoit l’actualité dans sa perspective historique et aussi un excellent vulgarisateur qui veut rendre le texte scientifique accessible au public ».


Israël et le peuple juif sont au cœur de sa passion d’historien : Histoire universelle des Juifs (Hachette) et Une histoire moderne d’Israël (Flammarion), version remaniée de sa publication de 1982 Israël au XXe siècle. Dans Lettre d’un ami israélien à l’ami palestinien (Flammarion), Elie Barnavi répond à la Lettre à un ami juif (Seuil) d’ Ibrahim Souss, politologue et écrivain, intellectuel palestinien alors représentant de l’OLP en France. L’historien israélien affirme qu’il faut parler à l’OLP. Lucide, il ne désespère pas de « notre pauvre Proche-Orient gorgé du sang de ses fils, si occupés à l’aimer qu’ils en oublient d’y vivre ». Ancré dans l’actualité de l’élection d’Obama, le livre Aujourd’hui ou peut-être jamais (André Versaille éditeur) est un appel pressant et un cri d’alarme au Président américain de « ce Proche-Orient en lambeaux qui a besoin de paix comme le voyageur dans le désert a besoin d’eau ».


Erudit, à la séduction naturelle

C’est par le biais de l’atlas historique paru chez Hachette qu’Elie Barnavi rencontre son épouse Kirsten : « C’était il y a dix-huit ans à la foire du livre de Francfort. Je travaillais pour des éditeurs qui publiaient sur le Proche-Orient et il venait présenter son Histoire universelle des Juifs », se souvient-elle.
Elie et Kirsten ont deux fils : Matan (15 ans) et Itaï (11 ans). En juin 1998, Elie Barnavi devient directeur du comité scientifique du Musée de l’Europe. Simone Susskind résume les circonstances de sa venue à Bruxelles : « Nous nous sommes rencontrés en Israël et comme Elie est un historien brillant, je l’ai invité à des colloques sur la laïcité et le sionisme organisés par le CCLJ. En 1995, lors de la préparation de l’exposition “J’avais 20 ans en 1945”, les organisateurs ont réalisé qu’elle souffrait de graves lacunes concernant la dimension juive de la Seconde Guerre mondiale. Ils ont fait appel à David Susskind qui leur a recommandé… Elie. Arrivé en catastrophe pour corriger leur approche, il a “sauvé les meubles” de l’exposition ».
Administrateur de Tempora, spécialiste belge de la conception et de la réalisation d’expositions et moteur du Musée de l’Europe et de ses expositions temporaires, Benoît Remiche évoque le rôle clé d’Elie Barnavi dans la genèse du projet de ce musée : « C’est un grand scientifique qui n’a pas peur de se jeter à l’eau; un érudit doublé d’un homme d’action. Suite au succès de “J’avais 20 ans en 1945”, nous pensions faire une exposition sur l’histoire de l’Europe. Elie nous a dit que le sujet méritait un musée et a pris un congé sabbatique afin de commencer à en imaginer le parcours permanent. Il a aussi inventé le nom de notre société d’expositions, “Tempora”, associée au projet de l’asbl Musée de l’Europe. Sans en avoir l’air, Elie est un gros bosseur, qui fait les choses très vite, sans stress. Outre ses vastes connaissances d’historien et de politologue, il connaît les hommes. Il a du charme et peu de gens lui résistent; un grand atout dans la recherche du financement d’expositions. Je suis très fier d’être
son ami ».

L’historien Krszystof Pomian, directeur scientifique au CNRS et à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHSS), assure depuis 2001 la direction scientifique du Musée de l’Europe : « J’ai l’impression que notre amitié remonte à la nuit des temps. L’historien François Furet nous a présentés l’un à l’autre et nous nous sommes vite découvert des atomes crochus. J’ai été surpris de son intérêt pour tant de sujets d’histoire européenne que je ne croyais pas susceptibles d’intéresser un intellectuel israélien. J’estime beaucoup son don d’empathie. Et puis, c’est un charmeur et je le dis avec une certaine jalousie. Il a ce don de séduction, une séduction naturelle et spontanée ».


Ambassadeur d’Israël et de la paix

En novembre 2000, Shlomo Ben-Ami, ami d’Elie et ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement d’Ehoud Barak, lui propose le poste d’ambassadeur d’Israël à Paris. Elie Barnavi connaît bien la France. Par ailleurs, il aime ce pays et son modèle républicain, fondé sur la laïcité et le droit du sol. Il espère œuvrer au rapprochement de la France et d’Israël. Mais avec la seconde intifada, puis l’arrivée au pouvoir du gouvernement Sharon, le militant de la paix se trouve vite dans l’impasse. Sans trahir sa fonction ni ses convictions politiques, il combat à la fois ceux qui diabolisent Israël et qui jugent que la France est devenue un pays antisémite. Et face aux médias, il réaffirme que la plupart des Israéliens veulent la paix et que la création d’un Etat palestinien est l’unique solution au conflit.
Vingt-deux mois plus tard, remercié par Shimon Peres, Elie Barnavi revient à son enseignement de l’histoire à l’Université de Tel-Aviv et à son travail pour le Musée de l’Europe. Et comme le savent les militants du CCLJ, dont il a assumé la présidence du 50e anniversaire en 2009, il pointe du doigt les égarements de la politique israélienne, trace les chemins possibles d’une reprise du processus de paix, analyse les dangers qui menacent Israël et les communautés juives en diaspora. Espoir, appel à la raison et défense de l’Etat d’Israël font le fil rouge de son discours d’historien engagé, dans sa participation active à l’initiative J Call, comme dans sa chronique « D’ici de d’ailleurs » pour l’hebdomadaire Marianne où il dénonce « Netanyahou, le nul ! » et « Son Excellence le Président, prédateur sexuel, représentatif de la décrépitude d’une classe politique israélienne à la dérive ».


BBC et pop-corn

Historien pédagogue, auteur d’expositions remarquables du Musée de l’Europe (Dieux mode d’emploi, l’Europe c’est notre histoire…), Elie Barnavi est aussi un amateur d’art, comme en témoigne l’intégration d’œuvres d’art contemporain aux expositions du musée. Richard Kenigsman précise  : « Après être venu voir une de mes expositions, il m’a commandé récemment une série d’œuvres pour “L’Amérique c’est aussi notre histoire”. J’avais six mois pour les réaliser et j’ai travaillé jour et nuit à ce projet si enthousiasmant ».
Kirsten fait le portrait de l’homme public en famille : « Excellent père, il passe beaucoup de temps avec les enfants, les aide pour leurs devoirs, regarde avec eux des films qu’il adore comme Shrek ou Toy Story. Il aime les animaux et promène souvent notre chienne “Zoom”. Son rituel quotidien, c’est regarder les actualités de la BBC en mangeant du pop-corn dont il raffole ! Elie adore la choucroute, les moules et frites... La vie est douce avec lui ! Il aime Bruxelles, mais Tel-Aviv lui manque et il voudrait avoir le temps d’écrire des romans, tout en continuant ses projets avec le Musée de l’Europe ». Musée qui, comme le répète Elie Barnavi, veut rapprocher les Européens de l’Europe. Leur faire comprendre que l’Europe n’est pas une affaire bureaucratique qui les dépasse, les éduquer à l’Europe, leur faire comprendre que la démocratie passe par le savoir. Elie Barnavi souligne fréquemment les similitudes entre Israël et l’Europe. « Parmi les communautés humaines originales nées du 20e siècle, deux seules ont connu un tel succès, aussi complet que l’expérience humaine le permet, l’Europe et Israël », insiste-t-il.


Juif, sioniste et israélien

Si l’Europe passionne énormément Elie Barnavi, il reste profondément attaché à Israël, son pays. Dans la réponse qu’il adresse au très beau texte de Régis Debray A un ami israélien (Flammarion), Elie Barnavi se définit comme juif, israélien et sioniste : « Je suis sioniste parce que je veux qu’il y ait un coin de terre que les Juifs puissent dire le leur, d’où personne ne soit capable de les chasser et où ils vivent à leur guise leur destinée commune ». Régis Debray a vu juste en écrivant qu’Elie Barnavi incarne justement cet « autre Israël », « celui des prophètes, dieu universel qui fait partie de l’identité israélienne et de notre arrière-pays spirituel à nous chrétiens ou même athées. Je suis très content qu’un dialogue soit possible avec cet autre Israël humaniste dont je veux croire qu’il finira par l’emporter ».

Homme de paix et intellectuel engagé, ses écrits témoignent de la continuité de sa pensée sioniste. Comme il l’écrivait il y a près de vingt ans dans Histoire moderne d’Israël, « Israël doit réaffirmer avec force le caractère ouvert, pluraliste et démocratique de sa société face au judaïsme monopolisé par son courant le plus rétrograde et le plus agressif. (...) Il s’agit en somme de redécouvrir les vérités premières des pères fondateurs : que le sionisme n’est pas venu « libérer la terre», mais sauver les Juifs; et que son but n’était pas de dresser ce peuple contre les Gentils, mais de l’aider à se tailler une place au soleil des nations. L’Etat hébreu devra absolument réapprendre ces vérités premières et les vertus oubliées de la « normalité ». Alors seulement sera-t-il en mesure de remplir pleinement son rôle, et de réaliser enfin le vœu herzlien; être ce coin du monde où les Juifs puissent “vivre libre sur leur propre terre et mourir paisiblement dans leur propre maison”».


Roland Baumann

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