DESMUSULMANS
HOSTILES
AUNEGATIONISME
Source : lexpress.fr en ligne
le 2 février
A Auschwitz, des musulmans appellent
à lutter contre le négationnisme
130 personnalités du monde arabo-musulman et d'Europe ont tenu à faire le voyage à Auschwitz Birkenau parmi elles, le grand mufti de Bosnie, Mustafa Cceric.
Cyril Bonnel
Des responsables et intellectuels musulmans, mais aussi juifs, chrétiens et laïcs issus de 40 pays ont visité mardi le camp d'Auschwitz. Leur message: lutter contre l'antisémitisme, c'est lutter contre l'islamophobie.
Bravant le froid glacial qui règne en cette matinée de février sur le camp de Birkenau, 130 personnalités d'Europe et du monde arabo-musulman ont fait le voyage. Il y a là des maires de grandes villes du Maghreb et d'Afrique, plusieurs chefs d'Etat à la retraite, des imams, des intellectuels, des historiens. Bertrand Delanoë, Irina Bokova, la secrétaire générale de l'Unesco, l'ancien chancelier Gerhard Schröder font également partie de ce "voyage historique" aux côtés de rabbins et de survivants de la Shoah.
C'est la première fois qu'un si grand nombre de responsables musulmans se déplace à Auschwitz, sur les lieux d'une tragédie peu connue du monde arabo-musulman, quand elle n'y est pas niée. "Nous constatons malheureusement que certains s'obstinent chaque jour à nier la réalité du génocide des juifs", déplore Anne-Marie Revcolevschi, présidente du Projet Aladin, qui organise le déplacement. Pour Ely Ould Mohamed Vall, l'ancien président mauritanien, il est clair que "le génocide des juifs est mal connu de mes concitoyens".
La shoah n'appartient pas à l'histoire de l'Afrique. Abdoulaye Wade, Président du Sénégal et de l'Organisation de la Conférence islamique, a pourtant rappelé la veille du départ qu'une autre grande tragédie est toujours en voie de reconnaissance: la traite négrière, qui a duré quatre siècles.
Ce déplacement intervient à un moment particulier, où il est difficile de faire entendre la "leçon" d'Auschwitz. A cet égard, le conflit israélo-palestinien agit comme un véritable poison. Driss Khrouz, directeur de la bibliothèque royale de Rabat (Maroc), refuse qu'on assimile sa présence à Auschwitz à un appui à la politique d'Israël. Selon lui, il ne faut pas confondre une question concernant toute l'Humanité et un conflit politique.
Rafik Hassani, secrétaire national aux relations internationales du RCD algérien, est conscient que sa participation - il est le seul Algérien - pourra être exploitée à son encontre. Mais il se dit habitué à "ces polémiques stériles qui n'ont plus aucun écho auprès de la jeunesse algérienne".
Si nous ne luttons pas contre l'antisémitisme, comment pouvons-nous lutter contre l'islamophobie?
66 ans après la libération du camp d'Auschwitz, où plus d'un million de juifs furent assassinés, des responsables musulmans veulent prendre part à la lutte contre le négationnisme. "Le génocide des juifs est une atteinte à l'Humanité et en cela il concerne tous les êtres humains, y compris les musulmans", souligne Tareq Oubrou, imam à Bordeaux, engagé dans la lutte contre toutes les formes de discriminations. "Si nous ne luttons pas contre l'antisémitisme, comment pouvons-nous lutter contre l'islamophobie?" s'interroge-t-il, rappelant que l'antisémitisme et l'islamophobie se développent sur le même terreau, fait d'ignorance et de crise économique.
A l'image d'autres responsables musulmans, Tareq Oubrou estime qu'il faut lutter contre les stéréotypes liés à l'islam et rappeler sans cesse qu'il "n'est pas antisémite." Son appel sera-t-il entendu au-delà des seuls membres de sa délégation?
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