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LESIEGEDUPARTI
DEBENALI
ASSIEGE
Source : lepoint.fr en ligne le 21 janvier
TUNISIE
Le siège de l'ex-parti de Ben Ali
pris d'assaut par la foule
Le Point a assisté, en compagnie du secrétaire général de l'ancien parti unique, à la tentative d'invasion du siège de l'ex-parti unique.
De notre envoyé spécial à Tunis, Dominique Dunglas C'est au siège du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), avenue Mohamed V à Tunis, que Mohamed Ghariani, secrétaire général du RDC et numéro trois du régime jusqu'au départ de Ben Ali, a reçu jeudi matin Le Point et le quotidien italien La Repubblica. Le siège du parti est un luxueux immeuble de 17 étages tout de verre et de marbre. Plusieurs blindés en défendent l'entrée. De puissantes berlines allemandes sont garées devant le perron. L'immense poster de Ben Ali qui décorait jusqu'à samedi 15 janvier la façade principale a été retiré. Boiseries, moquette, canapés de cuir de marque italienne, antichambres et huissiers : le 14e étage où se trouve le bureau du secrétaire général a le standing d'un ministère.
"Le RCD est le successeur du Néo-Destour fondé en 1934 par Habib Bourguiba, explique Mohamed Ghariani. Il compte 2,2 millions d'adhérents. Il a été, depuis l'indépendance, l'instrument de l'État pour faire passer les changements dans la société. Il a modernisé la Tunisie. Mais il est resté un parti unique, car le pouvoir a dû faire face, dans les années 1990, à la montée de l'islamisme."
Le RCD pas corrompu,
selon son secrétaire général
Le patron du RCD se défend des accusations de corruption dont son parti est aujourd'hui l'objet. "De nombreux hommes d'affaires nous ont financés par conviction et parce qu'ils voyaient en nous les défenseurs de la stabilité. Nous avons bénéficié de financements publics, car ces fonds étaient attribués en fonction de la représentativité au Parlement. Le RCD n'était pas la propriété de Ben Ali, et encore moins des Trabelsi. Au cours des derniers mois, Ben Ali semblait être devenu l'otage de sa famille. Il n'écoutait plus ses conseillers. Il y a peut-être eu des cas de corruption, mais ce sont des épisodes individuels."
Le secrétaire général reconnaît toutefois que, pour une grande partie de la population tunisienne, le RCD est encore lié à l'ancien régime et perçu comme un obstacle à la démocratie. "Le parti va se transformer. Il va changer de nom et se séparer de l'appareil de l'État, devenir une formation politique comme les autres. Mais la Tunisie ne peut pas écarter d'un coup de baguette magique deux millions de citoyens parce qu'ils ont une carte du RCD, cela conduirait à l'anarchie."
Mohamed Ghariani ne pourra pas poursuivre l'entretien. De l'avenue Mohamed V, arrivent, pour la première fois depuis le début de la crise tunisienne, les clameurs des manifestants. Par la grande baie vitrée de son bureau, le secrétaire général assiste, médusé, à la tentative d'assaut de l'immeuble. Des secrétaires en larmes et des employés rangent précipitamment des dossiers. Un millier de contestataires tentent de franchir les grilles. La sécurité s'organise au rez-de-chaussée, dans le jardin et dans les caves. La troupe tire plusieurs rafales d'armes automatiques en l'air. Pourtant, davantage que la démonstration de force des militaires, c'est la rumeur de la démission du gouvernement - démentie un peu plus tard - qui permet la dissolution pacifique du cortège. Mais une heure après, le bureau politique du RCD se dissout, indiquant que Mohamed Ghariani gère désormais les affaires courantes.
Si ce n'est pas la mort en direct du RCD, cela y ressemble.
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