"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

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de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

mardi, janvier 18, 2011

LAREVOLTE
DUPEUPLETUNISIEN
REACTION
DERAMAYADE
AMBASSADRICEDEFRANCE
ALUNESCO
Source : lexpress.fr en ligne le 18 janvier

à 9h 47
sur Diasporablog à 10h 30


La Tunisie après Ben Ali



Rama Yade:
"Nous n'avons pas à donner
d'injonctions aux Tunisiens"



Propos recueillis
par

Thierry Dupont





Pour l'ancienne secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme, l'attitude de la France vis-à-vis du régime Ben Ali a été marquée par "poids des habitudes".



Sur votre blog, vous tirez votre chapeau
aux Tunisiens...

Oui, le peuple tunisien a fait preuve d'un grand courage, il a arraché dans la rue sa liberté, il fait partie de ceux qui ont su dire non. Je tenais à rendre hommage aux Tunisiens d'hier et d'aujourd'hui qui ont toujours cru dans la liberté, qui, comme Mohammed Bouaziz, ont fait le sacrifice de leur vie pour qu'un jour la Tunisie vive libre.

Tous ceux qui ont manifesté dans les rues malgré la répression doivent être considérés comme des héros. Je suis très fière d'eux. C'est une preuve de la vitalité des droits de l'Homme qui doivent être la référence absolue. L'autoritarisme n'est pas le régime naturel des hommes. Comme disait Jacques Prévert, "quand la vérité n'est pas libre, la liberté n'est pas vraie". Les gouvernements ne peuvent priver leur population de liberté sans avoir un jour à en rendre compte. Là, le jugement populaire a été sans appel.


Comment jugez-vous l'attitude de la France
durant toute cette crise?

Le poids des habitudes, sans doute. La situation ne devait pas être facile à appréhender tant les choses sont allées vite. Mais 23 ans de privations de libertés, c'est si long. Maintenant, au chaos libérateur doit succéder une démocratie apaisée et juste: des emplois pour les jeunes chômeurs, des élections libres... Nous n'avons pas à donner des injonctions quelconques, c'est aux Tunisiens de décider de leur destin. S'ils souhaitent le soutien de notre pays dans cette phase de transition, le rôle d'un partenaire historique comme la France est d'accompagner le changement.


La ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, est auditionnée ce mardi par les députés. Certains lui reprochent sa proposition d'aide aux forces de l'ordre tunisiennes...

N'étant plus au gouvernement, je ne connais pas les coulisses de ces déclarations mais je vous ai parlé du poids des habitudes. L'attitude légitimiste veut que le gouvernement français parle au régime en place.

Mais cela me conforte dans l'idée que, même face à un régime autoritaire, rien n'empêche de parler des droits de l'Homme, d'établir des relations avec les militants et de soutenir la société civile. Défendre ce message des droits de l'Homme, auquel la France reste associée dans beaucoup de pays, n'a rien de démodé ou de passéiste car la plupart des peuples dans le monde ne vivent pas libres.

Bien sûr, on peut le faire intelligemment pour préserver les relations diplomatiques et donc les chances de convaincre de l'impératif des droits de l'homme. Ce n'est pas incompatible avec la realpolitik, c'est un équilibre, parfois précaire, à trouver.


Vous, auriez-vous utilisé les mots
de Michèle Alliot-Marie?

On ne sait jamais ce qu'on ferait dans telle ou telle situation.


Rétrospectivement, quel souvenir gardez-vous de votre voyage à Tunis en 2008, lorsque vous accompagniez le président de la République?

C'était sportif. Je voulais rencontrer la Ligue tunisienne des droits de l'Homme tunisienne et son président Mokhtar Trifi, l'Association des femmes démocrates, présidée par Khedija Chérif. J'avais reçu des messages ici ou là pour me dissuader de les voir. Il a fallu utiliser des ruses, ne pas annoncer à l'avance nos rencontres pour éviter que ces pressions ne nous amènent à annuler ces rendez-vous. Cela a continué sur place mais j'ai tenu à les voir car je voulais entendre leur récit pour qu'à mon retour en France, je puisse témoigner de la répression. C'était une question d'honneur, pour moi et pour mon pays.

Même si j'ai souffert de ne pas avoir pu rencontrer Khedija Chérif, je lui ai remis quelques mois plus tard le Prix des droits de l'Homme de la République française et voulu, à travers elle, passer aux combattants de la liberté un message de soutien, public et ferme. Les ferments de la révolte étaient là depuis longtemps et ma contribution était très modeste par rapport à l'extrême détermination de ces hommes et de ces femmes qui se battaient simplement pour vivre libres.


Quand même, quel grand écart entre ce que vous dites et les propos récents de vos anciens collègues du gouvernement, défendant les bienfaits du régime de Ben Ali...

Moi, j'étais dans mon rôle, celui de secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme. Ma fonction avait été créée par le président de la République. A partir de là, je faisais le travail pour lequel j'avais été nommée. C'était une tâche immense, compte tenu de la modestie de mes moyens, mais j'y ai mis toute ma force. Parfois, j'étais gagnée par le découragement: lorsque à 30 ans, sans grande expérience politique, vous vous retrouvez à discuter des droits de l'homme avec un régime pareil et ceux qui en France le soutiennent, c'est difficile mais il faut se battre.


Pour justifier le soutien au régime de Ben Ali, on a souvent évoqué le péril islamiste. Cela illustre-t-il une fois de plus la difficulté de la France à parler avec l'islam...

Le danger islamiste est une réalité dans beaucoup de pays arabes et il est normal d'être prudent. Si l'on respecte la souveraineté des Tunisiens, on doit leur faire confiance. La politique d'éducation et d'alphabétisation démarrée sous Bourguiba s'est poursuivie. C'est une population cultivée, formée, compétente qui a la capacité -en tout cas, je le lui souhaite- de tenir à distance les islamistes et tous les opportunistes pour construire la terre de démocratie que les Tunisiens méritent.

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