"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

samedi, septembre 11, 2010

LAMONTEE
DELAXENOPHOBIE
ENEUROPE

Source : marianne2.fr en ligne
le 11 septembre



Thilo Sarrazin,
symptôme de la progression
des droites xénophobes en Europe



Gilbert Casasus
Chroniqueur associé


Thilo Sarrazin, membre du directoire de la Bundesbank et auteur d'un livre raciste intitulé «L'Allemagne court à sa perte» vient de démissionner de ses fonctions, au grand soulagement de la classe politique allemande. Mais ses thèses ont rencontré un franc succès auprès des franges populaires. Gilbert Casasus, professeur en études européennes à l'université de Fribourg (Suisse), s'en inquiète.




En Allemagne on taxe les banques, en France les internautes Même en France, l’affaire Sarrazin a fait grand bruit. Pourtant, cet homme, aujourd’hui membre démissionnaire du directoire de la Bundesbank, était jusqu’à présent peu connu du grand public. Sauf à Berlin, où il fut Sénateur aux finances de 2002 à 2009. Pourtant, ce social-démocrate vient de défrayer la chronique dans une Allemagne que beaucoup espéraient nettement plus immunisée contre des idées particulièrement xénophobes que l’on aurait aimé ne plus entendre, que ce soit outre-Rhin ou partout ailleurs.

Sous couvert de recherches scientifiques, Thilo Sarrazin n’a fait que remettre les thèses biologiques à l’ordre du jour, n’hésitant pas à évoquer « un gène partagé par tous les juifs » et à stigmatiser tous les musulmans incapables à ses yeux de s’intégrer en Allemagne.

Ce serait lui faire trop d’honneur que de lui répondre point par point. Tout le monde sait où les défenseurs du « gène juif » ont mené l’Allemagne ; quant à l’inadaptation de tous les musulmans, notamment des Turcs, à vivre en RFA, elle fait sourire lorsque l’on connaît un tant soit peu ce pays dont la prospérité est aussi due à une forte immigration.

En revanche, ce qui ne fait pas sourire, c’est le succès obtenu par Thilo Sarrazin auprès d’une large partie de la population allemande. Bien qu’une certaine prudence s’impose à l’égard des différents sondages effectués au lendemain de la parution de son livre, il convient toutefois de les prendre sérieusement en compte. Non seulement une majorité d’Allemands semble lui donner raison, mais aussi grand un nombre d’électeurs de gauche. D’ailleurs, Sarrazin recueille la sympathie d’un tiers des sympathisants de la Linke, alors que des dizaines de milliers d’adhérents du SPD font grief aux dirigeants sociaux-démocrates de vouloir l’exclure de leur parti.

Ce constat, si affligeant soit-il, n’a rien de surprenant. Il est au diapason d’un mouvement plus profond qui, à travers toute l’Europe, permet à la nouvelle droite de conforter son assise auprès de ce que l’observateur politique a pour coutume d’appeler les « classes populaires ». Parfois, en parfait accord avec les idées les plus xénophobes, nationalistes et ségrégationnistes, elles contribuent aux succès électoraux que la droite extrême a engendrés ces dernières années dans de nombreux pays.

Voyant dans le plus démuni que soi leur adversaire de prédilection, elles tombent à bras ouverts dans le piège que les partis extrémistes ont su leur tendre. Victimes au premier chef de la mondialisation, elles sont de plus en plus incapables de s’en prendre au capitalisme et choisissent, par dépit ou par résignation, de s’attaquer alors aux maillons les plus faibles de la société. C’est l’immigré, le demandeur d’asile, le sans-papier ou le tzigane qui devient le bouc émissaire, alors que la droite dure se frotte les mains, trop heureuse d’avoir réussi sur leur dos un beau coup politique.

Pas plus que ne l’est en droit de le faire la France avec l’expulsion des Roms roumains et bulgares, l’Allemagne ne peut se réjouir de l’attitude de ces millions de citoyens qui apportent leur soutien à ces thèses nauséabondes. Alors que tous les intellectuels humanistes les condamnent au plus haut point, elles sont malheureusement partagées par une frange non négligeable d’une population précarisée et dotée d’un niveau d’instruction et d’une culture inférieurs à la moyenne. Si ce jugement peut sembler sévère et cruel, il s’avère néanmoins exact.

Car, au-delà du traditionnel conflit gauche/droite, se dessine une autre ligne de fracture dont les conséquences politiques sont beaucoup plus profondes que communément admises. Quitte à choquer les adeptes d’un marxisme puéril et outrageusement simplificateur, il vaut toujours mieux être un bourgeois défenseur des droits de l’homme que d’être un travailleur raciste et électeur fervent de la droite extrême.

Un regard rapide sur l’histoire permet d’ailleurs d’étayer cette thèse. Même si les communistes et sociaux-démocrates allemands comptèrent parmi les premières victimes du nazisme, beaucoup d’ouvriers allemands de l’époque ont bénéficié du retour au plein emploi. Par la suite, nombre d’entre eux ont résolument succombé au culte et aux allégories du « travailleur allemand » libéré, selon la propagande officielle, de sa conscience de classe. Car, qu’on l’admette ou non, Hitler n’aurait jamais pu se maintenir douze années durant au pouvoir si beaucoup d’ouvriers ne l’avaient pas soutenu. A la fois victimes mais aussi ardents défenseurs du Troisième Reich, ils furent également l’un des rouages d’un système qui plongea l’Allemagne dans la page la plus sombre de son histoire.

D’autant plus scandaleux apparaît alors le titre presque homonyme de l’ouvrage de Thilo Sarrazin auquel il faudrait rappeler aujourd’hui que ce sont bel et bien des idées en tout point très proches des siennes qui, naguère de 1933 à 1945, avaient conduit l’Allemagne à sa perte.

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