RACISME
Source : liberation.fr en ligne le 3 octobre
Un capitaine de gendarmerie
sanctionné pour
une "attitude inadmissible"
La Halde saisie
Une sale histoire secoue la gendarmerie, en particulier son Groupement blindé sur le plateau de Satory, à Versailles qui réunit plusieurs escadrons de gendarmerie mobile. La Halde (Haute autorité de lutte contre les discrimations et pour l'égalité) a été saisie, par un courrier envoyé hier soir, au nom de six gendarmes se disant victimes du racisme. "Ces militaires ont régulièrement été victimes de propos racistes tout comme ils ont fait l'objet de discrimations" affirme la saisine"en vue de l'ouverture d'une enquête" pour discrimination. Vendredi 25 septembre, un avocat, Me Joseph Cohen-Sabban avait annoncé au Parisien son intention de saisir la Halde.
"Par prudence" quant aux faits, Me Cohen-Sabban n'a pas souhaité déposer une plainte pénale. L'avocat a été contacté par trois des plaignants cet été, alors qu'ils servaient au Palais de Justice.
Selon l'avocat des six gendarmes - qui sont des Français d'origine maghrébine ou africaine - les militaires ont été "maintes fois" traité de "bougnoule", de "bamboula" ou de "quota". D'eux d'entre eux parlent d'humiliations au cours d'une remise de galons - un gradé les ayant trempés dans un verre de bière et tenté de les mettre dans la bouche de ces gendarmes. Ces jeunes gendarmes, qui ont moins de trente ans, se plaignent également de voir leur carrière ralentie : ils estiment être mal notés à cause de leurs origines.
Voici quelques éléments extraits de la saisine de la Halde : en mars 2006, les gendarmes E.K. et O. sont reçus par leur capitaine leur de leur arrivée à l'escadron. En fin d'entretien, celui-ci leur précise que "les blagues racistes sont coutumes à l'escadron, il ne faut pas le prendre mal, il faut faire avec".Le gendarme L. affirme que son capitaine l'a "maintes fois appelé bougnoule et n'h'ésite pas à lui répeter qu'il est le quota sdu secrétariat car il est noir". "Il y a trop de bougnoules et de nègres dans cet escadron. Depuis quand un Arabe ça réflechit ?" sont des propos régulièrement entendus par le gendarme A de la part de son supérieur. Un lieutenant aurait qualifié le gendarme P. de "nègre".
Avant le dépôt de la plainte, une enquête interne "a permis de démontrer la réalité des faits", indique la Direction générale de la Gendarmerie nationale, qui estime qu'une "telle attitude inadmissible et tout à fait contraire aux valeurs qu'entend promouvoir la gendarmerie nationale".
Le capitaine, commandant l'escadron 14/1, a été sanctionné au mois de juillet de trente jours d'arrêt - ce qui constitue une punition grave pour un officier. Clairement, sa carrière est brisée et la gendarmerie reconnait avoir voulu "taper fort". L'officier, agé de 53 ans, a été aussitôt muté dans un poste d'état-major, sans autorité hiérarchique, alors même qu'il devait quitter son commandement quelques semaines plus tard.
Selon nos informations, les faits remontent à 2006. Les jeunes gendarmes n'ont pas averti leurs représentants (Présidents des sous-officiers) au sein de leur unité, assure une source au sein de l'institution, ce que contestent les six gendarmes, qui affirment avoir alerté leur hierarchie. Le capitaine sanctionné aurait reconnu employer des expressions comme "travail d'arabe" pour du travail mal fait, ou se moquer des Arabes comme il le fait des Bretons... Sur l'épisode des galons trempés dans la bière, il aurait déclaré ne plus s'en souvenir.
Quand à la discrimination en matière de notation, les faits risquent d'être plus difficile à établir, car il faudra faire la distinction entre les six gendarmes. Selon nos informations, l'un des plaignants est en effet mal noté, ses chefs estimaient qu'il manquait "d'allant et de dynamisme" - ce que peu de ses collègues contestent. Ce point particulier provoque d'ailleurs une ambiance tendue au sein de l'escadron (115 hommes).
Maintenant qu'elle est officiellement saisie, la Halde va mener son enquête. L'avocat espère qu'elle émettra un avis "invitant la Gendarmerie à réviser la notation administrative de ces jeunes gens", mais en tout cas "il ne cherche pas des sanctions", assure-t-il.
En interne, les plaignants semblent être rassurés. Certains d'entre eux ont été reçus samedi dernier par leur hiérarchie et celle-ci leur a assuré qu'il n'y aurait pas de représailles à leur encontre.
Halde et Gendarmerie se connaissent bien : les deux institutions ont signé, en décembre 2007, un accord de partenariat (dont on peut lire le texte ici). Cet accord vise à "sensibiliser les gendarmes aux différents types de discrimination en leur transmettant les outils nécessaires à l'exercice de leur mission de police administrative et judiciaire".
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