NICOLASSARKOZY
ENVISITE
ENSYRIE
source: lemonde.fr via l'Agence Reuters
en ligne le 3 septembre



A Damas, Assad promet son aide à Sarkozy
dans la crise iranienne


par Emmanuel Jarry



DAMAS (Reuters) - Bachar al Assad a promis mercredi à Nicolas Sarkozy l'aide de la Syrie pour tenter de résoudre la crise internationale ouverte par le programme nucléaire iranien, sans toutefois rompre avec la position syrienne.

En visite à Damas, le président français a de nouveau demandé à son homologue syrien d'essayer de convaincre l'Iran, allié de la Syrie, de renoncer à se doter de l'arme atomique.
"J'ai dit au président Bachar al Assad combien la Syrie pouvait jouer un rôle sur la question iranienne", a-t-il déclaré lors d'une brève conférence de presse commune après un premier entretien dans le palais présidentiel moderne qui domine la capitale syrienne.

"Je lui ai redit quelle était la position de la France: l'Iran ne doit pas posséder l'arme nucléaire, mais l'Iran a le droit, comme tous les pays du monde, à l'énergie nucléaire civile", a-t-il poursuivi. "L'arme nucléaire pour l'Iran, c'est une menace pour la paix de la région et pour la paix du monde. Chacun à sa manière doit faire passer ce message."
Tout recours à la force contre l'Iran aurait "des effets désastreux", a pour sa part plaidé Bachar al Assad, qui est allé début août en Iran.
Il a rappelé que la Syrie défendait depuis longtemps l'idée que toute arme de destruction massive devait être bannie du Moyen-Orient - une allusion, notamment, à l'arsenal nucléaire israélien.

"Au cours de notre dernière visite en Iran, et lorsque nous avons discuté en détail de cette question avec les responsables iraniens, il n'y a pas eu de position différente", a-t-il ajouté. "Mais il est clair qu'il n'y a pas de confiance entre l'Iran et les pays concernés par cette question-là et le contraire est vrai aussi."



CONVERSATION "TRÈS FRANCHE"

La Syrie entend prouver que le programme nucléaire iranien est "un programme civil et non militaire", a expliqué le président syrien.
"Nous allons poursuivre le dialogue sur cette question-là avec les parties iranienne et française et nous espérons arriver à un résultat parce que la résolution de ce problème ne peut se faire qu'à travers des moyens pacifiques et le dialogue", a-t-il conclu.
Le rétablissement de la "confiance" au Moyen-Orient, condition de la stabilité et de la sécurité de cette région, a semble-t-il été le leitmotiv de l'entretien entre les deux présidents.
Confiance d'abord entre la France et la Syrie, après une longue période de gel des relations franco-syriennes sous le dernier mandat du prédécesseur de Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac - la visite de Nicolas Sarkozy est la première d'un président français en Syrie depuis Jacques Chirac, en octobre 2002.

Nicolas Sarkozy a parlé de conversation "très franche", qui n'a laissé de côté "absolument aucun sujet", y compris les droits de l'homme.
"La conviction de la France c'est qu'un respect scrupuleux de la liberté d'opinion constitue un atout et non un handicap dans la lutte contre l'extrémisme", a souligné le président français, qui a confirmé que les autorités syriennes avaient libéré cet été deux prisonniers politiques sur une liste de neuf détenus transmise en juillet par la France aux autorités syriennes.



CLIMAT DE CONFIANCE

"C'est une question qu'avec Bernard Kouchner nous avions évoquée avec le président Bachar al Assad lors de sa visite à Paris (...) Nous avions parlé des principes et des personnes. J'ai été très heureux de la libération de deux des personnes qui étaient inscrites sur ces listes", a-t-il dit.
"Nous avons poursuivi aujourd'hui notre dialogue et j'espère que, petit à petit, il s'enrichira d'autres initiatives, c'est le voeu que je forme".

Bachar al Assad a jugé ces entretiens "francs et constructifs" et estimé que la visite de son homologue français avait créé un "climat de confiance" entre les deux pays.
Le président français a pour sa part rappelé que sa visite était un engagement. Il a salué le fait que Bachar al Assad ait lui-même tenu les engagements pris lors de sa visite à Paris, en juillet, concernant le Liban.
"Nous souhaitons que cette évolution positive se poursuive et se développe.
"Avec le président Bachar al Assad nous construisons pas à pas une relation que nous voulons confiante pour tourner la page des désaccords", a souligné le président français. "Voilà comment se construit la relation nouvelle entre la Syrie et la France, essayer de se comprendre, ne pas transiger sur les principes et rétablir la confiance."

Il a déclaré que la France soutenait "de toutes ses forces" les discussions de paix indirectes entre Syriens et Israéliens par l'intermédiaire des Turcs, tout en déplorant que la situation politique en Israël ne permette sans doute pas de tenir le prochain rendez-vous, prévu le 7 septembre à Istanbul.
Nicolas Sarkozy a réaffirmé la disponibilité de la France à être un des parrains, le jour venu, de négociations directes entre la Syrie et Israël.
Bachar al Assad et Nicolas Sarkozy ont scellé cette nouvelle étape dans le rapprochement entre la France et la Syrie dans un restaurant de la vieille ville de Damas, où ils ont rompu le jeûne du Ramadan.


Edité par Jean-Philippe Lefief