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A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
samedi, avril 05, 2008
JOYEUSES PÂQUES
A NOS INTERNAUTES
CHRETIENS
PÂQUEJUIVE
PÂQUESCHRETIENNES
Source : lefigaro.fr en ligne le 22 mars
Barbarin et Bernheim :
«Tout commence à Pâques»
Propos recueillis par Étienne de Montety
Commentaires 29
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Pour les chrétiens, le jour de Pâques (cette année le 23 mars) est le jour de la résurrection du Christ. Pour les juifs, Pessah (cette année les 19 et 20 avril) célèbre la naissance du peuple hébreu. L'archevêque de Lyon et le grand rabbin de la synagogue de la Victoire à Paris s'entretiennent de cette célébration, fondamentale dans les deux religions. Ils ont ensemble signé un dialogue, Le Rabbin et le Cardinal (Stock).
LE FIGARO
Que représente pour les catholiques la fête de Pâques ?
Philippe BARBARIN.
La résurrection de Jésus est le sommet de la révélation chrétienne. Saint Paul l'affirme avec clarté : «Le Christ est mort pour nos péchés, conformément aux Écritures, il a été mis au tombeau ; il est ressuscité…» Et si le Christ n'est pas ressuscité, dit-il, notre foi est vide, vaine, creuse ! Il suffit de voir le temps que Jésus, puis les Apôtres prennent pour attester ce fait concret et incroyable de la résurrection.
Tout cela, bien sûr, nous l'avons reçu des juifs. Dans la nuit pascale, nous lisons toujours le chapitre XII du livre de l'Exode. «Pâques» vient d'un verbe hébreu qui veut dire à la fois passer et épargner. Dans l'épisode tragique de la mort des premiers-nés d'Égypte, la Bible dit que les maisons marquées par le sang de l'agneau pascal seront épargnées.
Pâques est la fête du passage : après avoir passé la mer Rouge à pied sec, et marché pendant quarante ans dans le désert, le peuple hébreu entre dans la terre promise. Comme il avançait derrière la colonne de lumière, les chrétiens, dans l'obscurité de la nuit pascale, avancent derrière le cierge qui représente le Christ, conduisant l'Église vers la terre promise de la résurrection.
Pâques est donc l'ouverture d'une immense espérance : en ressuscitant Jésus, Dieu nous assure qu'«avec la mort, la vie n'est pas détruite, elle est transformée.»
Et pour les juifs, que signifie Pessah ?
Gilles BERNHEIM.
our les juifs, Pessah (la Pâque, en hébreu) évoque d'abord une longue soirée familiale appelée le seder, qui commence à la nuit et se prolonge plusieurs heures, au cours de laquelle l'officiant et les participants multiplient les gestes symboliques, les récits, les chants, avec au centre du cérémonial un succulent repas au menu immuable. Le but premier de ce déploiement de rites est d'étonner et d'instruire les enfants et de les convaincre qu'ils sont d'anciens esclaves que le Créateur a miraculeusement fait sortir de l'Égypte pharaonique qui les opprimait. D'ailleurs, dès le début de la soirée le plus jeune participant est invité à réciter une liste de quatre questions (le célèbre ma nichtana) dans lesquelles il demande à l'officiant (en général, son père ou son grand-père) de lui expliquer les étranges singularités de cette soirée. En particulier, toute trace de pain et de levain a disparu de la table et de la maison, et il ne reste que des plaques de pain azyme (la matsa) qui vont jouer un grand rôle dans le cérémonial.
Cette soirée se déroulera cette année le samedi 19 avril et une deuxième fois le dimanche 20 avril en France et dans le reste du monde, sauf en Israël où elle n'a lieu que le premier soir.
Les jours qui suivent ont encore un certain caractère festif (notamment, le levain est toujours interdit) et les deux derniers jours sont de nouveau jours de fêtes, comme les deux premiers. Ils commémorent la miraculeuse traversée de la mer Rouge. Tout cela donne lieu à des prières et des lectures particulières à la synagogue, mais l'essentiel, comme souvent dans la religion juive, a pour cadre le milieu familial.
Pourquoi les dates de Pâques et de Pessah ne coïncident-elles pas ?
P. B. La date de Pâques est fixée par la Bible au 14 du mois hébraïque de nisan, qui est le jour de la pleine lune de printemps. Dans les premiers temps de l'Église, certaines communautés ont voulu garder cette tradition, alors que, pour les autres, la résurrection devait absolument être célébrée un dimanche. Vers la fin du deuxième siècle, saint Irénée, évêque de Lyon, s'en alla à Rome intercéder auprès du pape Victor pour régler cette question. Au concile de Nicée, en 325, la décision a été prise de célébrer Pâques le premier dimanche suivant la pleine lune de printemps. La date peut donc varier, entre le 23 mars, comme cette année, et le 23 avril, comme en l'an 2000.
Pessah ou Pâques, est-ce une commémoration, un événement toujours en cours ?
P. B. Il faut voir la différence entre le sens biblique du «mémorial» et ce que l'on appelle une «journée du souvenir». Le 11 novembre, par exemple, nous nous souvenons, avec émotion et gratitude, de ceux qui ont sacrifié leur vie pour défendre notre pays et nous permettre de vivre aujourd'hui en paix. La notion biblique de «mémoire» (comme on l'entend dans la phrase de Jésus, à la messe : «Faites ceci en mémoire de moi») est d'une tout autre nature. Elle signifie que Dieu qui, jadis, a sauvé Israël des Égyptiens nous sauve aujourd'hui encore des esclavages qui nous menacent.
On voit donc que «mémoire» dans la Bible est beaucoup plus qu'une réminiscence du passé. C'est la présence de Dieu qui nous sauve au cœur de nos vies. Jésus ressuscité dit à ses disciples : «Moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde.» Et nous appelons l'eucharistie aussi bien «le mémorial de la Pâque» du Seigneur que le sacrement de «la présence réelle».
G. B. Pessah célèbre la véritable naissance du peuple hébreu puisque, arrivés en Égypte à soixante-dix plus de deux siècles auparavant, ils en repartent à près de deux millions pour affronter une longue errance dans le désert où ils recevront et accepteront la Torah, leur loi nationale qui leur sera révélée du haut du Sinaï.
Mais ils n'avaient pas perdu leur temps en Égypte, car ils y ont appris la prodigieuse maîtrise de la nature qui caractérise cette civilisation plurimillénaire. Ils y ont appris aussi qu'un pouvoir politique trop puissant conduit à l'annihilation des droits des personnes, ce que le Créateur ne supporte pas.
Quelle peut être la signification de Pâques aux yeux du monde ? En quoi cette fête interpelle-t-elle l'homme contemporain ? Est-ce un événement privé pour des croyants ou une nouvelle pour tout le monde ?
G. B. La leçon de Pessah est plus actuelle que jamais, car la grandeur de l'Égypte antique, fondée sur la technique et l'industrie, est maintenant partagée par tous les pays développés, dont le nombre et la richesse grandissent sous nos yeux tous les jours. Mais en même temps, les angoisses engendrées par cette économie mondialisée font des ravages qui ressemblent par leurs effets à ceux de l'esclavage antique présenté par les textes de la Torah. Il est pressant pour l'homme d'aujourd'hui de sortir vraiment d'Égypte.
P. B. Pâques, c'est la réponse que Dieu donne enfin aux hommes. À mon avis, derrière les mille questions que les hommes se posent, il n'y en a, en fait, qu'une seule. Elle est dramatique, elle parcourt les siècles et se retrouve dans tous les cœurs et sur toutes les lèvres : «Pourquoi la mort ? Pourquoi ce triomphe du néant qui, par la violence, les catastrophes ou tout simplement l'usure du temps, semble inéluctable, alors que la vie est une telle merveille ?»
Aucune philosophie, aucun système politique ne peut donner de réponse à cette angoisse fondamentale. C'est pourquoi Dieu est venu jusqu'à nous et s'est engagé sur nos chemins, merveilleux et chaotiques. Et ce Dieu fait homme est allé heurter de plein fouet la muraille de la mort, dans la cruelle injustice de la crucifixion. L'Évangile nous montre alors Jésus au bord du désespoir en même temps que remis entre les mains de son Père. Et, pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, l'amour a percé une brèche dans ce bloc de béton qui paraissait invincible. Voilà la réponse de Dieu. C'est pourquoi, entre les milliards de jours qui ont pu exister depuis la fondation du monde, il n'y en a qu'un seul qui compte, c'est celui de la résurrection de Jésus. Et, avec le psalmiste, au matin de Pâques, les chrétiens chantent : «Ce jour que fit le Seigneur est un jour de joie» (Ps 117, 24).
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