LASHOAH
ENCM2
INTERVIEW EXCLUSIVE
DU RABBIN JOURNO
«DEVOIR DE MEMOIRE :
la mémoire ne S’impose pas.
Elle se suggère …»
Le Rabbin Mikael JOURNO, Rabbin de la communauté juive de Fontenay-aux-Roses et de sa région ,président du Collectif pour l’initiative rabbinique (C. I. R.)*, apporte sa contribution, sur DIASPORABLOG, au débat qui est né suite à la proposition du Président de la République demandant aux élèves de Cours Moyens 2è année de s'approprier la mémoire d'un enfant juif déporté.
Le Président de la République, Nicolas Sarkozy, vient de lancer, au cours du dernier dîner du CRIF, une proposition qui semble avoir suscité une vive polémique jusqu'à la réaction virulente de Mme Simone Veil. Et récement dans LE JOURNAL DU DIMANCHE de l'historienne Annette Wieviorka. Deux éminentes personnalités juives qui connaissent bien ce dossier.Le Présendant de la République souhaiterait que chaque élève de CM2 s'approprie l'histoire d'un enfant juif déporté.Qu'en pensez-vous, vous qui êtes également enseignant au Centre Communautaire Juif de Paris? Comprenez-vous la polémique qui s'est emparée de ce sujet? Comprenez-vous la réactions hostile de ces deux personnalités de la communauté juive citées plus haut?
Rabbin Mikael JOURNO :
Tout d'abord, il faut le reconnaitre, l'intention du Président de la République est louable, lui qui a noué des liens solides et sincères depuis longtemps avec la communauté juive. Une fois qu'on a dit cela, on peut maintenant s'interroger sur le fait s'il fallait l'annoncer, ce jour-là, de cette façon-là..Le Président de la République a-t-il prit les avis des experts : directeurs d'établissements, professeurs, parents d'élèves, psychologues, des historiens, ainsi que des survivants et des associations de déportés. De la synthèse de ces avis, auraient jailli un projet concis, mieux adapté aux élèves.Je m'élève avec force contre cette notion de DEVOIR DE MEMOIRE qu'on nous assène. La mémoire, on ne l'impose pas. La mémoire, comme l'amour, comme l'amitié, ne s’impose pas. Elle se suggère, comme MAIMONIDE disait "qu’aimer D...c’est apprendre à le connaitre". Dans notre cas, la mémoire est synonyme de connaissance. Comme pour toutes connaissances, on oblige personne à apprendre ,mais on lui ouvre la voie de la soif de la connaissance.
C'est un travail de longue haleine qui exige de la patience , et non de la précipitation.
Un domaine aussi indicible que la Shoah, aurait exigé plus de recul et plus de préparation dans la concertation.
Y a-t-il une réponse rabbinique à l'enseignement de la Shoah auprès des élèves? Pour vous la Shoah doit s'apprendre à partir de quel âge? La religion doit-elle intervenir dans ce débat? Si oui, comment?
Avant de chercher à « imposer « l'Histoire de la Shoah dans les écoles, il serait à mon humble avis plus percutant d'enseigner LA SPECIFICTE de la Shoah à la française, c'est-à-dire que c’est dans notre pays que 12 000 juifs français ont été envoyés dans les camps de la mort avec la complicité et l’aide logistique du régime de Vichy ,en partant de camps français .
La Shoah, c'est aussi la destruction d’une grande partie du judaïsme de France. On doit rétorquer à ceux qui parlent « de concurrence des mémoires » ou ceux qui s’interrogent sur le fait que nous parlons nous trop de la shoah plus que d’autres génocides, il y à lieu de répondre que des enfants français ont été raflés dans nos écoles républicaines qui existent encore aujourd’hui , de nos synagogues qui existent encore aujourd’hui, de nos universités etc... par des policiers français, Des crimes contre l’humanité se sont déroulés chez nous , en terre de France, berceau des droits de l’homme il n’ya pas si longtemps................
Montrer ce que fut la Shoah en France, me paraît primordial essentiel.
Oui, on peut apprendre à l'enfant, quelque soit son âge, en fonction de sa maturité, l'Histoire de son peuple et l’histoire de l’humanité et pour se faire, il faut faire confiance à l'enseignant, aux parents qui sont les mieux placés pour savoir si l’enfant est capable de recevoir tel ou tel enseignement.L’ensemble des français quelques soient leur origine ou la couleur de leur peau, doivent se retrouver autour de ce thème afin qu'ils apprennent ce que d'autres hommes ont pu faire subir à d'autres hommes .
Apprendre que le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie n’est condamnable non seulement au nom de principes et de valeurs, mais également que la négation de "l’autre" par ce que "autre"peut donner naissance à des génocides qui peuvent atteindre LE paroxysme de l'horreur à l'instar de la shoah. Tant qu'on n'enseignera pas le sentiment d'amour entre les êtres, tel qu'il est enseigné dans la Bible, que Dieu a crée Adam et Eve, c’est à, dire L'unité du genre humain et qu’il a fallu qu’un homme et qu'une femme pour donner naissance à une humanité unique, les malentendus, les doutes et les préjugés sur l'Histoire des hommes persisteront. Les rabbins expliquent que D a crée un homme et une femme pour ne pas que l’on pense qu’il existe une race supérieure ou inferieure
Les Rabbins doivent-ils participer à la commission de réflexion sur la proposition du Chef de l'Etat? Vous-même seriez-vous prêt à y participer?
Oui, les responsables des trois religions doivent pouvoir faire partie de la commission que le Président de la République compte mettre en place.
Propos recueillis par
Bernard Koch
le site du CIR
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