PASSERELLE
Source : Israelvalley.com en ligne le 16 janvier


Yitzhak Aharonovitch,
Ministre du Tourisme :
Il est essentiel de changer
la perception qu’a le monde d’Israël

Par Gilles Sitruk


Gilles Sitruk : Quelles sont, selon vous, les grandes forces d’Israël sur le plan touristique ? Et ses principales faiblesses ?

Yitzhak Aharonovitch :
Évoquons d’abord la particularité d’Israël, unique au monde. Celle d’une Terre biblique et sainte. Le pays le plus ancien au monde et berceau des trois religions, chrétienne, juive et musulmane à travers leurs cultures et leurs histoires. Une terre bordée de mers aussi diverses et attrayantes que la Méditerranée, la Mer Rouge ou la Mer Morte. Un pays composé de populations et traditions diverses, particulièrement de très nombreux résidents d’origine française ou francophones. Ce qui constitue un autre atout pour nos amis de France. Aujourd’hui en effet, et compte tenu du grand nombre d’israéliens francophones, cette langue est devenue la 2ème ou la 3ème langue du pays. Si on ajoute les très nombreux touristes de France, l’été dernier, on entendait davantage parler français que l’hébreu dans tout Israël. Sans compter leur influence grandissante, notamment au niveau de la gastronomie et de la qualité de nos restaurants. Je dois reconnaître également que la solidarité des Juifs de France et leur amour d’Israël vont au cœur de chaque israélien.
Concernant nos faiblesses, il est un fait que nous devons poursuivre nos efforts pour baisser nos actuels prix d’avion et d’hôtels. En outre, il faut faire en sorte que le touriste trouve en Israël le confort et la tranquillité qu’il est en droit d’attendre. Ce qui est fort heureusement le cas dans le pays depuis près de 2 ans. D’ailleurs, j’ai rencontré récemment, et par le plus grand des hasards, le Secrétaire d’État français chargé du Tourisme Luc Chatel, alors qu’il se promenait en famille à Jérusalem. Je lui ai dit ma surprise de le voir ainsi déambuler en toute liberté dans la ville, sans avoir prévenu les autorités pour lui faire les honneurs. Il me répondit qu’il se sentait en Israël autant en sécurité que n’importe quel pays dans le monde, et qu’il avait souhaité contempler ainsi la ville, avec sa femme, sa mère et ses enfants. Il éprouvait visiblement une grande émotion en découvrant Jérusalem et imaginait déjà combien ses compatriotes pourraient également l’apprécier. C’est ainsi qu’il m’a proposé de venir en France pour évoquer le sujet et avancer dans ce sens…
Des décisions de coopération ont-elles été prises à l’occasion de cette rencontre imprévue ?
Sa visite était en effet privée. Nous en avons profité pour évoquer de façon informelle notre coopération. Tous deux conscients du prix élevé du voyage entre nos deux pays, il m’a dit être très intéressé à ajouter d’autres compagnies aériennes françaises (outre Axis et Corsair) pour couvrir la destination Israël et élargir ainsi la concurrence, seule façon de favoriser une baisse des prix.


Quelles méthodes et quels moyens comptez-vous employer pour promouvoir la destination “Israël” à travers le monde ?

Nous agissons de plusieurs manières pour développer le tourisme dans le pays. J’ai toutefois une priorité. Depuis moins d’un an que je suis à ce poste, j’ai toujours pensé que pour promouvoir le tourisme en Israël, il était essentiel de changer la perception qu’a le monde d’Israël. Un objectif certes difficile à atteindre, mais lorsque nous mènerons une campagne très offensive à travers le monde pour modifier notre image, je suis persuadé de l’impact très positif sur le tourisme. Pour cela, nous utiliserons la plupart des médias en usant de toutes les techniques modernes de communication : films, internet, télévision, affiches, presse… C’est la 1ère fois qu’Israël va investir autant d’argent dans la publicité et je dirais “la commercialisation” du pays. A cette fin, le gouvernement a répondu à ma demande de dégager un important budget de promotion qui est passé de 5 millions d’euros à 50 millions d’euros. Rien qu’en France, nous disposons d’un budget annuel de communication de plus de 2 millions d’euros et de plus de 12 millions de dollars pour les Etats-Unis !


Précisément, avez-vous une politique touristique particulière vis-à-vis de la France ?

Notre politique à l’égard du tourisme de France se base sur notre connaissance que les touristes français sont beaucoup issus de la communauté juive et qu’il nous faut attirer les Français au-delà ce cette communauté dont nous sommes très fiers et pleins de gratitude. Mon rôle, comme celui du Ministre des Affaires étrangères ou celui de la plupart des autres ministres est d’expliquer, expliquer et expliquer… sans fin, qu’Israël est un pays sûr et accueillant. C’est une tâche très difficile mais indispensable et exaltante. Avec l’aide active des agences de voyages israéliennes et françaises qui doivent avec nous, vendre, promouvoir et “expliquer Israël”. Ceci étant, je reste convaincu que nos meilleurs “vendeurs” d’Israël, ce sont les touristes eux-mêmes qui, ravis de leur séjour, sont toujours nos meilleurs représentants en France et à travers le monde, pour décrire et raconter leur expérience d’Israël à leurs amis et proches.
Tout le monde sait et dit que dans une perspective de développement du tourisme en Israël, se profile déjà le problème de la capacité hôtelière du pays. Quelles initiatives sont actuellement prises pour apporter des solutions à ce problème ?
Nos initiatives se situent à deux niveaux. Naturellement et parallèlement à notre campagne marketing, nous nous préparons à accroître notre capacité hôtelière en édifiant de nouveaux hôtels avec un haut niveau de confort et de service à travers tout le pays, car nous attendons pour cette nouvelle année environ 2.800.000 touristes, à comparer aux 2.300.000 touristes de 2007. Je suis conscient des difficultés actuelles pour trouver une chambre d’hôtel à Jérusalem ou à Tel Aviv pendant les périodes estivales ou des fêtes. Et pour cause : cela fait plus de 5 ans que nous ne construisons plus d’hôtels dans le pays. Or, si nous voulons que le tourisme devienne à court terme, comme en Espagne ou en France, la 1ère source de revenus du pays, il nous faut investir massivement dans la construction hôtelière. Actuellement, une dizaine sont déjà en construction. Mon souci est d’en construire également dans les régions autres que celle du centre, telles qu’Akko (St-Jean d’Acre), Mitspé Ramon ou Tibériade.
La seconde initiative que nous avons prise : Améliorer le parc hôtelier existant en rénovant la plupart d’entre eux et leur donner un nouvel éclat, un nouveau standing. Et pour stimuler cette grande entreprise de rénovation, le Ministère du Tourisme a décidé de débloquer 100 millions de Shekels pour consentir des prêts aux hôteliers du même montant que leur propre investissement et à des conditions tout à fait exceptionnelles, sans intérêts et sans limite de durée de remboursement.


Source: SVP-Israel