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Source : rfi.fr en ligne le 2 octobre
Colère des laïcs israéliens contre
des subventions aux «hommes en noir»
Par
Nicolas Falez
Manifestations et polémique en Israël autour des subventions allouées à certains étudiants ultra-orthodoxes. Le budget, qui vient d’être adopté, prévoit la reconduction de ces aides aux pères de familles sans emploi qui se consacrent à l’étude de la Torah. Le principe de cette allocation a pourtant été récemment jugé inégalitaire par la Cour suprême israélienne.
De notre correspondant à Jérusalem
L’affaire fait grand bruit en Israël et ce sont des slogans de colère que l’on pouvait lire sur les banderoles lors de la manifestation organisée lundi 1er novembre à Jérusalem par des organisations étudiantes. « La majorité silencieuse se réveille », proclamait ainsi la pancarte brandie par Noam, barbe et cheveux longs, venu spécialement de Tel Aviv. « Nous faisons l’armée, alors qu’une bonne partie des ultra-orthodoxes sont exemptés, explique le jeune homme. Nous payons des impôts alors qu’eux étudient dans leurs écoles religieuses toute la journée et, comme ils ne travaillent pas, ils ne paient pas d’impôts. Ils reçoivent des subventions financées par nos impôts… Nous voulons qu’ils aillent travailler et cessent de vivre à nos crochets. ». Egalement dans la foule, Tali, qui n’hésite pas à employer le terme de « parasites » à propos des « hommes en noir », les religieux juifs ultra-orthodoxes, également appelés « Haredim », littéralement « ceux qui craignent (Dieu) » en hébreu.
Un principe d’égalité entre étudiants
Cela fait pourtant trois décennies que le gouvernement alloue une aide spéciale aux hommes mariés, pères de trois enfants qui ne travaillent pas et se consacrent à l’étude de la religion. Mais ce qui a fait descendre les laïcs dans la rue cette fois-ci, c’est la décision du gouvernement de reconduire cette enveloppe, en contournant un jugement négatif de la Cour suprême. La plus haute institution judiciaire a en effet jugé au printemps dernier que des subventions contredisaient le principe d’égalité entre étudiants.
Les subventions qui font débat représentent 22 millions d’euros (sur un budget total d’environ 110 milliards d’euros pour 2011 et 2012). Mais au-delà de la somme, elles sont révélatrices du débat sur la place des religieux dans la société israélienne. « En fait, nombre d’ultra-orthodoxes travaillent, ainsi que leurs femmes », argumente le rabbin Henri Kahn, qui dirige la revue ultra-orthodoxe Kountrass et qui défend le droit des religieux de consacrer leur vie à l’étude de la Torah. « On parle de familles de 5, 8, 10 ou 12 enfants, explique Henri Kahn, difficile pour elles de compter sur le soutien financier familial quand un ou plusieurs membres de ces familles décident de se consacrer à l’étude des textes qui sont notre source ». Le religieux, installé dans le quartier ultra-orthodoxe de Mea Sharim à Jérusalem, estime que les manifestations sont largement politisées, « c’est la façon la plus simple pour la gauche de s’en prendre au gouvernement actuel ».
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