JUIVE,HUMANISTEFAIT
SONENTREE
ALACADEMIEFRANCAISE
Source : liberation.fr via l'AFP en ligne
le 18 mars
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Simone Veil,
une humaniste sous la Coupole
L’ancienne ministre et présidente du Parlement européen, Simone Veil, personnalité féminine préférée des Français, fait ce jeudi son entrée sous la Coupole de l’Académie française où elle deviendra la sixième femme «immortelle» de l’Histoire après un parcours exceptionnel. Féministe convaincue, elle a déploré la semaine dernière que le Conseil constitutionnel, où elle a elle-même siégé pendant neuf ans, ne compte plus désormais qu’une seule femme après la nomination récente de trois hommes, dont l’un à la place d’une femme.
Quai Conti, les femmes ne sont désormais que cinq à porter l’habit vert sur 40 membres élus par leurs pairs, après l’entrée de Veil et la disparition en 1987 de Marguerite Yourcenar. L’écrivain avait été la première à être élue sous la Coupole en 1980 grâce au soutien actif de Jean d’Ormesson qui doit prononcer jeudi le discours de réception de la nouvelle immortelle. Les consoeurs académiciennes de l'ancienne ministre sont l’helléniste Jacqueline de Romilly, élue en 1988, l’historienne Hélène Carrère d’Encausse (1990) et les écrivains Florence Delay (2000) et Assia Djebar (2005). Cette entrée de Simone Veil dans cette vénérable institution représente une consécration pour cette humaniste et femme politique au destin hors du commun, rescapée des camps de la mort, ardente militante européenne, magistrate et ministre.
Une femme politique
au destin hors du commun
Elle a aussi toujours milité pour la reconnaissance du rôle des Justes qui ont permis de sauver des Juifs pendant la Deuxième guerre mondiale. C’est «un très grand honneur qui m’étonne encore aujourd’hui, parce que je ne vois pas les raisons pour lesquelles je me trouve dans cette situation», déclarait modestement Veil lors de son élection à l’Académie française le 20 novembre 2008. Née Simone Jacob le 13 juillet 1927 à Nice, elle a été déportée avec sa famille à Auschwitz-Birkenau en 1944, à l’âge de 17 ans. Entrée en politique en 1974 comme ministre de la Santé dans le gouvernement de Jacques Chirac, elle a fait voter la loi de 1975 qui porte son nom légalisant l’interruption volontaire de grossesse (IVG) au terme d’un dur combat politique et de débats agressifs qui lui feront monter les larmes aux yeux à l’Assemblée nationale. Pendant plus de 30 ans, cette femme d’exception a été une figure majeure de la vie politique française et européenne. Son maintien plein de dignité, son chignon sobre, ses yeux clairs et ses tailleurs impeccables dessinent une silhouette reconnaissable entre toutes.
Plusieurs fois ministre, puis ministre d’Etat, de 1974 à 1995, elle a présidé le Parlement européen de 1979 à 1982 et siégé au Conseil constitutionnel de 1998 à 2007. La nouvelle académicienne avait soutenu la candidature de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle. Présidente d’honneur de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, elle a publié en 2007 son autobiographie, «Une vie» (Stock), vendue à plus de 550.000 exemplaires, dans laquelle elle raconte son destin de rescapée des camps, son athéisme et son féminisme. «Les vrais amis, pour moi, ce sont ceux des camps», relève-t-elle. Jeudi, lors de sa réception à l’Académie, un hommage sera rendu à son prédécesseur, l’ancien Premier ministre Pierre Messmer décédé en 2007. Trois présidents de la République devaient se retrouver Quai Conti pour l’occasion: Nicolas Sarkozy, son prédécesseur Jacques Chirac, qui lui a remis son épée mardi, et Valéry Giscard d’Estaing, académicien depuis 2003 et qui fut à l’origine de sa carrière politique.
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