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Source : sud-ouest.com en ligne
le 15 février
En plein meeting, le maire de Lagord a comparé les méthodes de Ségolène Royal à celles des nazis. Dominique Bussereau fait figure de victime collatérale
Jean-François Douard :
« Je n’ai pas le numéro
de Ségolène Royal »
"Sud Ouest": En comparant les méthodes de Ségolène Royal à celles du régime nazi, vous avez déclenché une polémique qu’il vous sera bien difficile de justifier ?
Jean-François Douard. Je n’avais absolument pas imaginé que l’on ferait cet amalgame, que je regrette profondément. J’ai simplement eu le tort d’avoir fait une référence historique, comme j’aurais pu le faire avec d’autres périodes de l’histoire. Mais jamais je n’avais voulu comparer Ségolène Royal à un nazi.
Pourtant vous êtes un élu expérimenté et habitué aux réunions publiques, ce dérapage était-il prémédité ?
J’avais un peu préparé ce commentaire, oui, mais je n’écris pas mes discours à l’avance. Et je ne suis pas un grand communiquant. Je n’ai pas vu les images tournées par Canal +, mais le problème, comme d’habitude dans les campagnes électorales, c’est que l’on ne retiendra que ces 20 petites secondes. Qui ont d’ailleurs été volontairement sorties de leur contexte.
Il suffit cependant de reprendre vos paroles pour comprendre que vous assimilez clairement sa « dictature du prolétariat » au III ème Reich…
J’ai seulement dit que je trouvais Ségolène Royal dirigiste, en rappelant notamment l’éviction de Jean-François Fountaine, son premier vice-président à la région. Après j’ai rappelé que le régime fasciste avait démarré par un mouvement de gauche en effet… Mais ce n’était pas directement en rapport avec Madame Royal.
Vous allez donc lui présenter des excuses ? A elle comme à Dominique Bussereau, victime collatérale de votre dérapage qui semblait particulièrement mal à l’aise à l’issue du meeting
Je n’ai pas le numéro de téléphone de Ségolène Royal, mais je vais peut-être tenter de contacter son directeur de campagne aujourd’hui. Quant à Dominique Bussereau, il n’est pas non plus facile à joindre. Nous ne nous sommes pas parlés depuis la diffusion du reportage, dimanche. Je comprends qu’il soit gêné, mais je ne suis pas le premier à qui ce genre de mésaventures arrive. Souvenez-vous par exemple de Michel Crépeau (ndlr : maire de La Rochelle et ministre sous Mitterrand) qui avait à l’époque traité le directeur d’Alstom de « Pinochet en culotte courte ».
Les politiques de Poitou-Charentes ont décidément la calomnie hitlérienne facile. Quelques jours après que le maire socialiste d'Angoulême a comparé les jeunes militants UMP aux jeunesses du Troisième Reich, voilà que celui de Lagord ose en public le parallèle entre Ségolène Royal et le régime nazi. Le 4 février dernier, sous l'oeil de Dominique Bussereau, et malheureusement pour lui des caméras de Canal +, Jean-François Douard a ainsi profité de la tribune pour lancer cette appréciation on ne peut plus explicite : « Elle dirige de façon dictatoriale. C'est une dictature du prolétariat, certes, mais une dictature quand même. Et je vous rappelle que le nazisme était aussi une dictature du prolétariat ! »
Trop de pression ?
Malgré une assemblée tout acquise à la cause du candidat Bussereau, les mines se firent alors d'autant plus contrites que ce dérapage intervenait le jour même de la piteuse sortie de Dominique Bussereau sur les harkis (1). Interrogé à l'issue du meeting, le secrétaire d'État aux Transports semblait donc déjà particulièrement embarrassé par son hôte, sans toutefois condamner solennellement ses propos : « Jean-François Douard est un excellent maire, mais sur le plan politique c'est une autre génération, un autre langage. Ce n'est pas le mien et ce n'est pas ma manière de faire de la politique. »
Premier à dégainer hier après la diffusion du dérapage, le maire (PS) de La Rochelle a d'ailleurs dénoncé « son silence bien complaisant au regard de l'énormité du propos », regrettant également « les insultes qui semblent devenir le lot de la campagne de la droite. »
D'abord candidat malgré lui avant d'être un challenger bien peu encouragé par les sondages, Dominique Bussereau aurait-il alors cette fois quelque difficulté à supporter la pression d'une campagne imposée par l'Élysée, et que tous les observateurs annoncent depuis perdue d'avance ? Plutôt connu pour sa courtoisie et son caractère bonhomme, le ministre n'est pas en effet un récidiviste de la chose diffamatoire. Joint hier soir par téléphone, celui-ci pourtant n'a pas rendu les armes de la polémique : « Le Parti socialiste ferait mieux de s'occuper de ses affaires, car les vraies violences contre Ségolène Royal viennent de son propre entourage (lire notre édition d'hier). Pour le reste, je répète que je ne partage pas les propos de Jean-François Douard, mais l'accueil d'un maire c'est la tradition républicaine. Certains le font avec souplesse, d'autres avec rudesse. »
Colistier du ministre candidat et présent à ses côtés au soir de ce fameux 4 février, le Rochelais Gilles Raveau (UMP) assure qu'aucune consigne d'agressivité politique n'a été donnée aux troupes anti-ségolèniste. « Il suffit de nous écouter pour vérifier que l'on parle d'abord d'emploi et d'environnement. Après, nous savons tous que Jean-François Douard est capable de tenir des propos excessifs. Et cela, hélas, arrive à beaucoup de monde pendant une campagne électorale. Sauf que si je ne me sens pas moi-même à l'abri d'un dérapage, je ne pourrai jamais faire naturellement de telles références aux nazis. »
Selon Denis Leroy, le directeur de campagne de Ségolène Royal, la présidente sortante n'envisagerait pas pour l'heure de poursuivre le maire de Lagord en justice. « Elle a répété qu'elle ne se laissera pas entraîner sur le terrain de la calomnie et de l'insulte, même s'il s'agit cette fois d'une incitation à la haine et à la violence. Elle préfère penser que cela met d'abord en évidence l'absence de projet à droite. »
(1) Interrogé sur la présence de centristes sur la liste Royal, il avait estimé qu'elle rassemblait « des harkis [...], des gens qui vont un peu dans cette affaire parce qu'ils n'ont pas d'autres moyens d'être élus. » Le secrétaire d'État s'était ensuite excusé, soulignant avoir commis une « erreur » en utilisant « à tort le mot « harkis ».
Auteur : Sylvain cottin
s.cottin@sudouest.com
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