LEPORTRAITDEPETAIN
ENMAIRIE
LEMAIRESACCROCHE
Source : le site de Ouest-France en ligne
le 18 janvier


Pétain reste en mairie
de Gonneville... pour l'instant



De Thiers (1871-1873) à Chirac, les portraits des anciens chefs d'État français figurent sur le mur de la salle du conseil municipal de Gonneville-sur-Mer. Au milieu (en plus petit), celui du maréchal Pétain.

Le portrait du maréchal Pétain, accroché en mairie de Gonneville-sur-Mer (Calvados), fait débat. Le maire, Bernard Hoyé, ne veut pas céder à une lettre anonyme.


Entretien.

Bernard Hoyé, maire sans étiquette, de Gonneville-sur-Mer, 602 habitants.


Une image du maréchal Pétain placardée sur le cabinet de Me Badache, représentant de la Ligue française contre le racisme et l'antisémitisme (lire dimanche Ouest-France d'hier), après qu'il vous ait demandé de retirer son portrait apposé en mairie de Gonneville-sur-Mer. Comment réagissez-vous?

C'est lamentable et irresponsable. Ce genre d'incident ne devrait pas exister.


Vous aviez eu un contact avec Me Badache?

Il m'a ordonné, en octobre, de cesser l'exposition de la photographie du maréchal Pétain en mairie. Il relayait une lettre anonyme envoyée à la Licra (Ligue contre le racisme et l'antisémitisme). Moi, je considère que je n'ai pas à répondre aux lettres anonymes. Le procédé est lâche. J'ai répondu que je ne retirerai pas ce portrait parce que le premier courrier était anonyme et qu'il contenait des erreurs.


Quel type d'erreurs?

Exemple, le portrait est mis à l'honneur. C'est faux. Il est au milieu de la galerie de tous les portraits de chefs d'État français depuis 1871. Ce sont les originaux d'époque. Pétain est là car il a été chef d'État, comme Nicolas Sarkozy aujourd'hui. Il est là depuis 1940.


Ce n'est pas le plus populaire...

Oui, mais il a été condamné. La justice a tranché. Le reste appartient à l'Histoire. Il est là comme les autres. Pour moi, l'affaire était donc classée. Mais la Licra a informé la presse. C'est là que tout a commencé.


Vous avez été assailli par les journalistes?

Quand l'Agence France presse a appelé, j'ai cru à un meurtre à Gonneville. Je ne m'attendais pas du tout à ça! C'est brutal. Surtout qu'on était le 5janvier et que des Gonnevillais étaient isolés et sans électricité à cause de la neige. J'avais d'autres priorités. La presse française m'a contacté, mais aussi belge, allemande, suisse et britannique. Des journalistes m'ont demandé si je suis d'extrême droite ou « antijuif ». C'est désagréable. Je suis tolérant. Mon métier, avocat, est de défendre la veuve et l'orphelin. J'ai tenté de calmer le jeu. Je ne veux pas que ça s'envenime.


Le plus simple n'aurait-il pas été de le retirer immédiatement?

C'est évident. Mais la majorité du conseil municipal ne souhaite pas qu'on cède à la Licra sur dénonciation anonyme.


Avez-vous eu des réactions?

Sept lettres pour me demander d'enlever le portrait et une centaine de témoignages de soutien, y compris d'élus et de gens ayant connu les horreurs de la guerre.


Qu'allez-vous faire?

Aujourd'hui, on le maintient. Pas question de prendre une décision dans l'urgence. Mais demain, on verra. Je ne veux pas que Gonneville garde un mauvais souvenir de cette affaire.


Propos recueillis par
Jean-Noël LEVAVASSEUR.