"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

dimanche, janvier 16, 2011

LATUNISIE
ENEBULITION
LESMAGHEBINS
DEFRANCEMANFESTENT
LEURSOUTIEN

Source : nordeclair.fr en ligne le 16 janvier


"Aujourd'hui,

nous sommes tous des Tunisiens"


Devant le consulat d'Algérie, les manifestants se sont assis et ont respecté une minute de silence «en l'honneur des martyrs».


Les Tunisiens de la région, mais aussi des Marocains, Algériens ou membres de syndicats, associations, se sont réunis hier à Lille pour manifester leur soutien à une « révolution » qu'ils espèrent voir aboutir. Un cortège où l'émotion se mêlait à la crainte.


BÉRANGÈRE BARRET

berangere.barret@nordeclair.fr


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La joie d'abord. Celle de « pouvoir saluer le renversement de Ben Ali ». Celle de ne plus avoir à s'inquiéter des écoutes et censures « lorsqu'on parle au téléphone avec la famille restée là-bas ». La fierté aussi : « Sur cette place de la République lilloise, dire que Bouazizi (le jeune Tunisien décédé après s'être immolé pour protester contre ses conditions de vie, ndlr) n'est pas mort pour rien. En un mois, le peuple tunisien a su se sortir tout seul de cette dictature. » L'espoir enfin. L'espoir de « vivre des élections vite ». L'espoir que « ce vent de liberté fasse boule de neige ».
Et puis, tout de suite après, ou alors juste avant, ça dépend, la crainte. La peur d'un avenir incertain. L'inquiétude pour les familles, qui racontent le passage, dans la nuit qui a suivi le départ de Ben Ali, de miliciens à la solde du pouvoir du dictateur qui auraient « volé, violé ».
« Les Tunisiens ont vécu la pire nuit de leur histoire », explique même Zouhaier Adjem, de l'association des Tunisiens du Nord de la France. Il dit cela à la fin d'une manifestation qui rassemblait tous ces sentiments à la fois. D'abord autour de 450, les participants, qui avaient répondu à l'appel de l'association des Tunisiens, mais aussi du CSP (Comité des sans-papiers) 59 et du collectif Afrique, étaient plus de 600 à la fin de la marche.


Le cortège, parti à 15 h 30 de la place de la République à Lille, vibrait de l'hymne tunisien, tonnait de slogans à coups de « Ben Ali assassin », « Démocratie en Tunisie ». La marche stoppe devant le consulat algérien. Les manifestants s'assoient. Une minute poignante de silence en l'honneur des « martyrs morts pour la liberté ». Les mains se lèvent, le V de la victoire apparaît dans ce silence. Et puis la marche reprend pour se terminer là où elle a commencé, par des discours de Tunisiens, Marocains, Algériens.
« Aujourd'hui, nous sommes tous des Tunisiens », lancent-ils.


« Des mouchards »

Et puis, un dernier sentiment a filtré. Un sentiment diffus qui fait dire que la chute d'un dirigeant comme celui-là n'offre jamais de conséquences limpides. Au milieu du cortège, deux femmes s'agitent. Crient. S'en prennent à un homme. Les autres interviennent, finissent par écarter l'homme de la marche. Et si la police semble dire qu'il s'agit d'une simple dispute, l'explication des manifestants est plus complexe. « Ces femmes ont reconnu des anciens tortionnaires, des anciens hommes à la solde de Ben Ali », explique l'un. Zouhaier Adjem ajoute : « Le RCD, le parti de Ben Ali, est bien implanté en France. Il y a des miliciens, des mouchards. » Un professeur lillois avait fait la même remarque, alors même que l'émotion était à son comble quand l'hymne tunisien était chanté par des participants aux yeux humides et sincères : « Il y a de la récupération. Je reconnais certains, ce sont des partisans de Ben Ali. » Rien n'est simple.


Un comptoir lillois, témoin de complexes débats venus de Tunisie
Ambiance des grands jours hier dans un café tunisien du quartier de Wazemmes à Lille. Les clients - tous des hommes - arrivent peu à peu, se pressent devant la télé, écoutent al-Jazira qui déverse en continu ses infos sur la Tunisie. Reportage.Ici, le ton monte vite, les débats sont passionnés. Le sentiment dominant est le même que celui qu'on retrouvera durant la manifestation : une joie immense alliée à la crainte du chaos. « Il faut pas croire, on a tous peur. On ne sait pas de quoi sera fait demain. Mais que tu le veuilles ou non, ça s'appelle une révolution. Le peuple a montré qu'il a une conscience politique. » Mohamed s'adresse à l'ami avec lequel il est entré dans le café où il est un habitué. Mais cet « ami » est absolument, irrémédiablement d'un avis totalement différent. « Benaliste » ? On ne saura pas vraiment, mais en tout cas celui-ci s'étonne « que les gens soient contents, avec tous ces massacres. La solution a été trop simple.Il fallait laisser aux commandes ce pouvoir qui a reconnu ses fautes ». Il se fait appeler « C.S. », ne donne pas son nom, exactement comme le faisaient il y a une semaine les partisans de la « révolution ». « La peur a changé de camp », ironise Mohamed. Ces deux-là s'empoignent à coups de mots. Les dialogues sont passionnés : « - Le peuple tunisien a voulu ça. Parle avec les jeunes. Ils sont nés avec internet.On ne peut plus leur raconter de bobards.- Non, c'est allé trop vite. Aujourd'hui, ça va être pire, il va y avoir des émeutes. Et avec ces émeutes-là, t'es revenu 20 ans en arrière. On n'a rien.- Si, les jeunes ! C'est notre force !- La violence va gagner... Or, écoutes ce que disait Gandhi : "On combat les armes avec la parole". Il fallait attendre.- Comment combattre avec la parole quand on nous coupe la langue ! » Mohamed et C.S. ne parviendront pas à un accord. Mais le premier conclura que pour lui, c'est sûr, les Tunisiens pourront instaurer une démocratie, à leur sauce, en fonction de leur tempérament. La preuve ? Le mot « démocratie » existe en arabe. Ça se dit « Chaoraa »... Et ça signifie, littéralement, « dialogue ».


wB.B.

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