LABOBINE
L'AVIS DE DIASPORABLOGJ
CAMERA D'OR
FESTIVAL DE CANNES 2007
SELECTION SEMAINE DE LA CRITIQUE
LES MEDUSES
film de ETGAR KERET
et SHIRA GEFFEN*
avec :
Sarah Adler
Gera Sandler
Noa Knoller
Nikol Leidman
Co-production
Les Films du Poisson
Lama Productions Ltd
Distribution : Pyramide Distribution
Film France-Culture
ENTRE TERRE ET MER
Il faut dire d’emblée que pour leur premier film réalisé ensemble, qui leur a valu - et ils ne l’ont pas volée- la Caméra d’Or, cette année à Cannes, Etgar Keret et Shira Geffen, couple dans la vie de tous les jours comme dans la vie professionnelle, signent, avec LES MEDUSES, un vrai coup de maître. Et continuent de faire aller de l’avant le cinéma israélien. En pleine vitalité.
En Israël, ils sont de véritables stars du monde littéraire. Aussi bien Shira Geffen qu’Etgar Keret font partie de cette nouvelle et jeune génération d’auteurs qui n’ont connu ni l’indépendance du pays, ni les quatre principales guerres de défense qu’a du subir cet Etat.
C’est sans doute pourquoi, leurs œuvres écrites comme leurs œuvres cinématographiques sont davantage tournées vers la société israélienne, sans pour autant tourner le dos aux réalités quotidiennes que vivent les habitants de ce pays et au conflit qui les menace.
Keret et Geffen chosisssent d’un commun accord, couple oblige, vraisemblablement, de mieux prendre en compte cette société derrière laquelle se cache d’autres réalités à taille humaine ou pour le cas des MEDUSES à taille urbaine. Le chômage, les emplois précaires, la solitude, l'immigration. Tout simplement le mal de vivre, le mal d’exister. L’envers du décor que les médias n’osent pas nous montrer. Ce visage d’Israël inhabituel qui le fait ressembler à un Etat comme un autre. Un Etat "normal", en quelque sorte.
Dans ce film, tout à la fois émouvant et envoûtant, plusieurs personnages marqués, chacun, par une existence fastidieuse dans une société brutale, sans concession, se croisent, s’entre-croisent, se touchent parfois,mais jamais se rejoindre, bien que faisant partie pourtant d’une même « famille », d’un même univers : l’exclusion. Etres en déshérence, écrasés par une ville, Tel-Aviv, capitale économique d’Israël, méga-métropole sans pitié, sans état d’âme. Machine du futur cherchant à broyer tout individu qui pourrait se trouver sur la corde raide, au bord du précipice. Unique issue de secours pour ses êtres en détresse, en perte de repères, la mer. Se perdre dans cet horizon infini. « Noyer ses angoisses » dans la profondeur de l’eau pour ne plus avoir à vivre l’invivable.
Shiffa Geffen et Etgar Keret ont mis toute leur expérience d’homme et de femme de lettres au service de leurs personnages. Ils ont su les peindre avec beaucoup de soins et d’attention. Ce qui les rend humains, affectueux, attachants. Plus proches de nous.
Enfin, ce qui frappe dans LES MEDUSES, c’est déjà, malgré la jeunesse de ses réalisateurs, une maîtrise quasi parfaite de leur nouvel art. La promesse d’une grande maturité tant dans l’écriture du scénario que dans la direction des comédiens qu’on oubliera pas de sitôt. Avec une prime particulière pour la comédienne Sarah Adler qui interpète Batya, personnage-clé de ce film si plein de séduction.
Bernard Koch
*le scénario du film vient d'être édité par
les Editions ACTES SUD qui publient également
les nouvelles et romans d'Etgar Keret
CHALEUREUSEMENT RECOMMANDE
PAR DIASPORABLOGJ
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