TOURNEE
DEBENOÎTXVI
AUPROCHEORIENT
Source : ouest-france.fr en ligne le 9 mai



Les musulmans jordaniens divisés
face au pape


Arrivé hier en Jordanie, Benoît XVI a exprimé son « profond respect pour la communauté musulmane »et défendu la liberté religieuse.


Amman.
Correspondance


C'était à quelques jours de l'arrivée du pape. Il est un peu moins de 13 h. À l'unisson, les centaines de minarets disséminés à travers les collines d'Amman diffusent l'appel à la prière. Hommes ou femmes, ouvriers ou cadres supérieurs, des flots de fidèles convergent vers les mosquées.
« Les Jordaniens deviennent de plus en plus pratiquants, se réjouit, Jamal al-Sunni, directeur d'une clinique dans le centre-ville. Cela ne signifie pas que nous méprisionsles autres religions. Le pape sera accueilli avec les honneurs en Jordanie ».
L'hostilité des islamistes

D'autres pourtant se montrent moins amicaux. Le cheikh Amze Mansour, qui représente un parti islamiste au parlement jordanien, a ainsi critiqué publiquement la visite du pape. Il ne lui pardonne pas ses propos controversés sur l'islam tenus en 2006. « Je n'ose mais pas parler d'arrogance, mais disons que le pape a eu des propos méprisants à l'égard de l'islam. Selon nous, le pape est influencé par le lobby sioniste qui a infiltré le Vatican. S'il ne s'excuse pas pour ses propos sur l'islam, il n'est pas le bienvenu en Jordanie ».

À deux pas des bureaux du cheikh Mansour, un épicier a placé sur sa vitrine une photo du Cheikh Yacine,le fondateur du Hamas palestinien, issu des frères musulmans. Il ne cache pas son antipathie pour le souverain pontife. « Le pape représente, l'Italie, la France, l'Espagne... toutes les puissances qui nous ont occupés et qui ont déstabilisé le Proche-Orient, notamment en créant Israël. Et aujourd'hui, dès qu'un mouvement islamique émerge dans le monde, ils font tout pour l'écraser. Dans un sens, le pape cautionne tout cela ».

Cette hostilité déclarée à Benoît XVI contraste avec la chaleur manifestée par la famille royale de Jordanie à son endroit. Et aussi avec la tolérance du royaume hachémite envers la minorité chrétienne (6 % de la population jordanienne).
« La plupart des gens n'ont aucun problème avec la religion chrétienne, analyse un intellectuel jordanien. Seulement, à tort ou à raison, le pape est perçu comme une personnalité politique, soumise aux puissances occidentales jugées globalement hostiles à l'islam ».



Stéphane AMAR.